Une thématique qui tombe à pic. S’il est bien évidemment toujours temps d’apprendre à prier ou d’approfondir sa relation au Christ en s’initiant à l’oraison ou à la Liturgie des Heures, le calendrier de l’année 2024 y engage tout particulièrement. Guerres en Ukraine et en Terre sainte, unité fragile de l’Église, crise climatique, projet de loi sur la fin de vie, élections européennes, Jeux Olympiques à Paris… Les enjeux sont importants mais la prière est puissante ! 2024 est l’occasion d’apprendre à prier et de goûter aux fruits innombrables que réserve une relation privilégiée avec le Seigneur… En deux mots, c’est le moment de s’y mettre ! Et ce ne sont pas les intentions qui manquent ! Une manière aussi de se préparer au Jubilé 2025, fêté en grande pompe à Rome avec quelque 30 millions de pèlerins.
Pilier de la vie chrétienne, la prière est vécue de mille façons différentes par les baptisés. On prie un peu, beaucoup ou passionnément. On prie seul ou en communauté. On prie le matin ou le soir. On prie pour rendre grâce ou pour demander. On prie Dieu, la Vierge ou les saints… Mais au-delà de toutes ces formes, la prière demeure avant tout un dialogue. Un cœur à cœur personnel, intime, avec Dieu. C’est Jésus qui a enseigné à ses disciples le principe même de la prière : "Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira" (Lc 11,9). Jésus dit aussi : "Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !" (Mt 7, 11).
L’homme, une créature qui a besoin d’aide
Depuis le début de son histoire, l’homme porte en lui le désir de Dieu. "Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu", explique le Catéchisme de l’Eglise catholique (n. 27). Saint Thomas d’Aquin définit la prière comme "l’expression du désir que l’homme a de Dieu". L’homme sait, l’homme sent qu’il peut s’adresser à Dieu, qu’il peut le prier. "Cette attraction vers Dieu, que Dieu lui-même a placée dans l’homme, est l’âme de la prière", souligne Benoît XVI.
Benoît XVI a donné d’excellents enseignements sur la prière, "une sorte d’école de prière" comme il les appelle lui-même, lors des audiences générales de mai à août 2011. Il a notamment démontré pourquoi l’homme avait tant besoin de prier : "Dans la prière, l’homme se considère lui-même, ainsi que sa situation face à Dieu, à partir de Dieu et par rapport à Dieu, et il fait l’expérience d’être une créature qui a besoin d’aide, incapable de se procurer toute seule l’accomplissement de sa propre existence et de sa propre espérance". L’homme a besoin d’entrer en relation avec le Très-Haut pour toucher du doigt le sens de son existence et connaître le dessein que Dieu a pour le monde.
Apprendre à prier
Cela étant, la prière ne va pas de soi. "Il faut apprendre à prier", recommande encore Benoît XVI. "Même ceux qui sont très avant dans la vie spirituelle sentent toujours le besoin de se mettre à l'école de Jésus pour apprendre à prier avec authenticité." Le premier exemple à suivre, c’est Jésus : "Les Évangiles nous décrivent Jésus en dialogue intime et constant avec le Père : c’est une communion profonde de celui qui est venu dans le monde non pour faire sa volonté, mais celle du Père qui l'a envoyé pour le salut de l'homme."
La messe est dite : la prière est communion entre Dieu et l’homme, non pas pour satisfaire la volonté de l’homme, mais plutôt pour écouter, discerner et mettre en œuvre la volonté de Dieu. "La vraie prière chrétienne ne vise pas à changer Dieu, mais à se laisser changer par lui", souligne en ce sens Mgr Batut dans le très bon Mooc "Entrez dans la prière" - une formation gratuite et en ligne qui s’avère être un excellent outil, à l'aube de cette nouvelle année dédiée à la prière, pour vivre encore plus intensément notre relation avec le Seigneur.
Car il sera fort utile de savoir prier en 2024 ! En plus de nos intentions personnelles, l’actualité ne manquera pas d’offrir de nombreuses situations susceptibles d’être mises sous le regard et entre les mains de Dieu. Dans son livre La Force de la prière, le pape François détaille ce qu’il entend par "prier" : "La prière n’est pas une bonne pratique pour se mettre le cœur en paix ni une force de dévotion pour obtenir de Dieu ce que nous voulons. En un mot, elle signifie : confier – confier l’Église, confier les personnes, confier les situations au Père, pour qu’Il en prenne soin". À travers la prière, il s’agit de remettre à Dieu tous les sujets qui nous préoccupent, face auxquels nous sommes parfois impuissants, afin qu’il "en prenne soin" c’est-à-dire qu’il les modèle selon sa propre volonté.
1Prier pour la paix
En 2024 encore, il sera bienvenu de prier pour que la paix advienne dans les pays en guerre. Une intention que le pape François n’a cessé de porter et de présenter à Dieu par l’intercession de la Vierge Marie, "Reine de la Paix". Il a en ce sens invité les fidèles à renouveler chaque 25 mars l’acte de consécration du monde au Cœur immaculé de Marie. "Ne nous lassons pas de confier la cause de la paix à la reine de la paix", a-t-il exhorté le 22 mars dernier.
Dix jours après le retour de la guerre entre Israël et la Palestine, dimanche 15 octobre 2023, il a également invité tous les croyants à une journée de prière et de jeûne, en soulignant que "la prière est la force douce et sainte qui s’oppose à la force diabolique de la haine, du terrorisme et de la guerre". Que ce soit en Ukraine, en Terre sainte ou dans tout autre pays en proie aux conflits, les chrétiens seront encore invités à prier en faveur de la paix en 2024.
2Prier pour le respect de la vie humaine
En France, il est fort probable que le calendrier politique suscite à nouveau des élans de prière, notamment pour le respect et la protection de la vie, de sa conception à sa fin naturelle. Entre les différents projets de lois sociétales et les élections européennes prévues en juin 2024, les chrétiens seront appelés à unir leurs voix et leur prières pour défendre la vie, aussi bien naissante que finissante. Déjà en février 2023, en plein cœur du débat sur la fin de vie, la CEF avait engagé à vivre une journée de jeûne et de prière pour le respect de toute vie humaine.
Lors des messes de Noël, les évêques ont proposé à toutes les paroisses de France une même prière pour "éclairer nos gouvernants afin que ceux qui sont chargés d’élaborer et de voter la loi, prennent mieux conscience du fait que toute vie est un don pour l’humanité, que toute vie est digne et respectable". Une prière qui pourra se prolonger en 2024, notamment en prévision du projet de loi inscrivant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le mercredi 24 janvier 2024, ainsi que du projet de loi "sur le modèle français de la fin de vie", ouvrant la voie à l’euthanasie et présenté courant février 2024.
3Prier pour l’unité de l’Église
Tensions avec les catholiques attachés à la liturgie traditionnelle, notamment après la publication, le 21 février 2023, du rescrit clarifiant le motu proprio Traditionis custodes, bras de fer entre le Saint-Siège et l'Église d'Allemagne après le chemin synodal allemand, risque imminent de schisme avec l’Église syro-malabare, fronde des évêques africains suite à la publication, le 18 décembre, de Fiducia Supplicans permettant de "bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe"… Les sujets de tensions au sein de l’Église sont nombreux. Et la dernière session du "Synode sur la synodalité", qui se déroulera à Rome en octobre 2024, risque de raviver des dissensions sur certains sujets tels que la place des femmes ou le célibat des prêtres. Même si les organisateurs ont prévenu qu’il ne sortirait pas de ce synode des décisions immédiates sur des questions brûlantes, il n’est pas impossible que le pape François se saisisse de certains dossiers pour apporter des réponses.
De fortes tensions et des risques de division, alors que l’ultime désir du Christ, c’est l’unité. Jésus, le soir de la Cène, entouré de ses disciples, n’a-t-il pas adressé une prière à son Père pour "que tous soient un" ? Une prière pour que tous ceux qui marchent à la suite du Christ restent unis. Une supplique de Jésus qui résonne particulièrement dans ce contexte d’une Église fragilisée à maints égards :
"Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé." (Jn 17, 21)
4Prier pour la sauvegarde de la planète
2024 verra également se poursuivre les efforts pour endiguer la crise climatique. Une prise de conscience voulue par le Pape, qui a pris la plume cette année pour alerter le monde de la crise climatique qui le menace : "Le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture", écrit-il dans Laudate Deum.
Selon lui, il n’est plus question de "nier", de "cacher", de "dissimuler" ni même de "relativiser" les signes du changement climatique. Il est temps d’agir, pour les dirigeants du monde, face à l’urgence du réchauffement climatique, et, pour les croyants, de louer Dieu, comme y invite le titre de sa lettre apostolique. Louer Dieu pour toutes ses créatures, à la manière de saint François d’Assise. La voie pour admirer la tendresse de Jésus envers tous les êtres qui peuplent la planète, et pour prendre soin de notre "maison commune".
5Prier pour les JO
Le compte à rebours est lancé. Dans sept mois, le 26 juillet prochain, s'ouvriront à Paris les Jeux Olympiques et Paralympiques lors de la cérémonie d'ouverture sur la Seine où près de 600.000 spectateurs sont attendus. La France, pays hôte, se prépare depuis 2017 à accueillir plus de 10.000 athlètes du monde entier, ainsi que 15 millions de visiteurs, animés par la passion du sport. L'ampleur de l'événement ne peut laisser les catholiques indifférents. Et ces derniers ont aussi un rôle à jouer. Une prière spécifique a d'ailleurs été diffusée par l’Église Catholique de France, appelant à vivre la passion du sport dans la fraternité, la paix et la joie.
Le dispositif Holy Games, porté par la CEF, met en place toute une organisation pour proposer un accompagnement spirituel aux délégations sportives : une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Sportifs réservée aux athlètes dans l’église de La Madeleine à Paris, environ 80 "paroisses olympiques" à Paris et en Ile-de-France, adoration du Saint-Sacrement et de la couronne d'épines, veillée de bénédiction des athlètes, messes d'ouverture et de clôture... Si les catholiques sont appelés à prier, pour le bon déroulement des Jeux et pour célébrer, à travers le sport, la personne humaine et l'appel à la fraternité entre les peuples, une autre manière de s'associer à l'événement est aussi de rejoindre une "route" Holy Games. En effet, Holy Games recherche des jeunes pour illuminer de leur joie et de leur foi cet événement sportif de grande ampleur.