L’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, institution vaticane qui a pour mission de soutenir l’Église catholique en Terre Sainte, s’apprête à vivre sa “Consulta” – assemblée générale qui a lieu tous les 4 ans – à Rome du 6 au 10 novembre 2023. Les quelque 150 participants, qui se réunissent cette fois-ci dans un contexte sombre, alors que les affrontements entre Israéliens et Palestiniens ont fait des milliers de morts ces dernières semaines, seront reçus par le pape François le 9 novembre.
Lors d’un briefing au Saint-Siège le 31 octobre, le cardinal Fernando Filoni, grand-maître de l’Ordre – traditionnellement nommé par le Pape – a souligné devant la presse qu’étant donné le "moment tragique" que vit la Terre sainte, où Israël enchaîne les opérations militaires depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, la sollicitude était encore plus nécessaire. Le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, doit lui-même venir à Rome pour intervenir devant les plus hautes fonctions de l’Ordre du Saint-Sépulcre (grand magistère, lieutenants et délégués magistraux).
Depuis le début du conflit, l’Ordre a vu une augmentation des dons qui lui parviennent en "flux continu", a confié le gouverneur général, Leonardo Visconti di Modrone, qui a raconté avoir reçu le matin même une notification de 100.000 euros envoyés du Canada. Cette récolte exceptionnelle de fonds n’a pas encore de "destination précise", a-t-il ajouté, précisant qu’il revenait au patriarcat latin de Jérusalem d’évaluer les besoins et les affectations.
À ce jour, "la véritable urgence est de rejoindre l’endroit où sont les nôtres, et pas seulement des chrétiens […], pour faire parvenir des médicaments, de la nourriture, de l’eau, du gasoil pour les générateurs", a énuméré Leonardo Visconti di Modrone alors que les efforts humanitaires peinent à atteindre la bande de Gaza, mise en état de siège. Le gouverneur général a souligné aussi qu’il fallait penser à "l’avenir", car "là-bas il faudra reconstruire, tout recommencer de zéro.
Pour le cardinal Filoni, il ne revient pas aux chrétiens de dire "qui a tort et raison" dans ce conflit, car "si nous ne sortons pas de cette vision de confrontation, et ne respectons pas les droits de tous […], les luttes se poursuivront". Le prélat italien a plaidé pour le droit d’Israël à "vivre et subsister" et celui du peuple de Palestine à "vivre et subsister", soulignant qu’aucun de ces droits n’était "supérieur à l’autre, ils sont égaux".
Le programme de la Consulta
Les travaux de cette Consulta, cinq ans après la dernière en 2018, seront ouverts en présence de représentants de la secrétairerie d’État et du dicastère pour les Églises orientales. En conclusion, les participants seront reçus en audience par le pape le 9 novembre et effectueront un pèlerinage à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et au sanctuaire du Divin Amour, au sud de Rome. Pour leur réflexion sur le thème de la formation, les membres s’inspireront d’un livre du cardinal Fernando Filoni dédié à la spiritualité de l’Ordre et traduit en une dizaine de langues dont le chinois. Le réseau est en effet présent à Taïwan, avec "une lieutenance très active" d’une centaine de membres, a expliqué Leonardo Visconti di Modrone.
Fondé au XIVe siècle, l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem compte aujourd’hui environ 30.000 bénévoles – appelés chevaliers et dames – dans 64 lieutenances réparties sur 40 pays. Il a son siège au Vatican et coordonne ses activités administratives au palais de la Rovere, à deux pas de la basilique Saint-Pierre. L’Ordre lève en moyenne 15 millions d’euros par an qui sont dédiés à des œuvres humanitaires en Terre sainte.