À la liesse et la joie des jeunes réunis du 1er au 6 août à Lisbonne pour vivre les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) répond une autre actualité, douloureuse et alarmante. Au Nigeria, le sort des chrétiens ne cesse de s’aggraver. Le diocèse de Minna au Nigeria situé dans l’État de Kaduna, au centre du pays, a lancé un appel à la prière pour la libération d’un prêtre et d’un séminariste enlevés ce jeudi 3 août. Il s’agit du père Paul Sanogo, membre des Missionnaires d'Afrique (M.Afr) et prêtre de l’église, Saint-Luc de Gyedna et d’un séminariste nommé Melchior. "Nous prions que le Seigneur entende nos prières et les ramène en paix", a confié le diocèse.
Quelques jours auparavant, dans l’archidiocèse de Jos, situé dans l’État de Plateau, également au centre du Nigeria, un paroissien assurant la sécurité de leur église, la paroisse Saint-Laurent Riyom a été froidement assassiné. Pam Babos était le dernier homme debout à assurer cette mission mais fin juillet, alors qu’il revenait d’une veillée de prière où il assurait la sécurité, il a été brutalement assassiné. Aujourd’hui, l’église ne compte parmi ses quelques fidèles que des femmes essentiellement âgées, tous les hommes qui fréquentaient l’église ayant été tuées. "Babos était le dernier des hommes à fréquenter l'église de Rim. Tous les hommes de ce village sont morts, la plupart du temps entre les mains des Fulanis », a réagi le père George Barde, curé de l'église, à ACI Afrique. "Les jeunes hommes qui ont eu de la chance en ont réchappé."
Une série d’enlèvements et de meurtres
Le clergé catholique au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, est victime d’une série d’enlèvements et de meurtres par des bandes armées, principalement sur les routes du pays. En mars, la Conférence épiscopale nigériane a fait état de 81 prêtres attaqués dans le pays entre 2006 et 2023. Entre avril et mai 2023, trois religieux, dont le père Jude Kingsley Maduka, le père Chochos Kunav et le père Ralph Ogigba ont été enlevés, avant d’être libérés quelques jours plus tard. Les chrétiens sont les premières victimes d’un état sécuritaire incertain dans le pays, en proie au grand banditisme et aux attaques djihadistes du groupe Boko Haram.
Au moins 52.250 chrétiens ont été tués au cours des 14 dernières années au Nigeria, selon l’ONG nigériane Intersociety. Du 1er janvier au 10 avril 2023, déjà 1.041 chrétiens ont perdu la vie. Sur la seule année 2022, plus de 5.000 chrétiens ont été assassinés, ce qui fait du Nigeria le pays le plus dangereux du monde pour les chrétiens. Outre les massacres commis par les éleveurs peuls, les groupes islamistes qui pullulent, comme Boko Haram, mais aussi Ansaru ou encore l’ISWAP (État islamique en Afrique de l’Ouest, ndlr), contribuent à déstabiliser fortement la sécurité du pays.