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Consalvi, le cardinal qui a tenu tête à Napoléon et qui inspire encore la diplomatie vaticane

SIGNATURE DU CONCORDAT

Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, le 15 juillet 1801, par François Pascal Simon Gérard.

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Anna Kurian - publié le 23/01/24
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Sous le pontificat de Pie VII, le cardinal Ercole Consalvi (1757-1824) fut l’homme clé des négociations du Concordat signé avec Napoléon, ainsi qu’un artisan du Congrès de Vienne, qui réorganisa l’Europe après la chute de l’Empire. Portrait.

Une "figure fascinante". Le secrétaire pour les relations avec les États, Mgr Paul Gallagher, n’a pas caché son admiration pour le cardinal Ercole Consalvi (1757-1824), en présentant début janvier à Rome les initiatives organisées pour le bicentenaire de sa mort. "Pour moi, le cardinal Consalvi est une inspiration au milieu des nombreux problèmes que nous devons affronter aujourd’hui et qui semblent impossibles à résoudre", a confié l’archevêque britannique, cheville ouvrière de la diplomatie vaticane. 

Le cardinal qui fit sortir Napoléon de ses gonds 

Né à Rome le 8 juin 1757, Ercole Consalvi s’est formé à l’Académie des nobles ecclésiastiques de Rome de 1776 al 1782. En 1799, au moment du conclave de Venise, qui élit Barnaba Chiaramonti – qui deviendra Pie VII –, il se fait remarquer alors qu’il joue le rôle de secrétaire. Dès la première année de son pontificat, en 1800, le pontife italien le nomme secrétaire d’État et le crée cardinal. 

La tâche n’est pas simple en cette période agitée : Pie VII et Napoléon s’emploient en effet à négocier la mise en place d’un régime concordataire. Il s’agit de trouver un accord sur les relations entre la France et les États pontificaux, alors qu’en 1789, la Révolution française a mis fin aux privilèges de l’Église en France et provoqué la scission de l’institution entre une Église constitutionnelle et dépendante de la République française et une Église dite "réfractaire", fidèle au pontife. 

Commence alors la grande carrière politique du cardinal Consalvi, qui resta simple diacre toute sa vie mais entretint des relations avec les leaders européens. Son intransigeance, alignée sur celle de Pie VII, va permettre à l’Église de France de renaître. Le Vatican est prêt à tout céder pour que l’Église retrouve son unité et sa liberté. Ce Concordat signé le 15 juillet 1801 coûtera cher à l’Église, qui perdra sur la question des biens du clergé, mais l’objectif du pape est atteint : l’Église constitutionnelle a disparu et l’autorité du pontife est reconnue. Entre-temps, les négociations ont été houleuses. Les chroniques rapportent notamment une crise de colère pendant laquelle Bonaparte menace le cardinal Consalvi : "Je vous détruirai !". L’Italien lui aurait alors répondu : "Depuis 1800 ans, nous autres avons essayé de le faire et n’y sommes pas parvenus !". Il fait aussi partie des 13 "cardinaux noirs" qui ont refusé de participer aux deuxièmes noces de Napoléon en 1810.  

Face aux défis du monde d’aujourd’hui, quand les solutions nous échappent, quand il n’y a pas de vision très claire pour résoudre les problèmes, Consalvi est une figure inspiratrice de par son engagement.

Quelques années plus tard, Ercole Consalvi est l’une des figures clés du fameux congrès de Vienne (1814-1815). Cet événement de réorganisation du continent européen après la défaite de Napoléon est un succès pour le Saint-Siège qui retrouve ses États pontificaux, et les biens de ses Musées – qui constituent une grande partie des collections d’aujourd’hui. L’infatigable bras droit de Pie VII mourra dix ans plus tard en déclarant : "Je suis serein".

Le "consalvisme", du nom de ce fin stratège, désigne désormais une certaine diplomatie pontificale du réalisme politique. Cette vision privilégie notamment les relations directes entre le Saint-Siège et les gouvernements des États, sans passer par les instances intermédiaires, comme les épiscopats nationaux.  

Il n’a pas renoncé, même dans les moments les plus sombres

"On ne peut pas appliquer sa doctrine aujourd’hui, mais sa personne, son désir de servir, sont inspirants", a assuré Mgr Gallagher. Le secrétaire d’État de Pie VII "n’a pas renoncé, y compris dans les moments les plus sombres, quand tout semblait perdu, il a continué, il a eu foi dans sa mission et dans la contribution que la papauté pouvait donner".  Si le rôle des papes est différent d’alors, aujourd’hui encore "le Saint Siège a une contribution à apporter pour le bien de l’humanité" et la diplomatie ecclésiastique "a encore son rôle", s’est défendu l’archevêque britannique. Et d’assurer : "Face aux défis du monde d’aujourd’hui, quand les solutions nous échappent, quand il n’y a pas de vision très claire pour résoudre les problèmes, Consalvi est une figure inspiratrice de par son engagement, son courage". 

En outre, le congrès de Vienne, qu’il a contribué à façonner, "a été un exemple de multilatéralisme qui a connu un grand succès" et "l’un des moments les plus importants de l’histoire européenne", a souligné Mgr Gallagher. Diplomate "brillant", véritable "icône" dans l’histoire des secrétaires d’État, le cardinal Ercole Consalvi  reste aujourd’hui un modèle pour la diplomatie vaticane.

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