Dans ses Pensées, Blaise Pascal a fait une déclaration célèbre : "Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre". La solitude peut être intimidante, voire terrifiante... surtout la solitude sans le Christ : “Sans le Christ, la solitude ne signifie pas être seul, mais l'absence de sens” (L. Giussani).
La solitude que Jésus demande dans Matthieu 6, 6 - "Quand tu pries, va dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père", est exactement le contraire, parce que le Christ assure qu’il est présent avec chaque croyant qui se retire dans la solitude. Cette prière, seul et isolé, permet de découvrir le sens de sa vie et le plan de Dieu pour elle : “C'est dans le silence et la solitude qu'on se retrouve soi-même — qu'on retrouve la vérité de soi-même — et c'est par cette vérité-là qu'on accède à celle des autres" (G. Bernanos).
S'éloigner pour se retrouver et Le retrouver
Cependant, comment des personnes très occupées, plongées dans les tracas et les préoccupations de la vie quotidienne, peuvent-elles se retirer dans un lieu de solitude ? Il ne s'agit pas de devenir un ermite ou de suivre les pères du désert : la solitude, c’est lorsque l’homme décide de s'éloigner pendant un certain temps afin d’être avec soi-même et avec Dieu de la manière la plus authentique. Madeleine Delbrêl, servante de Dieu, avait beaucoup réfléchi à ce sujet :
Il semblerait que ceux qui vivent parmi les gens du monde doivent renoncer à cette solitude. La vraie solitude n'est pas l'absence de personnes, mais la présence de Dieu. Placer nos vies devant le visage de Dieu, abandonner nos vies aux motions de l’Esprit saint, c'est errer librement dans un espace où la solitude nous a été donnée. Si l'irruption de la présence de Dieu en nous se produit dans le silence et la solitude, cela nous permet de rester radicalement unis à tous ceux qui sont faits de la même argile que nous.
Quand l’homme revient à ses occupations, après s’être retiré pendant un certain temps pour prier en privé, il devient à son tour une sorte de levain pour les autres membres de sa communauté.
Si nous imaginons, dans notre solitude, une vie en parfaite harmonie avec nous-mêmes, avec l'univers et avec tous les hommes, c'est notre retour dans le monde qui, par une sorte de paradoxe, donne réalité à cette solitude et lui permet de porter du fruit (L. Lavelle).
Chaque homme possède une sorte de solitude qui “renferme quelque chose de sa personne essentielle” (Madeleine Delbrêl). Il est important de chérir cette solitude, qui ramène sans cesse à la Présence aimante de Dieu : "Dieu est le seul ami qui n'abolit pas la solitude essentielle. Il est plutôt l'ami en qui la solitude en tant que telle s'accomplit" (U. Von Balthasar).