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Le mois d’août ensanglanté des chrétiens du Pakistan

PAKISTAN - RELIGION - CRIME - ÉGLISE
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Cécile Séveirac - publié le 22/08/23
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Après des émeutes menées contre la communauté chrétienne de Faisalabad (Pakistan) le 16 août, des évêques catholiques ont réagi et appelé les Nations Unies à décider de véritables mesures protéger les chrétiens.

Au Pakistan, la communauté chrétienne endure une persécution systématique. Le mois d'août a été le théâtre d'une violence particulièrement forte illustrée par des attaques menées contre des quartiers chrétiens à Faisabalad, ville située dans la province du Penjab (dans l'est du pays), le 16 août 2023. Une centaine de Pakistanais de confession musulmane ont en effet pris d'assaut des habitations et des églises, poussant les chrétiens à fuir, suite à des allégations de profanation du Coran. Face à la hausse vertigineuse de ces émeutes d'une rare intensité, le Conseil des évêques catholiques du Kerala (KCBC), basé dans l'État du Kerala, au sud de l'Inde, a appelé les Nations Unies à réagir.

"Les chrétiens sont de plus en plus la cible d'émeutes et d'attaques de foule en Inde et au Pakistan", a relevé le corps épiscopal. "Il est regrettable que la population majoritaire [musulmane] au Pakistan attaque la communauté chrétienne minoritaire sur la base d'accusations infondées", ajoute-t-elle encore, avant d'appeler l'ONU à prendre des mesures décisives pour protéger les chrétiens des pays d'Asie du Sud. "La fréquence et l'ampleur de ces attaques – qui sont systématiques, violentes et souvent incontrôlables – semblent avoir augmenté au cours des dernières année", renchérit de son côté la Commission des Droits de l'Homme du Pakistan.

Maisons, églises et cimetières vandalisés

Le 16 août, 87 domiciles et 19 églises ont été détruits ou vandalisés, selon les déclarations des autorités pakistanaises à l'AFP. Des cimetières ont également été profanés. D'après la conférence épiscopale du Pakistan, ces émeutes ont été déclenchées après ce qui semble être un coup monté contre la communauté chrétienne de Jaranwala : "des inconnus ont placé le Coran sur la résidence d'un musulman à Jaranwala, district de Faisalabad, sur lequel des remarques répréhensibles ont été écrites. Le nom d'un jeune chrétien (avec sa photo) était également écrit dessus."

La foule s'en est alors prise directement aux habitations et lieux de cultes. Le quartier visé a été placé sous surveillance policière dès le lendemain du drame et environ 150 personnes ont été interpellées par les autorités. Alors qu'une enquête a été ouverte, deux chrétiens auraient eux aussi été arrêtés... pour blasphème, selon Faraz Pervaiz, militant contre la loi anti-blasphème et protestant.

Une persécution de plus en plus forte

Les chrétiens représentent la deuxième minorité religieuse du Pakistan après les hindous, soit 1,6% de la population sur les 97% de musulmans — en majorité sunnites —. Considérés comme des citoyens de seconde-zone, isolés de la société et discriminés juridiquement et économiquement, ils vivent dans une grande pauvreté et subissent de plein fouet l'application de la loi "anti-blasphème" qui conduit régulièrement à la condamnation d'innocents. Le mois de juillet 2023 avait ainsi vu se succéder presque quotidiennement des accusations de blasphème abusives.

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