separateurCreated with Sketch.

Un dealer devenu pasteur, l’improbable itinéraire de Mick Fleming

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Cécile Séveirac - publié le 14/09/23 - mis à jour le 08/08/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Ancien criminel et toxicomane, Mick Fleming, 57 ans, est devenu pasteur protestant après un long et difficile parcours de conversion. Il a fondé "Church on the Street" qui vient en aide aux personnes démunies et en situation de dépendance, à Burnley, au nord de Manchester. Aleteia l'a rencontré.

Très populaire Outre-Manche pour son action auprès des défavorisés, Mick Fleming, pasteur protestant fondateur de "Church on the Street" était de passage à Paris cet été pour la promotion de son autobiographie "Rédemption : du deal à la vraie vie" (Mame). Aleteia a rencontré ce grand gaillard aux lunettes fumées pour qu'il nous raconte son histoire. Mick Fleming a des épaules larges qu’il semble ne pas savoir où ranger, une poignée de main vigoureuse et une voix rauque, presque brisée.

Aujourd’hui âgé de 57 ans, il met toute son énergie à apporter aide et réconfort aux grands meurtris de la vie. Sans-abris, toxicomanes, dépressifs, alcooliques, et parfois tout cela réuni. S’il s’acharne à vouloir les secourir, c’est parce qu’il a longtemps été l’un deux. Mick Fleming naît en 1966 dans une famille de la classe ouvrière de Burnley, au nord de Manchester, de tradition catholique. Il se décrit comme un petit garçon joyeux, sans histoire. Jusqu’au traumatisme, innommable, du viol vécu en pleine rue alors qu’il est sur le chemin de l’école, à peine âgé de 10 ans. Le choc est tel, explique-t-il à Aleteia, qu’il se met soudainement à voir en noir et blanc.

J’optais pour la rage, pour une vie délibérément mauvaise. Mon cœur était dur, froid. J’ai péché contre les dix commandements, contre les dix, un par un.

Alors qu’il rentre, chancelant de peur et encore abasourdi par ce qu’il vient de subir, le petit garçon n’aura jamais la possibilité d’en parler avec ses parents : sa sœur aînée, âgée de 20 ans, vient de mourir brutalement d’une crise cardiaque. "Tout a changé en une fraction de seconde, l’enfant que j’étais est mort pendant cette période", se souvient Mick Fleming. "Je suis allé prendre des médicaments dans la chambre de maman. J’ai avalé toute la tablette et je me suis allongé sur le lit. J’ai senti une chaleur et un bien-être m’envahir, j’étais comme soulagé."  C’est le début de la descente aux enfers : la drogue ne le quittera plus pendant des années. "J’ai commencé ainsi mon addiction aux substances."

Le traumatisme du viol 

Du petit bonhomme joyeux, il ne reste plus rien : la colère et la haine se sont frayé un chemin, infiltrant l’âme innocente, détruisant tout sur leur passage. "La haine est devenue ma compagne", affirme Mick Fleming. "J’optais pour la rage, pour une vie délibérément mauvaise". Violence, alcool et drogue rythment son quotidien. Devenu trafiquant de drogue, il se balade avec des machettes et des armes à feu à l’intérieur de son blouson, dans son coffre et sa boîte à gants. Il échappe à plusieurs reprises à des règlements de compte et sauve toujours sa peau in extremis. "J’aimerais pouvoir dire que c’était une autre personne qui a commis tout ça. Mais ça ne l’était pas, c’était moi. J’ai fait du mal à beaucoup de gens pour de l’argent. Et le même sort me guettait. Mon cœur était dur, froid. J’ai péché contre les dix commandements, contre les dix, un par un."

J’étais en paix, car j’étais enfin libre, non seulement de mon péché mais aussi du sien, de ce qu’il m’avait fait.

En 2009, âgé d’une quarantaine d’années, il tente de se retirer la vie en braquant un pistolet sous son menton. Alors qu’il appuie sur la gâchette, le coup ne part pas. "Dieu existe-t-il vraiment ?", se demande-t-il alors. Quelques jours plus tard, il est admis à l’hôpital psychiatrique de Burnley et entame son laborieux parcours de guérison. Évoquant l’emprise du diable sur sa vie et ses comportements Mick raconte aller jusqu’à connaître un puissant exorcisme. Progressivement, au gré des rencontres, Mick se convertit. Pendant son parcours à l’université, quelques années après sa sortie d’hôpital, il rencontre une femme pasteur protestante. "Elle m’a dit un jour : “Mick, Jésus est mort sur la Croix spécialement pour toi.” Je me suis effondré. C’était tellement personnel. Rien n’a jamais été pareil depuis ce moment. J’ai été profondément changé par cette affirmation, c’était ça le miracle."

Ce que je ne peux faire, Dieu le peut

Alors qu’il vit ses premières années de sobriété, Mick Fleming rencontre son violeur au hasard, dans un Mac Donald. Il le reconnaît immédiatement et lui donne rendez-vous le lendemain. Son intention est claire. "J’avais déjà prévu comment j’allais le tuer. J’avais pris deux couteaux avec moi pour lui trancher la gorge, devant tout le monde." Pourtant, le lendemain, alors qu’il s’assied de nouveau en face de cet homme en haillons et à l’haleine alcoolisée, Mick est incapable de lui porter le coup fatal. "Seul, je ne pouvais pas le pardonner, je n’en avais ni le courage, ni la force. Mais avec l’aide de Dieu, je le pouvais. Je ne le haïssais plus. J’étais en paix, car j’étais enfin libre, non seulement de mon péché mais aussi du sien, de ce qu’il m’avait fait. Toute la colère, la vengeance, le ressentiment que je portais en moi n’existent plus. Je ne lui ai jamais dit qui j’étais ni ce qu’il m’avait fait."

En 2019, Mick Fleming devient pasteur protestant. Quelques mois plus tard, la pandémie de Covid19 le pousse à fonder l’organisation caritative “Church on the Street” après avoir vu la misère et l’isolement dévaster les quartiers défavorisés de Burnley. "Donnez votre cœur à Dieu. Allez là où il vous appelle. N’écoutez pas ce que les gens disent : s’ils vous disent “c’est impossible”, et que vous pensez que Dieu vous veut ici, accrochez-vous."

En savoir plus :

Rédemption : du deal à la vraie vie, de Mick Fleming, Mame, 176 pages, 2023, 15,90 euros.
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !