Le calme intérieur témoigne qu’une personne vit dans la foi et qu’elle se sait aimée. Être calme, c'est se laisser habiter par cet amour. Quand on se consacre au calme de la prière, la foi, l’amour et l’espérance grandissent. La capacité de l’homme à se tourner vers Dieu dans un calme aimant est un don qui vient du cœur de Dieu lui-même. Le mystique dominicain Jean Tauler (+1361) expliquait que le calme accroît notre connaissance de Dieu :
L’âme entre dans l'obscurité divine, pour y être unie à Dieu dans un calme divin. C’est là que se perd tout le sens de ce qui est plaisant et déplaisant dans la vie. C’est là que la connaissance de Dieu par l'âme est si élevée qu'il semble y avoir une union parfaite.
Pour atteindre ce calme, il faut une ascèse qui vient du saint travail de l'autodiscipline. Le père Jean Tauler conseille :
Il est nécessaire d’aimer la vie cachée, de se conduire vertueusement, de ne jamais se plaindre et de ne jamais rechercher de confort extérieur. Cela est très différent de ceux qui ont peu progressé dans la vertu, qui connaissent peu Dieu dans leur âme intérieure. Ceux qui recherchent le calme fuient la multiplicité qui s’offre à l’extérieur, éliminent sans cesse les obstacles à la vertu, offrent tout à Dieu et, par ce mode de vie, se rapprochent de la Sainte Trinité.
Le calme façonne également la manière dont l’homme envisage son avenir, en nourrissant ses attentes d'une sainte espérance, comme l’explique le père Gerald Vann, théologien britannique du XXe siècle :
Si nous refusions de vivre à la surface de l’existence, au rythme effréné de la vie moderne, et si nous apprenions à demeurer dans le calme et à prier, alors, dans ce silence, nous commencerions à prendre conscience des horizons lointains qui donnent le sens à ce monde. C'est ainsi que nous pourrions accomplir notre travail quotidien en Dieu, avec Dieu et pour Dieu. Sa compagnie vivifierait notre volonté et nous libérerait de notre paresse.
Grâce à ce calme, le croyant peut faire l'expérience de l'amour de Dieu à un degré jamais ressenti auparavant. C’est ce que rappelle le prêtre jésuite allemand Alfred Delp (1907-1945) :
Quand tout le reste échoue, nous nous souvenons de Dieu et l’appelons à l'aide. Dans le calme de ce saint contact, l'aide vient assurément. Tôt ou tard, nos efforts infructueux pour échapper à nos limites doivent cesser et nous réalisons leur futilité. Nous devons devenir suffisamment calmes pour prendre conscience de l'omniprésence de Dieu, pour sentir sa main réconfortante et lui ouvrir notre cœur afin qu’en silence sa guérison opère. Alors, les eaux couleront sur le sol aride et il redonnera du fruit. La seule condition à cela est de rester calme. Nous avons de nombreuses blessures - mais Dieu fait aussi de nombreux miracles !