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Un an après, la greffe réussie des sœurs de Boulaur à Notre-Dame des Neiges 

La-communaute-credit-photo-Thibaut-Chourre

Les religieuses de la communauté devant Notre-Dame des Neiges.

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Raphaëlle Coquebert - publié le 18/12/23
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Au terme d’une année emplie à ras-bord à Notre-Dame des Neiges (Ardèche), où elles ont succédé à des Frères Trappistes, le contingent de cisterciennes issue de Boulaur (Gers) rend grâce : tout est en place pour une redynamisation du lieu.

D’abord, il a fallu s’approprier les lieux. Pensez, 22.000 m2 de bâtiments et 450 hectares de terres à 1.100 mètres d’altitude ! De quoi en impressionner plus d’un, même si les religieux précédents avaient pris grand soin de l’abbaye Notre-Dame des Neiges. Les huit sœurs de 31 à 73 ans ne s’en sont pas laissé conter : elles ont retroussé les manches de leurs robes de bure et se sont mises au travail, vite épaulées par deux postulantes, qui ont porté à dix le nombre des religieuses de cette fondation naissante. Entretien des bâtiments et espaces verts alentour, embellissement des lieux de vie pour y apporter une touche féminine : nouvelles peintures, nouveaux rideaux ou abat-jours, éclairages différents. 

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L'abbaye Notre-Dame des Neiges est nichée au cœur des Cévennes ardéchoises.

De nombreux bénévoles (étudiants, retraités…) venus des quatre coins de l’hexagone leur ont apporté leur concours : "Le monastère est pour nous une maison à vie, rappelle Mère Anne, pétillante quadragénaire et mère supérieure. Il nous appartient d’en faire un lieu où il fait bon être. Et bon s’arrêter, car vous savez que nous sommes sur la route du chemin de Stevenson, l'auteur de l'Île au trésor et du Voyage avec un âne dans les Cévennes. Ainsi, 3500 randonneurs ont fait halte chez nous l’été dernier : qu’ils se sentent bien accueillis est important."

Un carrefour de rencontres

Les 100 hectares de terres agricoles qui jouxtent l’abbaye sont quant à eux entretenus par des fermiers, mais les sœurs, coutumières du travail manuel, espèrent pouvoir à l’avenir leur prêter main forte. Pour l’heure, elles vivent de la vente des produits de leur magasin (produits de monastères amis, produits locaux, livres et objets religieux) et de l’accueil des pèlerins -auxquels une trentaine de chambres sont réservées dans l’hôtellerie- et marcheurs -40 lits leur permettent de reprendre souffle à la Maison de Zachée. "Cette dimension d’accueil, insiste Mère Anne, s’inscrit dans l’histoire de Notre Dame des Neiges qui se trouve à la jonction de trois départements -Ardèche, Lozère, Haute-Loire- et rayonne très largement. Des groupes viennent pour une journée ou un week-end des diocèses alentour. Par ailleurs, la proximité de la gare (gare de La Bastide - Saint-Laurent-les-Bains) nous amène des retraitants de toute la France. Auxquels s’ajoutent les marcheurs empruntant la route de Stevenson." À ces derniers est proposé un temps de partage et d’action de grâce avec une sœur au moment du dîner, ainsi que de participer aux Complies  : "Donner la possibilité à ces hôtes de passage de vivre une expérience spirituelle est une évidence pour nous, poursuit Mère Anne. Ce sera peut-être un petit caillou semé sur leur chemin de foi, qui sait ?"

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Réfection des peintures de l'abbaye.

Notre Dame des Neiges attire aussi quelques admirateurs de saint Charles de Foucauld qui n’y fit que deux séjours de 18 mois au total, en 1890 puis en 1901, mais y vécut d’importants évènements : c’est là qu’il entra dans la vie consacrée, reçut sa formation monastique et célébra sa première messe. Sa mémoire y est honorée dans une petite chapelle contenant un reliquaire et au travers d’un modeste musée. Mais selon la mère supérieure, il y aurait encore beaucoup à faire pour que l’abbaye devienne un lieu de recueillement incontournable pour tous ceux, chrétiens ou non, que touche le frère universel. 

Nous sommes sur la brèche, mais c’est tellement stimulant !

On le voit, les projets foisonnent. Une réouverture de la scierie est à l’étude et les sœurs se sont lancées depuis quelques semaines dans la fabrication de mystérieux produits sur lesquels elles lèveront le voile à Pâques : "Nous sommes sur la brèche, mais c’est tellement stimulant !", s’enthousiasme Mère Anne. D’ici là, elles devraient être 12 entre leurs murs.

La foi et la fraternité d’abord

Mais cette effervescence ne doit pas masquer l’essentiel : c’est d’abord la louange de Dieu lors des sept offices quotidiens jalonnant leurs journées qui occupe les sœurs. Et s’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de cette première année en terre ardéchoise, ce serait pour Mère Anne "l’heure quotidienne d’échange entre nous qui a permis de construire l’unité de notre communauté. Nous avons défini nos objectifs, partagé nos attentes, nos joies et nos peines, appris à nous écouter et à mieux nous connaître."

Pour en rendre grâce, les sœurs ont choisi de ne pas célébrer en grande pompe l’anniversaire des un an de leur communauté : "Nous éprouvions le besoin de fêter entre nous ces douze mois qui ont vu notre communauté se construire et s’enraciner. C’est comme une vie naissante dont on s’émerveille !" Ni tambour ni trompette, les filles de saint Bernard ont marqué le coup en faisant célébrer une messe d’action de grâces, suivie d’un temps de lectio divina partagée et d’un repas festif. Dans l’après-midi, elles ont convié leurs voisines, les petites sœurs de Nazareth et leur père aumônier, le père Barthélemy, pour un Cluedo géant à travers le monastère que leur avaient concocté les jeunes sœurs. Un temps de fraternité vrai et simple pour une communauté pleine de promesses. 

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