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Le Pape érige un nouveau diocèse en Chine

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Messe dominicale dans l'église Notre Dame de Chine, Paris.

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I.Media - publié le 29/01/24
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Le Saint-Siège a annoncé ce lundi 29 janvier la création d’un nouveau diocèse en Chine. Il s’agit du diocèse de Weifang, dans la province du Shandong, à l’est de la Chine.

Peu après la consécration du nouvel évêque de Zhengzhou, une autre consécration épiscopale s’est tenue en Chine ce 29 janvier 2024, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège le même jour. Mgr Antonio Sun Wenjun, né en 1970 et formé notamment en Irlande, est devenu le premier évêque du diocèse de Weifang. Cette huitième nomination liée à l’accord de 2018 semble marquer un signe d’amélioration des relations entre Rome et Pékin.

La décision date du 20 avril 2023, mais elle n’a été rendue publique que ce 29 janvier, plus de neuf mois plus tard : le pape François a décidé de supprimer la préfecture apostolique de Yiduxian, érigée par Pie XI en 1931, et d’ériger le nouveau diocèse de Weifang, suffragant de Jinan, dans la province du Shandong. 

Le territoire de ce nouveau diocèse recouvre l’ensemble de la ville-préfecture de Weifang. Cette métropole du nord-est de la Chine couvre une superficie de plus de 16.000 km2, avec une population de plus de 9,3 millions d’habitants. La petite minorité catholique compte environ 6.000 membres, servis par dix prêtres et six religieuses, précise le Bureau de presse du Saint-Siège. 

Le premier évêque de Weifang, Mgr Antonio Sun Wenjun, a été ordonné ce 29 janvier "dans le cadre de l’Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine", est-il indiqué. Né en novembre 1970, le nouvel évêque a été formé au séminaire de Sheshan, à Shanghai, de 1989 à 1994. Il a été ordonné prêtre à Pékin en 1995, et il a rendu un service pastoral dans le Shandong de 2005 à 2007. De 2007 à 2008, il s’est rendu en Irlande pour y compléter sa formation, et depuis 2008, il exerçait sa mission de prêtre à Weifang. 

La réunification complexe de l’Église catholique en Chine

Cette décision de créer un diocèse de plein droit, même pour une communauté réduite, peut se comprendre comme une volonté d’ancrer cette petite réalité catholique dans un périmètre stable et dans un écosystème proprement chinois, qui ne soit plus lié à des congrégations missionnaires perçues par le gouvernement comme portant un risque d’ingérence extérieure. Inversement, le statut de ‘préfecture apostolique’, une circonscription ecclésiastique qui peut être administrée par un simple prêtre, est destiné à être provisoire, Rome attendant qu’un clergé autochtone se forme et puisse assurer la conduite de l’Église locale. 

La grande majorité des préfectures apostoliques que compte l’Église catholique dans le monde se trouve en Chine continentale. Sur les 39 préfectures apostoliques recensées dans l’Annuaire pontifical de 2023, 29 se trouvaient en Chine, mais toutes étaient officiellement vacantes, les responsables en poste au milieu du XXe siècle n’ayant pas été remplacés après les persécutions de l’ère maoïste et l’expulsion des missionnaires. L’Église catholique avait néanmoins pu reprendre certaines activités avec l’assouplissement relatif des conditions de liberté religieuse à partie des années 1970 sous la présidence de Deng Xiaoping, avec un degré variable de liberté ou de clandestinité selon les régions.

La coexistence entre une Église réfractaire au régime et l’Association patriotique des catholiques chinois, placée sous la tutelle du Parti communiste chinois, est longtemps demeurée une source de confusion, les différentes communautés alternant entre hostilité et porosité, selon les lieux et les périodes. L’accord pastoral de 2018 entre la Chine et le Saint-Siège au sujet des nominations épiscopales avait donc pour objectif d’établir une hiérarchie unique, reconnue par les deux parties. 

Un accord renouvelé en 2020 et 2022

Mais cette évolution a été vécue douloureusement par la troisième partie concernée, l’Église dite ‘souterraine’ ou ‘clandestine’, dont de nombreux membres se sont sentis floués par cet accord susceptible de légitimer une surveillance du Parti communiste chinois sur les activités de l’Église catholique, voire une forme d’entrisme. Le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, s’est ainsi violemment opposé à cet accord, dénonçant l’attitude qu’il perçoit comme trop conciliante de la diplomatie pontificale vis-à-vis du régime communiste.

Bien que renouvelé en 2020 et en 2022, cet accord a longtemps donné peu de fruits visibles. Ces derniers mois cependant, plusieurs nominations épiscopales ont permis de débloquer la situation dans certains diocèses. Le 25 janvier dernier, le père Taddeo Wang Yuesheng a ainsi été ordonné évêque de Zhengzhou avec l’accord du pape François. Il s’agissait de la septième nomination ‘bilatérale’ d’un évêque depuis la signature par la Chine et le Saint-Siège de l’accord de 2018.

Une "confrontation respectueuse" entre Rome et Pékin

En juillet 2023, le Saint-Siège avait aussi formellement nommé l’évêque de Shanghai, Mgr Joseph Shen Bin, transféré dans ce diocèse important trois mois plus tôt par les autorités chinoises, sans l’accord de Rome. Interrogé par les médias du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, avait alors précisé que le pape François avait ainsi voulu "assainir l’irrégularité canonique qui s’était créée à Shanghai, en vue du meilleur bien du diocèse et de l’exercice fructueux du ministère épiscopal de l’évêque".

Le cardinal Parolin avait assuré que le Saint-Siège entend mener "un dialogue ouvert et une confrontation respectueuse avec la partie chinoise", précisant que pour que "Jésus-Christ puisse ‘se faire chinois avec les Chinois’, il est nécessaire de surmonter la défiance envers le catholicisme, qui n’est pas une religion à considérer comme étrangère – tout au contraire – à la culture de ce grand peuple". 

Le 3 septembre 2023, au terme de la messe célébrée en Mongolie en présence de nombreux pèlerins venus de Chine, le pape François a adressé un signal aux autorités chinoises en invitant les catholiques de Chine à être de "bons chrétiens" et de "bons citoyens". 

Le 30 septembre dernier, la création comme cardinal de l’évêque de Hong Kong, Mgr Stephen Chow, connu pour son tact diplomatique, a constitué un appui explicite à sa politique de la main tendue vis-à-vis de Pékin. Il s’était rendu en avril 2023 à la rencontre de son homologue de la capitale chinoise, Mgr Joseph Li Shan, qui s’est à son tour rendu dans l’ex-colonie britannique en novembre, ouvrant la voie à une coopération entre ces deux diocèses.

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