Selon le dernier état des lieux des églises de France mené par la Conférence des évêques de France (CEF) en septembre 2016, 255 églises ont été désaffectées ou vendues depuis 1905. Cela représente à peine 0,6% des 42.258 églises et chapelles recensées dans l’Hexagone. Parmi elles, 140 sanctuaires dont des communes étaient propriétaires ont été désaffectés et 115 églises diocésaines vendues. Mais qu’est-ce que cela signifie une église désacralisée ? Le terme de "désacralisation" désigne la procédure canonique tandis que la "désaffectation" désigne la procédure civile. Dans son article 13, la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 autorise la désaffectation d’une église dans trois principaux cas : la non-célébration du culte pendant plus de six mois consécutifs, l’insuffisance d’entretien et le détournement de l’édifice de sa "destination".
La demande de désaffectation d’une église est déposée par une équipe municipale auprès du préfet, qui interroge l’évêque pour obtenir son accord. S’il l’obtient, la désaffectation est prononcée par arrêté préfectoral ou, dans certains cas de figure, par décret du Conseil d’État. L’évêque, de son côté, peut procéder à une désacralisation de l’édifice.
Un souhait sur la destination future du lieu
Un dernier office est célébré dans l’église en question, présidé par l’évêque lui-même ou par un prêtre. Les célébrants portent des vêtement liturgiques violets, en signe de pénitence et de deuil. C’est l’occasion de prier pour ceux qui ont été baptisés, confirmés ou mariés dans le lieu, ceux pour qui un office des funérailles y a été célébrés mais aussi pour tous ceux qui sont venus prier dans cette église.
Une dernière eucharistie peut aussi être célébrée lors de ce dernier office. À la fin de la célébration, un rite prévoit que l’assemblé quitte les lieux lors d’une procession en prenant soin d’enlever la croix de l’autel ou la croix du chœur, l’évangéliaire de l’ambon et aussi le tabernacle. Le chancelier diocésain produit ensuite un décret stipulant que l’église a été désacralisée.
Il est à noter que l’évêque peut émettre le souhait que la destination future du lieu soit respectueuse de sa fonction d’origine. Le canon 1222 du code de droit canonique indique à ce sujet : "Si une église ne peut en aucune manière servir au culte divin et qu’il n’est pas possible de la réparer, elle peut être réduite par l’évêque diocésain à un usage profane qui ne soit pas inconvenant".