Une église à ciel ouvert... ou presque. À Neratov, ville tchèque située à la frontière avec la Pologne, se trouve une église unique, dont la voute est une vitre permettant de voir le ciel. Très ancienne, elle a été construite en 1661, après qu'un incendie à proximité de Rokitnice eut totalement brûlé une autre église. Le curé de la paroisse reçoit alors en songe la visite de la Vierge Marie, lui demandant d'organiser une procession solennelle vers le village frontalier, Neratov.
Le prêtre fait sculpter une statue de Notre-Dame fidèle à la Vierge qu'il a vue dans son rêve. Le 15 août 1661, les fidèles accompagnés du prêtre déplacent la statue dans une chapelle nouvellement construite. Peu de temps après cet événement, l'un des habitants de Neratov est miraculeusement guéri du mal qui l'affaiblissait. On attribua un pouvoir miraculeux à la statue de la Vierge Marie et une église fut construite en 1723, qui devint aussitôt un lieu de fervente dévotion populaire, attirant de nombreux pèlerins.
L'épreuve de la guerre
En 1945, l'Armée rouge libère la majeure partie de la Tchécoslovaquie de l'emprise allemande, au prix de combats particulièrement violents et de l'expulsion des allemands, décidée à l'issue de la conférence de Potsdam. L'église est fortement endommagée et les habitants allemands ne parviennent pas à reconstruire l'édifice avant leur déportation. Alors qu'elle tombe en ruines, les communistes menacent de la démolir mais ne mettent pas leur décision à exécution. Dans la Tchécoslovaquie communiste, la marge de manœuvre de l'Église, persécutée, demeure en effet très limitée. Le père Josef Suchar, prêtre de 11 paroisses locales réparties dans 15 églises, demande à récupérer l'édifice en ruines, mais l'évêque le lui refuse.
Ce n'est qu'au début des années 1990, après la Révolution dite "de Velours" précipitant la chute du régime du Parti communiste tchécoslovaque, que la vie s'assouplit pour les catholiques. La tradition du pèlerinage est alors restaurée. L'église est inscrite sur la liste des monuments culturels et sa façade, la tour et l'horloge, ainsi que ses murs intérieurs sont restaurés. Elle n'a gardé de son ancienne vie que la façade baroque, avec sa vive couleur jaune. La fameuse cloche de verre qui recouvre l'église n'apparaît quant à elle qu'en 2007. "La manière dont nous avons rénové cette église a un message très profond", explique le père Jozef Suchar à Aleteia. La verrière, les murs sobres montrent pleinement ses imperfections, mais en même temps ce qu'elle a de beau, d'insolite. Ce ne sera plus jamais une belle église baroque, mais c'est une belle église avec un toit en verre, où l'on peut regarder le ciel ouvert tout en priant. Personne d'autre n'a ça."