Il y a dix ans, Korrig'Anne a fait de sa passion son métier. Depuis 2013, cette pétillante illustratrice de 37 ans a publié trois BD : D'amour & de lait (Tibert Editions), L'or du soir qui tombe : parents d'une étoile (ed. Ailes Et Graines) et Pourquoi tu te moques ? (ed. Leduc). Elle fait aussi de nombreux dessins pour les familles, notamment pour celles qui ont perdu un enfant, mais aussi sur des thématiques humaines qui ont grand besoin de sensibilisation, tel le handicap. Son objectif ? Ramener l’humain et l’essentiel au centre de son travail et aider les familles. Et c'est sa foi et ses enfants qui l'aident et l'inspirent au quotidien.
Aleteia : Vous êtes spécialisée dans l'illustration des thématiques sociétales telles que la parentalité, la maternité, le deuil périnatal et le handicap. Pourquoi avoir choisi ces thématiques précisément ?
Korrig'Anne : Depuis le début, je dessine autour de la vie, avec un grand V, et de l’humain, avec un grand H. Ce n’était pas réfléchi au départ, ça s’est fait tout seul. Au début, je partais de ma vie de maman. J’abordais donc le sujet de la maternité. Et puis, je me suis pris de passion pour d’autres thématiques comme celle du handicap car je veux que mon métier ait du sens ce qui n’était pas vraiment le cas avant quand j’étais agent de voyages.
Comment passe-t-on d’agent de voyages à illustratrice ? Ce sont deux métiers totalement différents.
Je dessine depuis toujours. Mais ce n’est que pendant mon congé parental que j’ai commencé à poster réellement mes dessins sur Internet. Des dessins qui parlaient de la maternité et qui ont parlé aux gens. J’ai eu des followers, puis des commandes de portraits de famille. Et c’est ainsi que j’ai pu me reconvertir professionnellement.
Votre foi vous aide-t-elle dans votre travail ?
Oui, puisque mon objectif est de ramener l’humain et l’essentiel au centre de ce que je fais. Ma foi m’aide aussi à avoir de la compassion car je rencontre beaucoup de familles qui souffrent, des familles ayant perdu leur enfant. Et comme je crois en la vie éternelle, mon travail avec ces familles a énormément de sens pour moi. Je sais que je vais les aider, je leur donne l’espoir de revoir un jour leur enfant dans l’au-delà.
Comment ces familles vous trouvent-elles ?
Les dessins de famille que je poste sur les réseaux sociaux sont tous faits à partir de vraies personnes qui sont venues vers moi. C’est la plupart du temps via le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux que les gens me trouvent. En ce qui concerne le deuil périnatal, il y a des groupes ou des pages Facebook qui y sont dédiés et qui repostent mes dessins. Je me suis fait d’ailleurs connaître sur cette thématique suite à un dessin qu’une famille m’a commandé, en demandant de faire apparaître leur bébé sous forme d’ange. Ce dessin, posté par la suite sur les réseaux sociaux, a eu un effet boule de neige. Beaucoup de gens ont été touchés et j’ai eu des demandes similaires, qui ne s’arrêtent pas depuis.
Le deuil périnatal n’est pas un sujet tabou pour moi car je l’ai vécu de près dans ma famille. Mes parents ont perdu un enfant, une petite fille, quand j’avais 8 ans. Notre foi nous a beaucoup aidés dans cette épreuve.
Vous arrive-t-il de puiser de l'inspiration auprès des saints ?
Oui, surtout auprès de saint Joseph car c’est celui qui était au plus près de Jésus en étant en même temps ancré dans la vie sur terre. C’était un simple charpentier qui élevait son enfant mais qui était en même temps si près de Dieu…
Vous avez une fille de 13 ans et un garçon de 11 ans. Comment articulez-vous vos engagements et votre vie de maman ?
Je travaille de chez moi, à mon compte. Quand mes enfants sont à l’école je suis illustratrice, et quand ils rentrent de l’école, je suis maman. Mes enfants sont impliqués dans mon travail. Ils sont les premiers à lire mes planches de BD. Ils donnent même des avis et font des remarques intéressantes. Ça permet d’ouvrir des discussions avec eux. Eux aussi, ils ont cette passion et aiment dessiner.
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Qu’aimez-vous le plus dans votre vie de maman ?
J’ai toujours voulu être maman. La maternité est en quelque sorte la continuité de ma vie de femme. Et ce que j’aime le plus dans ma maternité, c’est de créer de beaux souvenirs pour mes enfants, qu’ils se souviennent de leur enfance avec plaisir. Bien sûr, ça demande du temps et de la disponibilité, mais je sais que ça dure un temps de les avoir à la maison et je tiens donc à ce qu’ils se souviennent de ce temps.
J’ai toujours voulu être maman. La maternité est en quelque sorte la continuité de ma vie de femme.
Par exemple, en décembre, tous les ans, je fais un calendrier de l’Avent où chaque jour, il y a une petite activité à faire avec les enfants. Ce ne sont donc pas des chocolats que je leur offre mais bien plus : des moments précieux. Après, ce n’est pas quelque chose de compliqué, ça peut être faire ensemble de la pâtisserie de Noël, faire du bricolage, lire des contes de Noël, aller au cinéma... Tous les ans, à cette période, nous faisons aussi ensemble une vidéo où chacun raconte ses plus beaux souvenirs de l’année écoulée. Des vidéos qu’on peut regarder ensemble des années plus tard.
Comment faites-vous pour vous ressourcer ?
Une fois par mois environ, je prends une journée entière avec une amie. Il faut prendre un peu de temps avec des gens qui nous aiment. Des vacances en famille m’aident aussi à me ressourcer. Et puis, il y a la messe dominicale et l’enseignement du prêtre qui m’inspirent. J’avoue, je suis comme tout le monde, même si j’essaye d’écouter attentivement le prêtre à la messe, il m’arrive aussi de bailler… Mais je sais que ces enseignements m’aident à ressortir le meilleur de moi-même.
Comment priez-vous au quotidien ?
Je n’ai pas de rituel établi. En général, je parle à Dieu au moment où je me couche. Je fais aussi des petites louanges dans la journée en me baladant dehors et en observant la nature.
Une prière qui vous aide et que vous aimez dire ?
Oui, j’ai deux phrases, prononcées à la manière d’oraisons jaculatoires, qui m’aident :
"Jésus j’ai confiance en toi."
"Je suis le gardien de mon frère."
La dernière concerne un énorme programme, hyper dur à réaliser, mais si on se laisse guider on a des chances de s’en sortir.
Pour finir, d’où vous vient votre foi ?
Je suis née dans une famille catholique. Messe du dimanche, bénédicités, prière en famille…J’ai baigné dans la foi dès mon plus jeune âge. Et puis, à l’adolescence, j’ai découvert ma foi par le biais des retraites, des camps de jeunes... En 2005, je suis partie aux JMJ de Cologne. C’était incroyable de se retrouver avec des gens qui ont la même foi et d’être avec d’autres jeunes de mon âge. J’espère que mes enfants pourront y aller un jour aussi !