En Terre sainte, la nouvelle page du conflit israélo-palestinien qui s'écrit depuis le 7 octobre n’est pas sans affecter le sort des volontaires présents dans le pays. Depuis les attaques terroristes menées par le Hamas dans les kibboutz situés autour de la bande de Gaza, l’armée israélienne a engagé une vaste opération de représailles sur cette zone. L’escalade de la violence et le risque de propagation du conflit au-delà de cette enclave ont incité de nombreuses organisations et associations françaises à rapatrier ces derniers jours leurs bénévoles missionnés en Terre sainte.
La majorité des volontaires est localisée à Jérusalem ou dans les Territoires palestiniens non exposés directement aux combats, en Cisjordanie principalement, comme à Bethléem. Ces zones, à l’inverse de Gaza et de la frontière nord qui sépare Israël du Liban, ne sont pas "formellement déconseillées" selon la formule employée par l’ambassade de France en Israël, mais "déconseillées sauf raisons impératives."
Pour autant, le contexte sécuritaire particulièrement anxiogène pousse certaines associations à anticiper des retours anticipés en France. C’est le cas de l’Ordre de Malte France, dont deux bénévoles travaillaient à l'Hôpital de la Sainte Famille de Bethléem ont été rapatriés rapidement après le début du conflit. L’Œuvre d’Orient a, elle aussi, dû renvoyer plusieurs bénévoles en France, sur ordre du consulat de Jérusalem. En mission à Jérusalem et Bethléem pour une durée de trois à neuf mois, les sept volontaires que compte l’association sur place sont rentrés dès le 18 octobre dans l'Hexagone.
"Bien-sûr, plusieurs volontaires sont déçus, surtout ceux qui venaient d’arriver sur place, mais beaucoup sont rassurés de pouvoir repartir", affirme à Aleteia Marie Neron Brancel, chargée de mission au service des volontaires de L'Œuvre d'Orient. Une fois rentrés en France, L'Œuvre d'Orient ne les laisse pas sans perspective et leur propose des missions en France, avec Le Rocher par exemple, ou des affectations dans d’autres pays surtout quand leur volontariat venait à peine de commencer. Pour Alexane, en mission dans une maison de retraite de Jérusalem-Est depuis mi-septembre, ce départ lui laisse un goût amer. "J’avais une mission de trois mois seulement. Repartir alors que je commençais tout juste à m’acclimater à ma mission est forcément décevant. J’ai un sentiment d’inachevé. J’espère vraiment pouvoir y retourner plus tard, cet été peut-être, si les choses s’améliorent."
Des réaffectations à Jérusalem
Certaines associations ont toutefois, avec l’approbation du consulat de Jérusalem, pu rester sur place pour assurer leurs missions. C’est le cas du Secours catholique, dont le personnel présent à Jérusalem est pour le moment toujours sur place. La Délégation pour la Coopération Catholique (DCC) a quant à elle anticipé une potentielle injonction de quitter la Cisjordanie, explique à Aleteia Guillaume Nicolas, Délégué général de la DCC : "Nous avions 14 volontaires en Israël et Palestine. Aucun n’était vers Gaza mais nous avons pu déplacer ceux qui se trouvaient en Cisjordanie à Jérusalem. Le déplacement s’est fait sereinement, rapidement après le début de la guerre".
Une fois dans la ville sainte, tout s’est décidé au cas-par-cas, en fonction des volontaires souhaitant continuer leur mission dans Jérusalem et de ceux qui préféraient partir. "Sur les 14 volontaires en Terre sainte, huit ont pu rester à Jérusalem. Certains ont été réaffectés en missions de santé ou de soins", poursuit Guillaume Nicolas. En mission pour une année au minimum, les volontaires de la DCC sont sous statut VSI (Volontariat de Solidarité Internationale), statut qui permet d’ancrer les volontaires dans le temps long et de favoriser une forte insertion locale, ce qui explique le maintien des volontaires sur place avec l’approbation du consulat, détaille encore Guillaume Nicolas.
Une pénurie de volontaires
Si plusieurs bénévoles ont pu rester en Terre sainte, notamment à Jérusalem, le départ d’un certain nombre d’entre eux aggrave la tendance déjà constatée d’un véritable déficit de volontaires dans ce pays. Au début de l’été, plusieurs organisations avaient regretté un manque de candidatures pour un départ en septembre 2023. Un creux de recrutement qui inquiétait déjà les partenaires locaux pour lesquels le soutien des volontaires français est fondamental pour les écoles, les établissements de santé et les centre de communication. "La présence de volontaires étrangers est une énorme valeur ajoutée pour nous. Ils ont un super état d’esprit, ils insufflent une énergie vraiment irremplaçable à nos équipes de soignants et à nos patients", confiait Alex Hadweh, le directeur de l’hôpital Saint-Louis de Jérusalem, à Aleteia.