"Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons." (1 Jn 1, 1). Cette phrase, de l’apôtre Jean, introduit un des textes majeurs du concile Vatican II sur la Révélation, Dei Verbum. Elle pourrait être utilisée pour expliciter la phase du Synode sur la synodalité qui s’ouvre désormais. Avant de se retrouver à Rome en octobre 2024, les 364 pères et mères s’en retournent aujourd’hui chez eux avec la lourde tâche de devoir transmettre au peuple de Dieu dans leurs pays respectifs ce qu’ils ont vu et vécu pendant un mois.
La difficulté de la tâche réside bien sûr dans le fait que les personnes présentes dans la salle Paul VI depuis le 4 octobre n’étaient que 364, alors que les fidèles catholiques sont plus d’un milliard. Elle réside surtout dans le fait qu’il n’est déjà pas aisé de rendre compte rationnellement d’un débat, mais il est encore plus ardu de partager un sentiment ou une expérience. Or, avec la méthode utilisée pendant cette session, il est bien plus question d’expérience que d’arguments. Le pape François l’exprime dans son homélie de la messe de clôture, dimanche 29 octobre : "Frères et sœurs, l'Assemblée synodale s'achève. Dans cette ‘conversation de l'Esprit’, nous avons pu expérimenter la tendre présence du Seigneur et découvrir la beauté de la fraternité."
Transmettre, une nécessité
Pourtant, transmettre ce qui a été vécu est nécessaire. Le 16 octobre 2022, quand il annonçait la démultiplication du Synode en deux sessions, le Secrétariat qui en est chargé insistait :
Le Synode n’est pas un événement mais un processus, dans lequel l’ensemble du peuple de Dieu est appelé à marcher ensemble vers ce que l’Esprit saint l’aide à discerner comme étant la volonté du Seigneur pour son Église.
Le premier acte de partage de l’expérience synodale a d’ailleurs été la "Lettre au peuple de Dieu", occultée en partie par une prise de parole remarquée du pape François le 25 octobre et par le texte final voté et publié le 28 octobre au soir. La missive, en effet, commençait par ces mots : "Nous voulons, avec vous tous, rendre grâces à Dieu pour la belle et riche expérience que nous venons de vivre" avant de revenir sur les moments vécus. Dorénavant, c’est peut-être à chaque fidèle et aux paroisses de se saisir de cette invitation à "marcher ensemble" et à discerner, avec l’aide de l’Esprit saint, ce que Dieu veut pour son Église. Avec l’aide du document final, même si les quarante pages et l’italien peuvent rebuter.