Le rappel ne doit pas être inutile. Dans son homélie de la solennité de la Mère de Dieu, le père Stéphane Esclef, recteur de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, médite sur la présence de Marie dans la prière des chrétiens, et fait cette incise : "Souvenez-vous que, lorsque l’on prie le chapelet, c’est à Jésus que l’on s’adresse. Nous prenons en quelque sorte la main de sa mère pour qu’elle nous conduise à lui".
Spontanément, puisque la récitation du chapelet consiste matériellement à dire des Ave, l’on imagine s’adresser à Marie. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Jean-Paul II l’explique ainsi dans sa lettre apostolique sur le Rosaire de 2002 : « Tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique. » (Rosarium Virginis Mariae, §1). Et d’ajouter : « la raison la plus importante de redécouvrir avec force la pratique du Rosaire est le fait que ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l'engagement de contemplation du mystère chrétien » (§5).
Le chapelet, un résumé de tout l'Évangile
Contempler le « mystère chrétien », c’est-à-dire la manière dont Dieu se révèle à nous en la personne du Christ, la manière qu’il a de nous créer, de nous aimer et de nous sauver, voilà le but du chapelet. Et, pour nous y aider, l’Eglise nous offre les yeux et l’aide de celle qui a accueilli et suivi le Fils, de l’Annonciation à la Pentecôte. Ainsi le premier chapitre de cette lettre du pape est-elle intitulée sobrement : « Contempler le Christ avec Marie », parce que « Personne ne s'est adonné à la contemplation du visage du Christ avec autant d'assiduité que Marie » (§10), donnée pour modèle à chaque fidèle.
Les différents mystères du rosaire, médités à tour de rôle, sont, en effet, le « résumé » (§1) de tout l’Evangile : « après avoir rappelé l'incarnation et la vie cachée du Christ (mystères joyeux), et avant de s'arrêter sur les souffrances de la passion (mystères douloureux), puis sur le triomphe de la résurrection (mystères glorieux), la méditation se tourne aussi vers quelques moments particulièrement significatifs de la vie publique (mystères lumineux) » (§19). Ces derniers, lumineux, ont d’ailleurs été ajoutés par le saint pape Jean-Paul II lui-même à l’occasion de la publication de Rosarium Virginis Mariae.