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Saint Étienne, premier martyr chrétien, à l’honneur au festival d’Avignon

Festival d'Avignon, théâtre

Une pièce sur saint Etienne, écrite et réalisée par Juliane Stern, a été jouée lors du festival d'Avignon.

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Raphaëlle Coquebert - publié le 13/07/23 - mis à jour le 28/07/23
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Depuis plusieurs décennies, le festival OFF d’Avignon qui se superpose au IN (l’Officiel) a permis de diversifier l’offre théâtrale. Aussi le théâtre d'inspiration chrétienne a-t-il tout naturellement investi la Cité des Papes. Exemple avec une pièce sur le premier martyr chrétien écrite et réalisée par Juliane Stern.

Lors du festival OFF d'Avignon, qui se tient du 7 au 29 juillet, une pièce écrite et réalisée par Juliane Stern met à l'honneur le tout premier martyr chrétien, saint Étienne, dont le spectateur suit les pas avant la mort tragique et douloureuse qui l'attend.

Aleteia : Juliane, vous êtes auteur dramatique et metteur en scène. À quand remonte votre appétence pour le théâtre ? 
Juliane Stern : Je suis venue au théâtre par l’écriture. Je m’y adonne depuis très longtemps, depuis l’enfance. À l’adolescence, l’écriture dramatique s’est imposée à moi, sans doute parce qu’en elle se conjuguent le poétique et l'artisanal. Mon père étant sculpteur et ma mère céramiste, j’ai une fibre artistique qui a trouvé là de quoi se déployer. D’abord professeur de littérature, j’ai ensuite enseigné le théâtre en lycée. Mais aujourd’hui, j’arrête l’enseignement pour me consacrer entièrement à l’association que j’ai créée en 2020, Le Théâtre pneumatique.

"Je verrai le ciel ouvert" présenté cette année à Avignon est votre quatrième pièce, la deuxième consacrée à un saint.
Oui, j’en ai écrit une, Le Monde est en feu, sur la philosophe juive devenue carmélite, Edith Stein. J’avais lu une biographie d’elle qui m’avait rejointe en profondeur : je médite depuis longtemps sur le risque inhérent à la prise de parole. Or, en 1933, Edith Stein a interpellé le pape Pie XI pour qu’il prenne la défense des Juifs et elle en a payé le prix, puisqu’elle a été arrêtée suite à une vague de déportation déclenchée par l’intervention des évêques des Pays-Bas en 1942… L’affirmation de ses valeurs en a fait une martyre.

Et saint Étienne, qu’est-ce qui vous a mené à lui ?
J’ai répondu à la commande de mon évêque, Mgr Bataille, qui souhaitait faire connaître ce saint pour le Jubilé de son diocèse. Ça a été un vrai cadeau parce qu’il m’a donné carte blanche : à partir du peu d’éléments que l’on a sur saint Étienne, tirés de l’Évangile et des Actes des Apôtres, j’ai pu composer une sorte de broderie, de déambulation, tirer un fil imaginaire. Quelle chance de pouvoir laisser libre champ à sa créativité à partir d’un sujet qui m’a été imposé mais que j’ai adopté avec bonheur, en portant ce projet d’un bout à l’autre tout en étant moi-même portée par une équipe !

Festival d'Avignon, théâtre

L’Évangile et les Actes des Apôtres ont été votre seule source ?
Non, il y a eu un gros travail préparatoire pour cette pièce. J’ai consulté de nombreux livres d’exégèse sur les Actes en général, sur saint Étienne en particulier ou sur saint Paul. À propos de ce dernier, beaucoup d’auteurs ont décrypté les conséquences de l’adhésion au Christ pour un Juif : leur analyse peut aussi bien s’appliquer à Étienne. J’ai essayé de m’imprégner au mieux de l’ambiance de la Jérusalem du Ier siècle pour comprendre qui pouvait être ce Juif helléniste, accusé de blasphème par le Sanhédrin.

Comment ce spectacle est-il reçu ? 
Avant Avignon, il a été représenté 26 fois, essentiellement dans des églises de différents diocèses. Nous sommes d’ailleurs tout prêts à le jouer à la demande ! Au départ, le mariage entre fiction et sources bibliques peut désarçonner les spectateurs : ils connaissent la matière -l’Évangile-, mais la pièce leur demande de faire comme "un pas de côté". Tout à coup, Étienne n’est plus une statue fixée sur son socle, mais un jeune homme de 30 ans qui se tient devant eux et qui a peur de mourir. Son humanité prend aux entrailles : il ne peut plus renier le Christ tant il a été bouleversé par Lui, mais il sait que le Sanhédrin va le condamner à être lapidé. L’épreuve qui l’attend est considérable.

Festival d'Avignon, théâtre

Et il est seul contre tous. 
C’est ce qui le caractérise : le premier martyr chrétien est un électron libre ! C’est la raison pour laquelle j’ai opté pour une mise en scène très épurée et un monologue. Étienne, incarné par l’acteur Cédric Danielo, est seul sur scène : il se remémore son parcours, avec à ses côtés, un violoniste, Louis-Jean Perreau ou Mathieu Schmaltz, en alternance. Il y a comme un dialogue entre le texte et le son : les extraits musicaux (Bloch, Ysaÿe, Bach, Bartok) colorent le monologue, se superposant parfois à la voix du comédien.

Festival d'Avignon, théâtre

Pourquoi proposer ce spectacle à Avignon ?
Avignon est une fenêtre de visibilité : si la pièce marche là-bas, c’est un formidable accélérateur. Mais aussi un pari et un risque : la bataille est rude, il y a 1491 spectacles cette année au festival Off ! J’avais envie de la mener parce que les retours des spectateurs et des critiques sont encourageants, et que j’aimerais toucher un public plus large que les seuls chrétiens. Étienne porte un message universel : celui d’un homme qui a eu le courage de prendre le contrepied de la foule et d’affronter seul l’adversité. J’ai voulu un texte poétique et non dogmatique ou catéchétique. N’imposant rien, il peut résonner en tous.  

Le Théâtre pneumatique a-t-il d’autres projets en cours ?
Oui, plusieurs sont sur les rails. Entre autres, une pièce sur sainte Joséphine Bakhita, que j’ai découverte grâce au livre de Véronique Olmi. Cette fois, ce sera un dialogue entre deux personnages. Le fil rouge ? La fraternité qui les relie : en dépit des différences parfois abyssales entre deux êtres humains, la fraternité est première. 

Pratique

« Je verrai le ciel ouvert », Théâtre Tremplin, salle des baladins, 7 rue du Bon Pasteur, du 7 au 29 juillet à 14h30 - sauf 18, 26 juillet. Réservation : 04 90 85 05 00

Découvrez les pires supplices endurés par les martyrs pour leur foi :

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