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Les Arméniens du Haut-Karabagh sont-ils des séparatistes ?

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Cécile Séveirac - publié le 06/10/23
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L'offensive militaire éclair de l'Azerbaïdjan au Haut-Karabagh, menée en septembre, a réintégré par la force cette enclave au territoire azéri. Alors que celle-ci est pourtant considérée comme le berceau de la civilisation arménienne, elle est régulièrement qualifiée de séparatiste ou de sécessioniste. Ce terme est-il adapté ?

"L'Azerbaïdjan a confirmé avoir arrêté un ex-président de la République autoproclamée du Haut-Karabakh, enclave où elle vient d'emporter une victoire éclair contre les séparatistes arméniens". C'est ce que twittait ce jeudi 5 octobre l'Agence France Presse, définissant donc les habitants du Haut-Karabagh comme des séparatistes. Mais peut-on vraiment qualifier ces derniers comme tels ?

L'histoire de cette enclave, que les Arméniens considèrent comme le berceau de leur civilisation, est indéniablement complexe. Pour le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, "c'est un terme qui est loin d'être neutre, mais qui n'est pas pour autant erroné". En effet, le Haut-Karabagh, bien qu'auto-proclamé indépendant, n'a jamais été reconnu comme tel par la communauté internationale. Il s'agit donc d'un État de facto, c'est-à-dire d'une entité politique qui présente tous les éléments définissant un État (population permanente, territoire défini et instances gouvernementales), mais dont l'existence formelle n'est pas reconnue par ses pairs au niveau international. Dans les faits, le Haut-Karabagh n'a donc jamais été juridiquement arménien, alors qu'il est juridiquement azéri. Le terme "séparatiste" apparaît donc valable du point de vue du droit international.

Mais le fait de l'employer relève aussi indéniablement d'un choix politique et médiatique. Un choix qu'il peut être difficile de comprendre lorsqu'on se penche sur l'histoire douloureuse de cette région et la souffrance de son peuple jeté une nouvelle fois par la force et dans le sang sur les routes de l'exil et dans la plus grande indifférence de la communauté internationale.

Un territoire déchiré

En 1988, le Haut-Karabagh qui avait été rattaché à la République soviétique d'Azerbaïdjan par Staline votait son rattachement à l'Arménie, bien que refusé par Bakou et Moscou. Lors de la chute de l'URSS, en 1991, la région proclame finalement son indépendance mais cette dernière ne sera jamais reconnue par la communauté internationale. La nouvelle République auto-proclamée est alors soutenue par la République d'Arménie, sans pour autant être rattachée à celle-ci. L'ONU reconnaît quant à elle toujours le Haut-Karabagh comme azéri. Si un cessez-le-feu est obtenu en 1994, plusieurs affrontements épisodiques, plus ou moins intenses, continuent de poindre.

En septembre 2023, l'Azerbaïdjan, avec le soutien turc, a mis un point définitif à la guerre de 2020 en envahissant totalement le Haut-Karabagh et en l'intégrant de nouveau au territoire azéri, après la reconnaissance officielle par Erevan de la souveraineté de l'Azerbaïdjan sur cette région. Les Arméniens du Haut-Karabagh, déjà affaiblis par le blocus interminable du couloir de Latchin, sont désormais contraints de fuir leur terre vers la République d'Arménie, qui craint pourtant elle aussi pour sa souveraineté.

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