Dix-sept jours seulement ont passé depuis la publication de la déclaration Fiducia supplicans, texte qui autorisait les prêtres à accorder des bénédictions non liturgiques et non rituelles à des couples en situation irrégulière, notamment les couples divorcés engagés dans une nouvelle union et les couples homosexuels. Entre-temps, des responsables catholiques du monde entier – notamment d'Afrique - ont donné de la voix pour critiquer le texte, certains évêques et conférences épiscopales refusant même ouvertement de l'appliquer.
Face à cette fronde, le très actif cardinal Fernández a fini par prendre la défense de son texte, d'abord dans deux entretiens accordés à la presse puis dans un communiqué publié en six langues. Pourtant, dans Fiducia supplicans, le même cardinal Fernandez affirmait qu'il ne fallait « pas attendre d'autres réponses sur d'éventuelles dispositions pour réglementer les détails ou les aspects pratiques quant à des bénédictions de cette sorte ».
Cinq pages pour en justifier neuf
Le simple fait de publier en six langues un document de cinq pages pour expliquer la déclaration (qui ne fait que neuf pages) est le signe de la prise de conscience par le Saint-Siège de l'ampleur de la levée de boucliers. Le cardinal reconnaît d'ailleurs dès le début du texte que certaines remarques sont « compréhensibles » et considère que les critiques « ont le mérite de mettre en évidence la nécessité d'un plus long temps de réflexion pastorale ».
Le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi concède aux évêques le droit de choisir de ne pas appliquer le texte, affirmant qu'il existe de nombreux contextes dans lesquels il est compréhensible qu'il ne le soit pas – notamment dans les pays où l'homosexualité est illégale. Mais il ne fait pas marche arrière pour autant : la déclaration, insiste-t-il, fait bien partie de la doctrine de l'Église et ne peut en aucun cas être rejetée.
Quelques secondes de bénédiction
Le cardinal Fernández rappelle avec force que les bénédictions qu'autorise la déclaration sont « sans forme liturgique » et « n'approuvent ni ne justifient la situation dans laquelle se trouvent ces personnes ». Il insiste sur le fait qu'elles doivent être brèves de quelques secondes et ne doivent pas être délivrées devant l'autel où dans un lieu spirituellement signifiant pour éviter toute confusion.
Ces « bénédictions pastorales », explique le préfet, visent à « soutenir » la foi « qu'elle soit petite ou grande » des personnes vivant en union irrégulière, de soutenir leurs faiblesses grâce à la bénédiction divine et d'offrir un canal à cette ouverture à la transcendance qui pourrait les conduire à être plus fidèles à l'Évangile.
La « pastorale populaire » de François
Pour illustrer son propos, le cardinal Fernández donne le cas d'un prêtre qui pourrait par exemple dire à un couple de personnes divorcées et remariées qu'il rencontre lors d'un pèlerinage : « Seigneur, regarde tes enfants, accorde-leur la santé, le travail, la paix et l'aide réciproque. Délivre-les de tout ce qui contredit ton Évangile et donne-leur de vivre selon ta volonté. Amen ». Et conclure par un signe de croix sur les deux personnes.
« Il s'agit de 10 ou 15 secondes. Y aurait-il un sens à refuser ce type de bénédiction à ces deux personnes qui l'implorent ? », interroge le cardinal argentin. Et il insiste sur l'importance de faire grandir cette « pastorale populaire », conformément aux directions prises par le pape François depuis le début de son pontificat.