Quand la mort se rapproche petit à petit, tant d’émotions se mêlent, tant de désirs se mélangent, angoisse et espérance s’entrecroisent. En réponse au monde qui propose de choisir soi-même quand tirer sa dernière révérence, certains acceptent de vivre leur vie jusqu’à son dernier souffle, malgré la maladie ou la vieillesse. Aleteia a recueilli des belles histoires de vie, et de fin de vie aussi.
Françoise: "Soyez heureux, et rendez heureux"
Françoise a fêté ses 96 ans aux côtés de son mari qui fêtait ses cent ans. Le couple célébrait également 75 ans de mariage et cette grande fête a réuni leurs enfants, petits-enfants et nombreux arrières-petits-enfants. Le couple tenait les comptes avec tendresse : le 45ème arrière est attendu pour bientôt, et la joie n’a pas pris une ride depuis la naissance du tout premier. Françoise remerciait particulièrement le Seigneur car tous ont reçu le baptême. Bien consciente de l’évolution du monde, elle s’émerveillait de cette grâce.
Françoise était une femme dynamique et joyeuse, accueillant sa nombreuse famille, ses amis comme ceux des grands et des petits. Les amis de son village aussi, qui venaient aider à tondre la pelouse ou réparer l’ordinateur. Elle s’intéressait à la vie des autres, prenait des nouvelles, encourageait, et malgré son âge, se souvenait des petits tracas et des grands soucis de chacun. Françoise s’est éteinte peu après avoir fêté son 97e anniversaire, après avoir porté depuis le fauteuil de sa chambre, tant et tant d’intentions de prières. "On vieillit, c’est effrayant", disait-elle. "Et ça peut durer !... Enfin, ça ne va pas aller en s’améliorant, alors mieux vaut en rire !", ajoutait-elle bien vite, fidèle à son célèbre sourire.
Les vieux, c’est comme les bébés, ils ont terriblement besoin de tendresse.
Les derniers mois de sa vie, comme ceux d’une vie entière, étaient faits de haut et de bas. Avec humilité, elle confiait garder une pochette appelée "Pour remonter le moral", une pochette à trésors dans laquelle elle glissait une gentille lettre, une prière, un article de journal touchant. "Le temps de la grande vieillesse est un temps de détachement", témoignait-elle, "et les vieux, c’est comme les bébés, ils ont terriblement besoin de tendresse". Tendresse et affection ont été les plus belles clés qui l’ont aidée à vivre ses derniers mois, tout comme ces liens ont enrichi le quotidien de ceux qui voulaient bien l’aimer. Elle le disait d’expérience: "Tout le bonheur qu’on a vient du bonheur qu’on donne. Soyez heureux mes petits, et rendez heureux." Son mari, qui lui tenait la main, a recueilli son dernier souffle.
Véronique: "C’est la vie, et c’est la fin de la vie"
"C’est la vie, et c’est la fin de la vie", disait Véronique, une semaine avant de rejoindre la maison du Père. Ce petit brin de femme était familière de la souffrance. Après avoir amoureusement accompagné son mari handicapé par une sclérose en plaque, elle s'est découvert elle-même un cancer. Son squelette, fatigué d’avoir tant porté au fils des années, se casse facilement. Pourtant son entourage se souvient de sa force spirituelle.
Véronique disait : "J'ai toujours dit à mes enfants qu'il fallait trouver le bon côté des mauvaises choses et faire face aux évènements. Sur le moment ce n'est pas facile mais après tout prend son sens." Cette épouse, mère, et grand-mère savait de quoi elle parlait, ce qui lui permettait d’avoir un mot d’encouragement et de soutien pour ceux qui souffrent, une maman veillant son enfant à l’hôpital, ou un mari inquiet d’avoir perdu son travail.
Le Seigneur prendra soin de ceux que j’aime.
C’est paisiblement qu’elle a terminé son chemin ici-bas, pour rejoindre son époux là où il n’y a plus de larmes. Un doux parfum flottait dans sa chambre, comme si le Ciel lui-même, ouvert en cet instant, voulait envelopper celle qui part, et ceux qui restent encore un peu. Une douleur infinie mêlée à une paix spéciale, n’est-ce pas là une expérience de Dieu ?
Catherine : "Le plus dur, c’est de laisser ceux qu’on aime"
Partir, laisser au Seigneur le soin de s’occuper de ses enfants, voilà qui est sûrement le plus difficile à accepter. "Le plus dur, c’est de laisser ceux qu’on aime", confiait Catherine. A 59 ans, l’épouse et mère de famille, déjà plusieurs fois grand-mère, meurt d’un cancer agressif. La mort fait partie de la vie, et Catherine savait le rappeler avec une grande délicatesse. Au café, entourée de sa maman, de l’une de ses filles, de nièces et de petits-neveux, dans un sourire inondé de larmes, elle disait: "Oui, le Seigneur prendra soin de ceux que j’aime. S’il me demande de Le rejoindre, s’Il me demande de Le laisser aux commandes, Il saura s’en occuper."
Ils ne dérangent pas, ils indiquent le chemin vers le Royaume
Ces conversations profondes, simples, essentielles ont une valeur inestimable. Elles façonnent la vie de ceux qui restent. Anne, infirmière en soins palliatifs, raconte : "Il n’est pas rare que certains arrivent chez nous et veuillent mourir. Petit à petit, quand ils comprennent qu’ils ne sont pas un poids, qu’ils ne dérangent pas, qu’ils n’ont pas à s’effacer plus vite, que leur vie a de la valeur jusqu’à son dernier souffle, alors bien souvent, ces personnes s’apaisent. Et cela permet aussi à l’entourage d’accepter, de se préparer. Ces moments sont précieux. Il ne faut pas se hâter, mais accompagner."
La mort reste un drame, mais les derniers instants de la vie peuvent porter tant de fruits. Pour ceux qui restent, l’absence et le manque sont impossibles à combler, et pourtant la vie continue. D’autres joies viendront, et certains mots échangés resteront comme une boussole pour indiquer le chemin, le chemin du Royaume éternel.