Ils ont entre 19 et 27 ans, étudient l’histoire-géo, les sciences politiques ou la chimie. Ce qui les rassemble ? Leur engagement en tant que chef ou cheftaine scout, en plus de leurs études. Malgré une vie bien remplie, une partie de la jeunesse a décidé de poursuivre leur engagement dans un mouvement scout. En cumulant les trois mouvements principaux à savoir les Scouts et Guides de France, les Scouts Unitaires de France, et les Scouts et Guides d’Europe, ils sont près de 38.500 à donner de leur temps pour les plus jeunes.
Après avoir progressé dans un mouvement scout, une question s’est imposée à eux : dois-je arrêter le scoutisme avec le début des études ? Pour beaucoup, la réponse était évidente. "J'ai juré lors de ma promesse de rester scout "s'il plaît à Dieu toujours"", lance Angel, 19 ans et assistant chef de troupe chez les SUF, dans le groupe Saint Jean de Matha à Château-Thierry (02). "Le scoutisme m'a tellement apporté, en termes de camaraderie, de fraternité, d'épreuves et de sueurs aussi", ajoute le jeune homme, étudiant en sciences politiques en Vendée. Pour Thibault, chef de troupe (SUF) à Levallois-Perret (92) et étudiant à Polytechnique, devenir chef était une suite logique après avoir été éclaireur.
"Pour ma part, je voulais faire vivre notre petit groupe de campagne à Chéroy, dans l’Yonne. C’est là où j'ai fait toutes mes années de scoutisme, je voulais rendre ce que j’ai reçu", confie Bérénice, 21 ans et Akela dans le groupe Sainte Jeanne de Chantal chez les Scouts et Guides d’Europe.
Quelques difficultés
Si ces étudiants débordent d’enthousiasme, ils sont parfois rattrapés par la réalité. Plusieurs d'entre eux reconnaissent que la distance entre leur lieu d’études et leur groupe scout est le principal obstacle. Jeanne est étudiante en Master 1 de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF) à Rennes et anime une compagnie dans son groupe d’origine dans l’Yonne. "Je mets bien 4 heures pour aller à un week-end", explique la cheftaine de compagnie. Même contrainte pour Angel qui habite à La Roche-sur-Yon (85) et doit rentrer en Picardie régulièrement pour assurer son rôle de chef.
De son côté, Thibault a réussi à mener de front des études très exigeantes. Après deux années de classes préparatoires, il réussit à intégrer l’école Polytechnique. Nonobstant, la charge de travail qu’il devait fournir quotidiennement, le chef de troupe du groupe Giorgio Frassati a maintenu un engagement scout adapté à son travail. "Quand j’étais en prépa, je participais à un week-end dans l’année, un CEP, et au camp d’été", confie le jeune ingénieur. "Il faut savoir prendre du temps pour soi quand on a beaucoup de boulot. Pour moi, c’était le scoutisme", souligne-t-il.
Peut-on vraiment concilier les deux ?
En dépit de certaines contraintes, une majorité d’entre eux pensent que la réussite scolaire et l’engagement scout sont conciliables. Parfois, les universités facilitent même l’engagement associatif. "La fac de Rouen accompagne les personnes qui sont engagées dans une association. Par exemple, ils n’ont pas de TD le samedi", explique Hippolyte, 27 ans, doctorant en droit public et délégué territorial chez les Scouts et Guides de France. Il arrive aussi que l’université valorise l’investissement fourni avec un demi point en plus sur la moyenne générale, comme en témoigne Hippolyte.
"C’est une question d’organisation", martèle Audrey, cheftaine SGDF, en 2ème année de prépa intégrée en école de chimie à Rennes. Selon elle, il faut s’appuyer sur les autres membres de la maîtrise. "On peut gagner du temps, noter dès qu’on a une idée de grand jeu, de thème spi, d’une activité sympa à faire, c’est toujours ça de gagner au moment de la préparation", explique la jeune fille de 19 ans.
Un ancien CP ou une ancienne CE qui commence ses études, peut être tenté de se demander si poursuivre le scoutisme est pertinent ou non. Il est vrai que certains d’entre eux ont déjà passé plus de dix ans au sein du scoutisme, et que les études supérieures demandent du travail personnel. "Il faut commencer doucement en prenant conscience de la charge de ses études. Je conseille de faire une année au clan car c’est moins prenant et plus adaptable que la troupe", suggère Servan, chef de la troupe Saint Denis chez les Scouts Godefroy de Bouillon à Conflans-St-Honorine. "Peut-être qu’au début ça va être dur, mais je suis persuadé que ce n’est pas infaisable. Après chaque après-midi, chaque week-end passé avec les jeunes, tu vas juste vouloir y retourner", conclut Audrey.