Venu à Rome pour son cardinalat le 30 septembre et pour l’ouverture du Synode sur la synodalité le 4 octobre, le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa, a dû rentrer en urgence auprès des siens, alors que le conflit en Terre Sainte s’est cruellement embrasé avec des bombardements de grande ampleur. "Je n'ai pu rentrer [que lundi soir], et de manière assez brutale, avec l'aide des autorités civiles et militaires, tant israéliennes que jordaniennes, car je suis entré par la Jordanie", a expliqué le prélat à Vatican News. Le patriarche latin, qui vient tout juste d’être créé cardinal, a trouvé "un pays effrayé" et "tant de colère et tant d'attente d’une parole de conseil, de réconfort et aussi de clarté sur ce qui se passe".
Le cardinal Pizzaballa, qui a récemment alerté à plusieurs reprises sur le feu qui couvait sous les braises, s’inquiétant de la situation des Palestiniens, s’est attristé d’avoir été "un prophète facile". "L'escalade de l'affrontement était visible pour tous. Mais une explosion d'une telle violence, d'une telle ampleur et d'une telle brutalité, personne ne l'avait prévue" a-t-il confié. Dès le dimanche, au lendemain du raid du Hamas en territoire israélien déclenché en pleine fête juive de Simha Torah, le pape François a lancé un appel depuis la fenêtre du palais apostolique, lors de l’angélus qu’il présidait place Saint-Pierre. "Le terrorisme et la guerre n’apportent aucune solution", a averti le chef de l’Église catholique, exprimant sa "douleur" pour ces événements. "Que les attaques et les armes cessent ; s’il-vous-plaît !", a alors lancé l’évêque de Rome, implorant "la paix en Israël et en Palestine".
La prière des membres du Synode
Une prière dont les membres du Synode se sont fait l’écho, consacrant notamment la prière du jeudi matin à la paix dans le monde. Lors de ce moment présidé par le cardinal irakien Raphaël Sako, les pères et mères synodaux ont mentionné en particulier la Terre Sainte, le Liban, l’Ukraine et l’Irak. Plusieurs des interventions, au fil des jours, ont fait part de cette préoccupation commune.
Alors que les bombardements se poursuivent, le Pape a lancé un nouvel appel lors de l’audience générale de mercredi. Grave, visiblement atteint par cette guerre ouverte, il a demandé la libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Reconnaissant le droit d’Israël de se défendre, il s’est dit cependant "très préoccupé par le siège total" imposé dans la bande de Gaza où vivent 2,3 millions de Palestiniens. "Le Moyen-Orient n’a pas besoin de guerre mais de paix ; d’une paix construite sur la justice, sur le dialogue et sur le courage de la fraternité", a lancé le Pape devant les fidèles.
Des chrétiens déracinés
François a également téléphoné à deux reprises au curé de Gaza, le père Gabriel Romanelli, pour lui manifester "sa proximité et ses prières" et pour savoir "comment allaient les gens". La paroisse de Gaza accueille actuellement 150 personnes qui ont perdu leur maison ou cherchent à s’abriter des bombardements.
Si les appels du Vatican se font pressants, avec plusieurs prises de parole du cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin, le cardinal Pizzaballa a fait part de ses craintes "que ce ne soit une guerre très longue". "Il est probable que la réponse israélienne ne se limitera pas à des bombardements, mais qu'il y aura une opération terrestre", a-t-il prévenu, s’attendant à "une nouvelle phase de la vie de ce pays et des relations entre Israël et la Palestine". "Si l'on peut parler de relations", a-t-il glissé.