Catéchumène. Catéchuménat. Néophyte. Néophytat. Si les termes semblent abscons, ils renvoient pourtant aux premiers siècles du christianisme (du Ier au VIe, ndlr) durant lesquels les conversions sont nombreuses. L’Église, à cette époque, a totalement intégré dans ses mœurs, sa liturgie et ses catéchèses, l’accompagnement des adultes cheminant vers les trois sacrements de l’initiation chrétienne que sont le baptême, l’eucharistie et la confirmation.
À partir du VIIe pourtant, avec le Sacramentaire gélasien, le catéchuménat est supprimé. Il faudra attendre le concile Vatican II et la Constitution liturgique Sacrosanctum concilium (1963) pour qu’il soit de nouveau instauré. Ce retour s’explique par l’état de l'Église, qui se trouve, selon le pape François à "une nouvelle étape évangélisatrice". Cette étape qui semble conduire l’Église à devenir une Église catéchuménale. Mais pour que cette transformation s’opère, il faut se réapproprier la tradition antique du catéchuménat… mais aussi du néophytat, afin que les adultes qui se convertissent perdurent dans la foi.
L’initiation des adultes
De quoi parle-t-on exactement ? Le catéchuménat correspond à un parcours constitué d’étapes, de périodes, déployant une pédagogie et une pastorale spécifique. Ce chemin concerne des personnes non baptisées à la naissance, notamment des adultes, qui se préparent aux sacrements de l’initiation chrétienne. Un catéchumène est celui qui fait le souhait d’entrer officiellement dans l’Église, par le rite de l’entrée en catéchuménat. De ce fait, se distinguent une étape de pré-catéchuménat, où les motivations des "candidats" sont scrutées, et la période propre du catéchuménat qui conduit au baptême. Le terme néophyte désigne, lui, le jeune baptisé adulte et correspond à une période allant de Pâques jusqu’à la Pentecôte. Son étymologie rappelle la fragilité de la foi naissante. Toutes ces étapes et périodes sont contenues dans le "Rituel de l’Initiation Chrétienne des Adultes" (1972). Le mot néophytat lui, n’y figure pas, car il a été inventé récemment pour désigner un parcours post-baptême. Ainsi, ces mots sont issus de la tradition de l’Église, qui nous informe que le sacrement n’est pas une fin en soi, mais le début d’un parcours.
Le catéchuménat des premiers siècles durait en moyenne trois à quatre ans. Aujourd’hui, il dure près de deux ans. Mais certains peuvent avoir le sentiment d’être “lâchés dans la nature” après leur baptême. La conversion est un lent processus de maturation et implique des étapes nécessaires à respecter et à accompagner, au risque de voir le jeune converti, ne pas perdurer. De ce fait, plus il y a de néophytes, plus les paroisses et les fidèles sont invités à être attentifs afin de les soutenir dans leur cheminement.
Un parcours post-baptême
Dans les premiers siècles, cette période allant de Pâques jusqu’à la Pentecôte était composée de temps pour poursuivre la formation et l’approfondissement du mystère de la foi et des sacrements par les catéchèses mystagogiques, mais aussi par un temps liturgique propre, composés des messes dites des néophytes chaque dimanche de Pâques. Après cette période, les parrains, marraines, les pasteurs, et toute la communauté veillaient à la bonne intégration des néophytes.
Pour aider les nouveaux baptisés à trouver leur place dans les paroisses, ces dernières peuvent par exemple instaurer un parcours post-baptême, durant un ou deux ans, qui s’axe autour de trois points essentiels. Le premier est la maturation de la foi par l’approfondissement du mystère pascal et de la prière. Vient ensuite une formation catéchétique plus poussée pour faire grandir l'intelligence de la foi. Celle-ci peut par exemple se baser sur les quatre grandes parties du catéchisme de l’Église catholique, des éléments de la doctrine sociale de l’Église et une instruction sur les péchés capitaux et les vertus cardinales, afin de savoir comment conduire sa vie en se connaissant davantage pour repérer ses lieux de fragilité et les combats à mener pour grandir.
Des propositions afin de faciliter et encourager l'intégration communautaire et ecclésiale peuvent aussi être discutées dans les paroisses. L’objectif ? Faire du néophytat un lieu de passage de la conversion à la vocation, qui elle-même conduit à la mission. En somme, faire des néophytes des disciples missionnaires !