Trois semaines de captivité, trois semaines d'enfer. Libérés le 24 août par leurs ravisseurs, le père Paul Sanogo et le séminariste Melchior Dominick Mahinini ont vécu un véritable traumatisme, rapporte l'agence de presse catholique ACI Afrique. Ces deux membres de la communauté des Missionnaires d'Afrique avaient été enlevés le 3 août dernier lors d’un assaut mené contre la paroisse Saint-Luc Gyedna, située dans l’État du Niger, au centre-nord du Nigeria.
Douze hommes armés ont fait irruption dans leur village avant de pénétrer dans leur maison. Si trois confrères ont réussi à s'échapper, le père Paul et Melchior n'ont pas eu cette chance. Alors que leurs ravisseurs leur demandaient de l'argent que les deux hommes n'avaient pas, la fureur des malfaiteurs n'a fait que redoubler. Les deux missionnaires ont été fouettés presque quotidiennement et obligés de dormir sur des rochers, avant de parcourir plusieurs kilomètres pieds-nus pour suivre les déplacement de leurs bourreaux. "Nous étions leurs esclaves", déclare le séminariste Melchior, qui ajoute : "L'absence de liberté et le fait de ne pas avoir la moindre idée de ce qu'ils allaient nous faire subir ont été troublants". Pourtant, si le traumatisme est fort, leur foi n'en a été que renforcée, affirment-ils.
Ce que nous avons vécu n'est rien comparé à la passion de Jésus.
"Lorsque les hommes nous ont emmenés, j'avais tellement peur, pensant au pire qui pouvait nous arriver. Je n'arrêtais pas de prier. Et au fil du temps, j'ai senti ma foi se renforcer. J'ai accepté ma situation et j'ai tout remis à Dieu", déclare ainsi Melchior. "J'ai pensé aux souffrances que nos pères, les premiers Missionnaires d'Afrique, ont enduré lors des débuts de notre Congrégation en Afrique. Beaucoup sont morts, mais ceux qui ont survécu n'ont pas abandonné la mission. Alors que j'étais captif, j'ai pris la ferme décision de ne jamais abandonner ma mission."
Accepter la persécution
Les deux hommes ont déjà pardonné à leurs persécuteurs et prient pour leur conversion. "J'ai commencé à prier pour les hommes qui nous ont enlevés le jour même où ils nous ont emmenés. Je continue à prier pour leur conversion afin qu'ils puissent un jour se rendre compte que ce qu'ils font n'est pas bien".
Pour le père Paul, "notre foi est construite sur la persécution. Ce que j'ai vécu en captivité, c'est ce qu'implique la prêtrise. Jésus lui-même nous l'a dit : il envoie des brebis au milieu des loups. (...) Ce que nous avons vécu n'est rien comparé à la passion de Jésus. J'ai trouvé une grande joie à unir ma douleur à la passion de Jésus".