Voilà bien un cours universitaire que l'on ne s'attendait pas à pouvoir suivre à la fac. À l'université de Pennsylvanie, entre un cours de littérature et de sciences sociales, les étudiants peuvent suivre les enseignements du professeur Justin McDaniel sur la vie contemplative des moines et des saints. Inspiré de ses recherches sur les religions et philosophies orientales, le professeur a élaboré un cursus dédié à la vie contemplative au travers de toutes les religions. Chaque année, ce sont plus de 200 étudiants qui se portent candidats pour s'inscrire au parcours, pour seulement une trentaine de places. Une fois sélectionnés, les étudiants s'engagent à vivre une série de pratiques ascétiques, comme se lever à 5h30 le matin, faire vœu à certains moments de silence, jeûner, adopter un régime alimentaire stricte et sobre, se priver d'internet, de radio et de télévision et renoncer à leur smartphone pour une durée d'un mois.
Recréer une expérience qui se rapproche de la vie religieuse
Un programme étonnant pour de jeunes étudiants qui n'ont pas la réputation de vivre à l'université des années saines ou saintes. Comment, dès lors, le parcours parvient-il à susciter un tel engouement ? Professeur d'études religieuses, Justin McDaniel témoigne : "On peut chercher des raisons psychologiques, économiques et sociologiques pour lesquelles les gens choisissent l'austérité et le renoncement en se retirant du monde. Mais ces explications rationnelles ne peuvent justifier l'expérience fondamentale qui mène une personne à se retirer du monde. C'est en partant de ce constat que j'ai eu l'idée de recréer une expérience qui se rapproche de la vie religieuse". La popularité croissante de ce cours a conduit à l’adoption du terme "mode moine" sur les réseaux sociaux pour désigner le fait de se consacrer à une seule tâche sans l’intrusion de la technologie ni d’autres distractions.
"Les jeunes sont capables d'un renoncement extraordinaire"
"Les jeunes sont capables d'un renoncement extraordinaire, témoigne le professeur. On a souvent une mauvais image de la jeunesse : on imagine les étudiants comme des sortes d'adolescents attardés, accros aux réseaux sociaux et désorganisés, mais j'ai vu le contraire". Si les recherches du professeur sont d'abord fondées sur son expérience des philosophies orientales, ce discours ne contredit pas les exemples que nous ont donnés les jeunes saints que l'Église a canonisés, comme sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, sainte Maria Goretti ou les bienheureux Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, pour ne citer qu'eux. "Que personne n’ait lieu de te mépriser parce que tu es jeune ; au contraire, sois pour les croyants un modèle par ta parole et ta conduite, par ta charité, ta foi et ta pureté", écrit ainsi saint Paul dans sa lettre à Timothée (1Tm 4, 12)". Un témoignage pour cette jeunesse qui nous oblige et nous apprend qu'il n'y a pas d'âge pour aspirer au bien, au beau et au grand.