Avant d'être canonisée, c'est-à-dire d'être déclarée "sainte" par l'Église catholique, une personne exemplaire dans sa foi chrétienne et dans sa vie doit d’abord être reconnue comme « bienheureuse ». Un procès de béatification doit alors s’ouvrir afin d’apporter les preuves de son exemplarité et légitimer son mérite, lors d'une procédure précise pendant laquelle les services diocésains ouvrent une enquête. Celle-ci doit alors déterminer si le « Serviteur de Dieu » a exercé les vertus chrétiennes à un degré héroïque et si un miracle a eu lieu grâce à son intercession.
C'est à l’évêque du lieu où est morte la personne qu'il revient d’introduire officiellement sa cause de canonisation. Pour cela, l'évêque mandate un postulateur pour rassembler les premiers éléments qui témoignent de l’intérêt, pour l’Église, d’engager la procédure. Cette première étape mène au procès diocésain, avec l'accord de la Congrégation pour la cause des saints à Rome. Un décret ouvre ensuite l’enquête diocésaine, présentée à un tribunal constitué d'un président, d'un promoteur de justice, d'un notaire et de plusieurs experts. Si l'enquête aboutit, le "serviteur de Dieu" est alors déclaré "vénérable". Il revient ensuite au Pape, seul, de statuer sur sa béatification, puis sur sa canonisation. Anne de Guigné, le père Hamel, Anne-Gabrielle Caron, Madame Elisabeth, Jeanne Garnier, Dom Guéranger et Mgr de Miollis : Aleteia fait le point sur leur cause.
L'abbé Thomas Merle de Castillon (1747-1793)
Né dans le diocèse d’Agen, à Aiguillon, en 1747, Thomas Merle de Castillon entre au séminaire, puis poursuit, comme beaucoup de jeunes prêtres du temps, une licence de théologie en Sorbonne. C’est finalement dans l’archidiocèse de Lyon qu’il est incardiné en 1777. Mgr de Castillon est arrêté en octobre 1793, après que Lyon, devenue "Commune affranchie" est retombée au pouvoir de la Convention. Emprisonné, il est guillotiné le 15 décembre 1793. Sa cause de béatification, ainsi que celle de 73 de ses compagnons d'infortune, a été ouverte le 31 mars 2023 à l’initiative de la Conférence des évêques. Le diocèse de Lyon a officiellement ouvert, le 20 septembre 2023, le procès en vue de la béatification du Serviteur de Dieu.
Mgr Bienvenu de Miollis (1753-1843)
Réunis à Lourdes en Assemblée plénière, les évêques de France ont voté mercredi 8 novembre 2023 l’ouverture de la cause en béatification de Mgr Bienvenu de Miollis. Évêque de Digne pendant 33 ans, ce prélat réputé pour son amour des pauvres a même inspiré Victor Hugo pour écrire Les Misérables. Il est donc considéré comme "Serviteur de Dieu".
Madame Elisabeth (1764-1794)
La princesse Élisabeth de France est la dernière des sœurs de Louis XVI. Connue pour sa grande piété, elle a, tout au long de sa vie, manifesté un profond attachement à son frère et à sa belle-sœur Marie-Antoinette qu’elle a suivis jusqu’au bout. En 2016, l’archevêque de Paris Mgr Vingt-Trois a accepté de procéder à la réouverture de sa cause de béatification et la phase diocésaine du procès est en cours depuis 2017. Elle est considéré comme Servante de Dieu.
Abbé Jean Gerin (1797-1863)
Ordonné prêtre en 1821, l'abbé Gerin, qui devient en curé de la cathédrale de Grenoble en 1835, se mit humblement au service de ses paroissiens, spécialement les plus pauvres. "Levé à quatre heures du matin, explique le diocèse de Grenoble, il passait huit à dix heures par jour au confessionnal, confessant parfois plus de cent personnes. Il recevait deux heures par jour ses paroissiens, et le reste du temps visitait les pauvres et les malades. Il ne se couchait qu’à minuit après avoir fait sa correspondance". Son abnégation lui valut d'être surnommé le "curé d’Ars du Dauphiné". Le 25 novembre 2023, Mgr Eychenne, évêque de Grenoble Vienne, a présidé la cérémonie d’ouverture du procès en béatification du Serviteur de Dieu.
Abbé Michel Guérin (1801-1872)
L’abbé Michel Guérin est un acteur méconnu de l’apparition de la Vierge Marie à Pontmain, le 17 janvier 1871. Il était le « petit curé » de cette humble paroisse, restée longtemps sans prêtre, avant que celui-ci arrache de son évêque la permission de sauver littéralement les âmes de ce village abandonné. Prêtre humble et tenace, c’est lui qui a relevé l’église de cette paroisse miséreuse et son « petit peuple ». L’enquête diocésaine en vue de la béatification éventuelle du Serviteur de Dieu Michel Guérin est en cours depuis le 1er juin 2013.
Dom Guéranger (1805-1875)
Restaurateur de la vie monastique à l’abbaye de Solesmes, Dom Guéranger a été l’un des inspirateurs du mouvement liturgique qui a abouti au Concile Vatican II. Il fut l’un des principaux initiateurs du renouveau du chant grégorien en France. Réunis à Lourdes en Assemblée plénière, les évêques de France ont voté mercredi 8 novembre 2023 l’ouverture de sa cause. Il est donc considéré comme "Serviteur de Dieu".
Jeanne Garnier (1811-1853)
Contemporaine de Pauline Jaricot, Jeanne-Françoise Garnier (1811 - 1853) est une laïque lyonnaise très engagée auprès des personnes en fin de vie. C'est elle qui a fondé les Dames du Calvaire, guidée par sa conviction que chaque personne mérite un accompagnement le plus respectueux possible jusqu’à sa mort, après avoir elle-même perdu son mari et leurs deux enfants. La phase diocésaine de son procès en béatification s'est clôturée à Lyon le lundi 27 novembre 2023.
Marie-Eustelle Harpain (1814-1842)
Marie-Eustelle, dont les évêques de France ont autorisé en novembre 2022 l'ouverture de la cause en vue d'une béatification, n’a pas toujours été une enfant modèle : elle s’en confesse dans les mémoires qu’elle écrit dans les dernières années de sa courte vie, à la demande de son évêque. On retient d'elle cette figure d'une jeune fille toute simple qui s’enticha du Christ dans l’Eucharistie. Elle était appelée par ses contemporains “l’Ange de l’eucharistie”. Elle est considérée comme Servante de Dieu.
Estelle Faguette (1843-1929)
Le cas de la voyante de Pellevoisin est plus délicat, puisque lié aux apparitions, toujours en passe d'être officiellement reconnues par l'Église. La Conférence des évêques de France a autorisé, lors d’une assemblée plénière du 10 juin 2020, le lancement des démarches permettant l’ouverture du procès en béatification. Cependant, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a fait valoir que l’existence d’apparitions requiert de reprendre au préalable l’enquête sur les apparitions. Une commission a été constituée en 2022 pour vérifier le message des apparitions et évaluer son rayonnement. Le procès de béatification ne pourra être vraiment ouvert que lorsque le Dicastère autorisera l’archevêque à reconnaître les apparitions au nom de l’Église, ce que le sanctuaire espère pour le jubilé en 2026.
Paulin Enfert (1853-1922)
Né à Nevers (Nièvre), Paulin Enfert, est contemporain de saint Jean Bosco (1815-1888). Son œuvre s’inscrit dans une époque marquée par la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Jeune adulte, il catéchise la jeunesse misérable et dévoyée de son quartier. En 1887, il institue l'ébauche de ce qui devient par la suite le patronage Saint-Joseph. En 1891, les jeunes qu'il encadre créent une des premières soupes populaires de l’époque : c’est la naissance de l’œuvre de La Mie de Pain. L’enquête diocésaine pour la cause en canonisation de Paulin Enfert, Serviteur de Dieu, s'est achevée le 5 juillet 2023.
Léonie Martin (1863-1941)
Fille de Louis et Zélie Martin, sœur de Thérèse de Lisieux, Léonie Martin a causé beaucoup d’inquiétude à ses parents et les a confrontés à leurs limites. Née en 1863 à Alençon, troisième de la fratrie, son enfance n’est pas des plus simples, entre ses deux aînées, et les deux plus jeunes. C'est la seule des quatre filles Martin à ne pas entrer au Carmel. Elle finit par rejoindre l'ordre de la Visitation. Le 3 février 2021, la Congrégation pour la cause des saints a reconnu la validité du procès diocésain de la servante de Dieu, Léonie Martin.
Robert Schuman (1886-1963)
Laïc consacré, prophétisant ainsi ce que Vatican II proposera comme chemin de sanctification, Robert Schuman est aujourd’hui un précieux recours pour accompagner et guider nos politiques sur le chemin de la Paix et de l’Unité. Il a surtout été l’homme politique qui a le plus aidé, dès 1945, à la réconciliation de la France avec l’Allemagne, en mettant en pratique l’Évangile qui faisait vivre ce fervent catholique, profondément cultivé. Il allait discrètement à la messe tous les jours, très tôt le matin, et il récitait la prière du bréviaire. Le procès diocésain en vue de sa béatification a été clôturé le 29 mai 2004. Le 19 juin 2021, le pape François a promulgué un décret lui reconnaissant « les vertus héroïques du serviteur de Dieu ». Il est désormais reconnu "vénérable".
Anne de Guigné (1911-1922)
Si Anne n’a vécu que onze ans, sa vie est un étonnant cheminement de sainteté, ponctué par une conversion du cœur digne d’une personne adulte alors qu’elle avait seulement quatre ans. C’est après la mort de son père au champ d’honneur que la fillette a décidé de "devenir bonne" pour consoler sa maman : elle mène alors une vie exemplaire, avant de s'éteindre paisiblement, à la suite d'une méningite foudroyante. Elle a été déclarée "vénérable" en 1990. Il faut encore qu'un miracle soit officiellement reconnu comme ayant été obtenu grâce à son intercession pour que l'Église se prononce en faveur de sa béatification.
Jérôme Lejeune (1926-1994)
Le pape François a reconnu les vertus héroïques du professeur Jérôme Lejeune, médecin et professeur de génétique à l’origine de la découverte de la trisomie 21 par un décret de la Congrégation de la cause des saints publié le jeudi 21 janvier 2021. Déclaré vénérable, il faut désormais la reconnaissance d’un miracle pour que Jérôme Lejeune soit béatifié, puis la reconnaissance d’un second pour qu’il soit canonisé et déclaré saint.
Le père Jacques Hamel (1930-2016)
Le 26 juillet 2016, le père Jacques Hamel est assassiné en l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) alors qu’il célèbre la messe. Prêtre depuis 58 ans, il avait 86 ans. Il est le premier prêtre assassiné par des membres de l’État islamique en Europe. Son procès en béatification a été ouvert par le pape François quelques mois après sa mort et est actuellement étudié par la Congrégation pour la cause des saints.
Jean Merlin (1931-1994)
Né à Grenoble d’un père anticlérical et d’une mère chrétienne, il se montre très tôt sensible à l’injustice et à la misère. Après le dur hiver 1986, il fonde l’association Solidarité Clignancourt, qui deviendra à sa mort Solidarité Jean-Merlin. Son inlassable engagement pour les pauvres trouve racine dans sa foi, qu’il entretient par une vie de prière intense. Le 3 mai 1980, il est ordonné diacre permanent à Notre-Dame de Clignancourt. La phase diocésaine de son procès en béatification s'est close le 14 janvier 2024. Jean Merlin est Serviteur de Dieu.
Anne-Gabrielle Caron (2002-2010)
Anne-Gabrielle Caron, née le 29 janvier 2002 à Toulon, a connue une enfance heureuse. Mais en février 2009, une biopsie osseuse révèle un sarcome d’Ewing, un cancer osseux très virulent. La découverte de sa maladie est un choc pour sa famille. Avec courage, Anne-Gabrielle se lance sur son propre chemin de sainteté, ayant toujours au plus profond d’elle le souci de l’autre. Ouverte en septembre 2020 dans le diocèse de Toulon, la cause de béatification d’Anne-Gabrielle arrive à la fin de la phase diocésaine. Anne-Gabrielle Caron est servante de Dieu.