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Volontaires DCC à Madagascar, ils œuvrent contre la pauvreté et vivent la culture de la rencontre

Suzanna et Dorian, jeune couple envoyé avec la DCC en mission à Tananarive aupr_ès de l'association Aïna Enfance & Avenir en 2021.

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Cécile Séveirac - publié le 19/12/23
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La Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) accompagne chaque année près de 400 volontaires. Envoyés dans une cinquantaine de pays différents, ils mettent leurs compétences au service des projets de développement de partenaires locaux. À Tananarive (Madagascar), les volontaires de la DCC se mettent au service d’Aïna Enfance et Avenir, une association qui gère un orphelinat et un foyer pour les jeunes, premiers tributaires d’une pauvreté grandissante.

À Madagascar, cinquième île la plus grande du monde dotée d’innombrables richesses naturelles, 75% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Une misère qui touche surtout les enfants et les jeunes, dont une grande majorité est déscolarisée et vit de la mendicité ou de la fouille des décharges publiques. Originaires d’Aveyron, Sophie et Raphaël ont atterri le 2 septembre dernier à Tananarive, capitale de Madagascar. "C’est une ville gigantesque, où le contraste entre riches et pauvres est choquant", témoignent-ils auprès d’Aleteia. Tous deux ont été envoyés par la Délégation Catholique pour la coopération (DCC) et viennent en aide pendant un an à l’association Aïna Enfance et Avenir. Ce partenaire local de la DCC, qui gère entre autres, un orphelinat, des écoles maternelles solidaires et un centre de formations solidaires en faveur de jeunes défavorisés, lutte contre l’abandon des enfants et leur offre une scolarité. En 2022, 37 enfants étaient hébergés à l'orphelinat. Après 17 ans, les jeunes sont pris en charge jusqu’à leur insertion dans la vie professionnelle par le Village Aïna qui abrite la Maison des jeunes. Agréée par l’État et reconnue d’utilité publique, la DCC a été fondée par la conférence des évêques de France en 1967. Au service des projets de développement des associations, diocèses et congrégations avec lesquelles elle est partenaire, elle envoie des volontaires de tous âges pour une durée de quatre mois à deux ans : jeunes diplômés, mais aussi retraités, couples et familles. 

Raphaël, 50 ans, en mission à Tananarive avec sa femme Sophie.

Tous deux issus du secteur de l’éducation et de la jeunesse, Sophie et Raphaël ont attendu de souffler leurs cinquante bougies pour réaliser enfin leur rêve de départ. "Nous ne pouvions pas partir lorsque nous étions plus jeunes. Une fois cela possible, l’accompagnement, la formation et le suivi proposés par la DCC, les partenaires bien identifiés et la fiabilité des projets… Cela nous a rassurés de nous savoir aussi bien entourés pour partir à 50 ans", confient-ils à Aleteia. 

Sophie et les enfants de l'orphelinat.

Mission de coordination pédagogique

Au sein de l’orphelinat et de la Maison des jeunes, le couple assure une mission de coordination pédagogique, notamment via l’accompagnement des éducateurs dans l’organisation du quotidien des enfants. Ils interviennent également auprès des écoles maternelles solidaires d’Aïna où sont scolarisés les enfants, dont l’une d’elles est située à quelques pas de l’orphelinat. Ils y apprennent, entre autres, le français. Animations sportives, chants, lecture, histoires, soutien scolaire… "On n’a pas tellement le temps de s’ennuyer", reconnaît volontiers Sophie. "Ce qui est frappant ici, c’est la bonne humeur et la joie qui débordent constamment. Les enfants ont des vies très difficiles, mais ils sourient tout le temps. Il y a une expression assez parlante qui décrit bien cela, celle de “la bonne humeur fataliste”", estime Raphaël.

"Ils me manquent. Ce sont eux qui m’ont fait comprendre que la joie réside au milieu de la souffrance. Quand on part, c’est dur de les laisser derrière soi", souffle quant à elle Elisabeth. Cette soixantenaire est partie alors qu’elle venait de prendre sa retraite, en septembre 2022. Autrefois conseillère pédagogique dans une inspection académique, elle n’a pas supporté l’idée de ne plus rien faire une fois sa carrière achevée. "J’aimais énormément mon métier qui m’a permis de travailler avec beaucoup d’enfants en situation de fragilité. Je ne voulais pas renoncer à ça", avoue-t-elle. Elle est aussitôt séduite par l’action d’Aïna, tout en étant révoltée par l’indigence dans laquelle vit le reste de la population. "À côté de l’école maternelle, il y a un centre pour les sans-abri géré par le ministère de la Population. On voyait des enfants traîner toute la journée, désœuvrés, dans des conditions d’hygiène et de logements profondément dégradantes. J’ai voulu endiguer ce sentiment d’impuissance que j’ai ressenti", se rappelle-t-elle. Pour occuper les enfants, elle monte le projet Bibliothèque de Rue : "tous les lundi matins, je déroulais des tapis à côté du centre, je prenais des livres en français et je leur lisais. On faisait aussi des coloriages. C’était un moment où ils redevenaient ce qu’ils étaient : des enfants. Progressivement, j'ai emmené avec moi des plus grands du Village Aïna pour m'aider à animer ce temps. Ils donnaient un peu ce qu’ils recevaient à l’orphelinat."

La bibliothèque de rue lancée par Elisabeth et poursuivie par Raphaël et Sophie.

Un attachement que partagent Suzanna et Dorian. Ils sont en pleine ascension professionnelle dans le domaine de l’urbanisme lorsqu’ils décident de partir en mission là-bas en 2021. Management d’une équipe de douze éducateurs, création d’une colonie de vacances, suivi des chantiers, conception des programmes d’activités scolaires…, là encore, les missions ne manquent pas. "L’idée était d’établir un lien de confiance avec les enfants et les équipes", explique le couple à Aleteia.

Elisabeth entourée des enfants de l'orphelinat.

L’esprit Fratelli Tutti 

"Se mettre au service d’autrui, c’est rendre sa foi active", affirme Elisabeth. Une vision portée par la DCC, pour laquelle les encycliques du pape François Laudato Si’ et Fratelli Tutti sont devenues une référence en matière de volontariat. Dans cette dernière, le Pape demande aux catholiques de mettre fin à "l'individualisme radical", pour défendre une "culture de la rencontre qui aille au-delà des dialectiques qui s’affrontent" qui intègre "les périphéries, les pauvres et les faibles." Dorian et Suzanna sont rentrés depuis deux ans, et pourtant "ce n’est que depuis quelque temps que l’on digère vraiment ce qu’on a vécu là-bas", confessent-ils. "On a un regard différent sur le monde. Toute cette aventure pose la question du sens donné à nos vies. Le volontariat, c’est loin d’être juste une parenthèse. Ça nous suit et nous change profondément."

Suzanna et Dorian.

En partenariat avec la Délégation Catholique pour la Coopération

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