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Être parrain ou marraine, un engagement en dialogue avec le Christ

BAPTISM
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Benoist de Sinety - publié le 21/05/23
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Être parrain ou marraine, un engagement exigeant qui ne vaut que par le désir d’y parvenir. Il ne s’agit pas d’être exemplaire, explique Benoist de Sinety, curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille, mais de dire oui, sans avoir peur, avec le Christ.

"Et vous qui avez accepté d’être le parrain et la marraine de cet enfant, acceptez-vous d’aider ses parents à exercer cette responsabilité ?" Aux quatre coins du monde la question retentit à chaque baptême. "Il s’agit que vous répondiez “oui”, sinon on arrête tout..." Un jour que je parlais un peu trop légèrement de ce dialogue aux intéressés, un futur parrain, me fixa du regard et me reprit poliment mais fermement : « Vous ne pensez quand même pas qu’on peut répondre à la légère ? » D’un coup, mon sens de l’humour fut rappelé à l’ordre et moi avec !

Un don et un engagement

Non bien sûr qu’il ne faut répondre à la légère à cette question qui sollicite la liberté de celui à qui elle est posée et provoque ainsi son engagement. Car, finalement, qu’est-ce qu’être parrain ou marraine sinon s’engager en réponse à un don gratuit qui vous est fait ? Don souvent issu d’une amitié ou d’un lien de parenté avec les parents du bébé. Une histoire commune qui nous a construit et qui se prolonge dans les choix de vie des uns et des autres, et donc dans le partage de la bonne nouvelle d’une naissance. Engagement, car devant ce petit d’hommes, la Vie lance un appel et, par sa beauté, donne à chacun le désir de croire que tout est donc possible.

"Oui" : dans ces trois lettres il y a le tremblement d’une promesse à tenir, la joie d’y être invité et l’espérance de ne pas être trop seul pour accomplir ce que ce mot contient de certitudes et aussi de désillusions. La valeur d’une promesse n’est pas tant dans la fidélité mise en œuvre pour y parvenir, que dans l’acceptation de ne pouvoir la tenir seul. Aider quelqu’un à découvrir le Christ, l’Église, la Vie de l’Évangile... qui peut raisonnablement penser y parvenir ? Les liens de l’amitié dureront-ils avec les parents qui appellent à cette mission ? Ma foi résistera-t-elle au vieillissement de mon être ? Faut-il être exemplaire ?

Manifester son désir

Il n’y a pas de chrétien sans relation au Christ. La vie de l’Esprit est relation, la Parole de Dieu est relation, les sacrements sont relations. Il n’y a pas de vie chrétienne qui n’entre d’une manière ou d’une autre en dialogue avec le Christ. Ou on n’est pas chrétien : on est un homme religieux, qui craint Dieu et cherche à s’attirer ses bonnes grâces ou en tout cas à ne pas lui déplaire, ce qui n’est pas rien, mais ce qui n’est pas tout non plus.

Il n’y a pas de vie chrétienne qui n’entre d’une manière ou d’une autre en dialogue avec le Christ.

Être parrain ou marraine, c’est donc manifester publiquement son désir de nouer ou de poursuivre une relation avec Jésus, de le rechercher, de vouloir mieux le connaître, l’accueillir. Le désirer ne signifie pas y parvenir toujours selon une courbe progressive sans faille ni retour en arrière. Car nul ne sait ce que demain réserve. Mais chacun sait ce qu’il peut faire aujourd’hui, là, maintenant, ici. Et s’il s’y donne le temps et y investit l’énergie pour être ce qu’il s’est engagé à vivre. Aucun filleul n’a besoin d’une figure héroïque, il suffit qu’elle soit iconique. C’est-à-dire qu’elle puisse donner envie à celui qui l’observe d’aller plus profond, de découvrir à-travers, d’avancer au large.

Ne pas avoir peur

Être un bon chrétien n’a finalement pas grand sens : qui peut prétendre y parvenir ? Tout est dans l’ardeur du désir, la puissance de la volonté. Non parce que cela reposerait sur les seules forces humaines, mais parce qu’ainsi nous ouvrons une possibilité à la grâce de faire en nous et par nous son œuvre. Au-delà de nos échecs et de nos chutes. Pas plus qu’un "bon chrétien", un "bon parrain" n’a réponse à tout. Déployer devant son filleul piété et observances, même si tout cela est bel et bon, ne suffit pas.

Peut-être que le secret pour vivre cette mission, comme d’ailleurs pour toute mission au service de l’annonce de l’Évangile, consiste à ne pas avoir peur de s’engager, à ne pas avoir peur d’y aller. En sachant que l’on tombera, que l’on faillira, que l’on trahira. Mais que le Christ est là, qui marche à notre pas et nous relève, et nous restaure, et nous console et nous rend à la vie à chaque fois que la mort menace. Et que vivre cela, c’est vivre la joie de croire.

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