La fonction même des évêques et des cardinaux diffère. Ainsi, l’évêque est un successeur des apôtres et assure la supervision d’une circonscription territoriale que l’on nomme diocèse. Le statut de cardinal relève quant à lui d’une dignité et non d’une fonction. En pratique, ils assistent le pape dans le gouvernement de l’Église, comme des sortes de ministres et forment ce que l’on appelle la Curie romaine, qui est l’organisme gouvernemental, administratif et judiciaire du Vatican. Le droit canon précise ainsi que le Collège cardinalice est "le sénat du pontife romain : ils l’assistent comme ses principaux conseillers et aides dans le gouvernement de l’Église". Dans leur fonction administrative, les cardinaux sont à la tête de ce que l’on nomme dicastères du Vatican. Les évêques sont quant à eux garants de l’annonce de la foi et de l’Évangile dans leur diocèse et exercent une forme de gouvernement dans le diocèse qui leur est confié. Les archevêques sont également évêques mais gouvernent la collégialité entre les évêques de plusieurs diocèses qu’administrent un même territoire nommé province ecclésiastique.
Une procédure de nomination qui diffère
Seul un prêtre peut être nommé évêque. Pour cela, le nonce apostolique, c'est-à-dire le représentant du pape auprès d'un gouvernement étranger (une sorte d’ambassadeur du Vatican) soumet au pape une liste de trois noms, sélectionnés après une enquête discrète et approfondie. Ce ne sont pas les prêtres eux-mêmes qui se présentent mais les évêques en fonction qui indiquent les noms des prêtres qu’ils pensent être aptes à cette mission. Une enquête est alors menée dans le secret, auprès des proches du potentiel futur évêque, pour déterminer si celui-ci est à même de recevoir la charge épiscopale.
Le nonce présente finalement au pape les trois profils sélectionnés, et c’est à lui que revient de discerner qui sera envoyé pour cette mission. L’évêque n’entre toutefois en fonction que lors de son ordination épiscopale, qui est le troisième volet d’un seul et même sacrement, l’ordination, dispensée au diacre, au prêtre, et à l’évêque. Les procédures de nomination ont longtemps varié et aujourd'hui encore, elles diffèrent selon les pays. Plus rarement, un évêque peut aussi être nommé intuitu personae par le pape lui-même, mais cette procédure demeure exceptionnelle.
Les cardinaux sont quant à eux le plus souvent nommés parmi les évêques et le pape est parfaitement libre de choisir qui il veut, à condition que le futur cardinal soit ordonné prêtre. Si plus de 5.000 évêques administrent aujourd'hui l’Église catholique à travers le monde, la réforme liturgique de Paul VI menée en 1973 a fixé le nombre de cardinaux électeurs à 120. Actuellement, l’Église compte environ 220 cardinaux au total. Ceux-ci sont nommés à vie, mais ne demeurent électeurs du souverain pontife que jusqu’à quatre-vingt ans, âge auquel ils sont exclus du conclave.
Petit guide des bons usages
Contrairement aux diacres, aux prêtres et aux évêques, les cardinaux ne sont pas ordonnés et leur fonction ne relève que du droit ecclésiastique : outre leur propre ordination sacerdotale, ils ne sont pas, par leur fonction, des pasteurs. Les cardinaux électeurs ont quant à eux également la charge d’assurer la vacance du Saint Siège à la mort du pape et d’élire son successeur lors d’un conclave. On utilise l’expression "créé cardinal", là où l’on parle de "consécration épiscopale" pour un évêque et l’on reconnaît les cardinaux à la couleur rouge qui leur est attribuée, alors que les évêques arborent le violet. Enfin, si l'on réserve aux cardinaux le titre d’"Éminence", on appelle un évêque "Monseigneur".