Des recherches récentes ont montré que le plus ancien marque-page conservé de nos jours date du VIe siècle apr. J. C. Découvert sous les ruines du monastère Apa Jeremiah (Saint Jérémie), à Sakkara, en Égypte, il laisse à penser que les premiers marque-pages auraient été inventés précisément par des moines.
Ce signet du VIe siècle se compose d’une lanière en cuir doublé de vélin sur le revers et attaché à la couverture d’un codex copte (Codex A, MS 813, Chester Beatty Library, Dublin). Tout au long de l’époque médiévale, les marque-pages étaient généralement fabriqués d’une petite bande en parchemin, ou d’un morceau d’une cordelette, et attachés au bord de la page comme dans les Bibles contemporaines. Les marque-pages détachés sont apparus des siècles plus tard, dans les années 1850.
Ces marque-pages se seraient donc diffusés au Moyen-Âge, grâce aux moines. Dans les enceintes de leurs monastères, ces religieux consacraient leur vie à la prière, mais aussi à la transcription méticuleuse et à la conservation de textes inestimables. Alors qu’ils copiaient et étudiaient ces textes, ils ont été confrontés à la nécessité de parcourir efficacement de longs volumes et revenir facilement à des sections spécifiques, ce qui a déterminé la naissance des marque-pages.
Un héritage durable
L’utilité pragmatique de ces signets pour lire et parcourir les manuscrits de leurs vastes collections s’est renforcée également grâce aux pratiques religieuses de la vie monastique. En effet, la lecture régulière des Saintes Écritures et de l’Office divin, à des horaires précis et avec des textes spécifiques, nécessitait des moyens efficaces pour marquer et reprendre facilement la lecture à des endroits déterminés.
La création des marque-pages témoigne de l’habileté et de l’ingéniosité des moines érudits du Moyen-Âge. L’héritage durable de ces humbles mais essentiels outils au cours des siècles a façonné l’histoire littéraire, et les marque-pages continuent d’être des compagnons indispensables des lecteurs contemporains.