Vers la fin de sa vie, Georg Friedrich Haendel vit seul, et abandonné de tous. Oublié. Une nuit d’hiver 1741, il marche dans les rues de Londres entre brouillard et souvenirs des gloires passées. Il déambule seul tel un artiste sans inspiration, et pourtant il a déjà reçu pour son œuvre les honneurs des grands de ce monde. Tous l’ont écouté, rois et reines l’ont applaudi. Mais aujourd’hui, en cet hiver, il marche seul, surtout esseulé de sa lumière créatrice.
Après des heures de marche, il revient dans sa chambre. Sur sa table, il ouvre un paquet qu’un inconnu lui a déposé et dans lequel se trouve un texte. Frigorifié, Haendel s’assit et commença à lire. Il s’agit d’un livret du célèbre librettiste Charles Jensens sur Jésus. Les mots lui réveillent l’âme ! La braise de la créativité se met à se vivifier, elle devient flamme, et bientôt flambée ! Et tandis qu’il lit les promesses messianiques des prophètes : "Consolez, oui consolez mon peuple dit l’éternel. Voici la Vierge sera enceinte et donnera naissance à un fils : Emmanuel..."
Alors Haendel s’assoit en piano et commence à composer. Trois semaines durant, il écrit, il compose, il couche sur la partition tout ce que son inspiration lui souffle… Mangeant et dormant à peine, absorbé par son œuvre. Il ne le sait pas, mais il est en train d’accoucher de son œuvre majeure, qui allait conquérir le monde et traverser l’histoire : le grand oratorio Le Messie.
D’après Alfred Kuen, 366 histoires vraies, Excelsis, 2021.