Dans notre société matérialiste, nous avons tendance à accumuler beaucoup d’objets dans nos maisons. Des objets déco, des livres, des ustensiles de cuisine, des milliers de jouets pour enfants, mais aussi des souvenirs et des choses dont « on pourrait avoir besoin un jour ». Cependant, cette accumulation d’objets peut créer un véritable désordre dans nos lieux de vie, et par conséquent dans notre esprit. Ils peuvent nous distraire, créer de l’anxiété, nous ôter la paix et, en passant du temps à ranger, nous enlevons même du temps précieux à la prière.
Depuis plus de dix ans, Marie Kondo, essayiste japonaise spécialisée dans l’art du rangement, a aidé des millions de personnes à désencombrer leurs maisons pour retrouver des lieux de vie paisibles et sereins, avec seulement l’essentiel. Toutefois, bien avant elle, des saints avaient transmis l’importance de la simplicité, du désencombrement et du détachement des choses matérielles pour préserver la paix intérieure et surtout pour se concentrer sur ce qui est véritablement essentiel à notre cœur, c’est-à-dire Jésus Christ.
Dans le livre The Little Way of Living with Less: Learning to Let Go with the Little Flower (2022), l’auteur catholique américaine Laraine Bennett rappelle l’exemple de sainte Thérèse de Lisieux qui grâce à sa « petite voie », peut nous apprendre à vivre avec moins. Très tôt, et avant d’entrer au couvent, cette grande sainte avait compris la valeur de la simplicité et de l'insignifiance des choses matérielles. Dans Histoire d’une âme, elle écrit que lors d’un séjour à Alençon, à l’âge de 10 ans : « Tout était joie, bonheur autour de moi, j'étais fêtée, choyée, admirée […] J'avoue que cette vie avait des charmes pour moi ». Cette grande sainte avait grandi dans sa maison des Buissonnets, à Lisieux, où elle avait pu vivre dans le confort. Son père, Louis Martin, était horloger-bijoutier et sa mère Zélie était dentellière. Il est donc facile d'imaginer que sa maison était décorée de beaux meubles et de beaux objets.
Pourtant, Thérèse en grandissant n’y attacha pas grande importance. « Je vois que tout est vanité et affliction d'esprit sous le soleil et que l'unique bien, c'est d'aimer Dieu de tout son cœur et d'être ici-bas pauvre d'esprit » écrivait-elle, avant d’ajouter « La joie ne se trouve pas dans les objets qui nous entourent, elle se trouve au plus intime de l'âme ». Elle savait que la joie d’une vie centrée sur Dieu dépassait de loin le bonheur temporaire et éphémère trouvé dans les choses matérielles. Elle savait également que l’homme est passager sur la terre et qu’il doit garder les yeux rivés vers le Ciel. Comme elle le disait si bien : « La vie est ton navire et non ta maison ! ».
En simplifiant sa maison et sa vie, on peut se concentrer sur l’essentiel. On est moins distrait, moins dispersé, moins accablé par les choses matérielles et plus concentré sur les objectifs les plus importants : aimer Dieu et son prochain. Nos maisons deviennent ainsi des lieux de repos et de paix, où chacun se sent plus léger et plus libre. C'est le message le plus important de sainte Thérèse et de la "petite voie" : notre vocation est l'amour, et pour aimer pleinement et librement, nous avons besoin que nos cœurs soient détachés de tout ce qui nous retient.