Cyprien Viet, envoyé spécial à Lisbonne. Avec environ 9.800 habitants et quatorze îles disséminées dans le Pacifique, les Marquises, terre d’exil de Paul Gauguin et Jacques Brel, constituent un territoire à l’identité particulière, différente du reste de la Polynésie française et de Tahiti. Le père Emile Buchin, vicaire général de ce diocèse de Taiohae, qui ne compte que quatre prêtres en activité, est heureux de faire découvrir les Marquises aux autres pèlerins des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), mais aussi d’ouvrir aux jeunes marquisiens la possibilité de connaître d’autres réalités. "Nos jeunes prennent cela à cœur, ils sont émerveillés par tout ce qu’ils découvrent", explique le prêtre ordonné en 2006, qui vit déjà ses 7e JMJ, dont quatre comme chef de groupe.
"Aux Marquises, 90% de la population est catholique, croyante et pratiquante", précise-t-il. La foi catholique fait partie de "l’identité marquisienne", expliquent aussi les membres du groupe. Ce petit territoire entretient la mémoire d’un missionnaire breton devenu de 1973 à 1986 l'évêque de ces îles, Mgr Hervé Le Cléac’h, "honoré partout". Il fut un ardent défenseur de la langue et de la culture des Marquises, faisant de l'Église le principal pilier de la vie locale.
"Les visiteurs et les prêtres de l’extérieur qui viennent chez nous retrouvent une foi vraiment ancrée, pratiquée", explique Tahia, qui a fait un immense voyage pour venir jusqu’à Lisbonne : "Des Marquises à Papeete, il faut déjà compter trois heures de vol, puis ensuite 21 heures de Papeete à Paris. Ensuite, depuis Paris nous avons fait un parcours vers Nevers, Lourdes, Saint-Jacques-de-Compostelle, Fatima et Lisbonne", raconte-t-elle, enthousiasmée par ses découvertes et fière de témoigner de l’identité catholique des îles Marquises auprès de jeunes étonnés de rencontrer ces pèlerins venus du bout du monde.
Nicolas, marquisien lui aussi, vit un "voyage exceptionnel", avec ses premières JMJ qui sont aussi pour lui l’occasion de sa première venue en Europe”. Voir le pape François est une démarche “très émouvante”, "ce n’est pas donné à tout le monde", raconte-t-il. Alors, le Pape pourrait-il venir lui-même un jour visiter les îles Marquises, terre de "périphéries" par excellence? "Pourquoi pas, nous l’espérons! Chiche"!, lancent les jeunes de cette petite mais fervente délégation, rayonnante de foi et de simplicité.