"Et s’il suffisait d’y croire ?" : le slogan d’Heavn est à lui-même tout un programme. Alors que les applications de rencontre ne sont pas réputées recommandables pour ceux qui rêvent d’une rencontre qui se termine comme un conte de fée, il est temps de décomplexer les derniers célibataires qui n’osent pas se lancer. "Il faut se détacher d’une idée préconçue de la rencontre idéale, affirme Guiral Ferrieu, cofondateur d’Heavn. La rencontre en ligne s’est normalisée mais les catholiques restent frileux, alors que cette fameuse magie que tout célibataire espère a toujours lieu, quel que soit le moyen de la rencontre." Heavn, c’est l’histoire de deux amis, à l’origine célibataires, qui ont voulu créer l’application qu’ils cherchaient. En 2016, Guiral est encore ingénieur du son chez RCF en Bretagne, tandis que Pierre, qui vient de terminer ses études, est médecin onco-généticien à Bordeaux. Mission réussie pour lui, qui a rencontré son épouse sur l’application qu’il a co-créée.
Décomplexer les rencontres en ligne
"À l’époque, explique Guiral, il existait bien quelques sites de rencontre chrétiens, mais tous étaient payants et, il faut l’avouer, un peu datés. Leur pendant moderne, les applis de rencontre du type Tinder, sont quant à elles axées sur les rencontres superficielles et ne correspondaient pas non plus à ce que nous cherchions en tant que catholiques. Nous avons alors eu l’idée de tirer le meilleur des deux : à la fois le fonctionnement des applis modernes et gratuites, tout en conservant la vocation chrétienne des rencontres durables ». C’est ce qui a convaincu François*, qui s’est inscrit sur l’application il y a un peu plus d’un an : "Les applications comme Tinder ont perverti les relations entre hommes et femmes : on pense avoir accès au monde entier, et on finit par ne plus rencontrer personne par peur de passer à côté de ‘‘mieux’’."
Aujourd'hui, selon les fondateurs de Heavn, quelque 50.000 membres âgés de 18 à 85 ans seraient inscrits sur l’app. « Pour pouvoir rencontrer quelqu’un, estime Blandine qui a connu son fiancé sur Heavn, il faut pouvoir se détacher de l’idée préconçue que l’on se fait de l’homme ou de la femme idéale, et arrêter avec cet impératif qui nous oblige à rechercher la personne parfaite : bon physique, bon métier et bonne famille. Et puis si l’on n’est pas prêt à s’inscrire sur un site de rencontre, c’est aussi peut-être qu’on n’est pas encore prêt à rencontrer quelqu'un tout court… »
Passer très vite du virtuel au réel
L’inscription est très rapide : il suffit de rentrer son prénom, sa date de naissance et trois photos. L’utilisateur indique ensuite sa sensibilité religieuse (catholique, protestante ou orthodoxe), ainsi que la manière dont il vit sa foi quotidiennement en une phrase représentée par une auréole de couleur : de la simple culture chrétienne à la messe quasi-quotidienne. Une fois inscrite, la personne reçoit chaque jour trois profils sélectionnés par un algorithme. "On ne demande pas non plus un certificat de baptême, sourit Guiral, mais parmi la centaine de nouveaux profils par jour, chacun est vérifié avant d’être présenté aux autres utilisateurs afin de s’assurer que tous adhèrent à ce socle de valeurs communes : Heavn a été créé pour des relations durables en vue du mariage, pas pour des rencontres d’un soir."
D’ailleurs, les bureaux bordelais reçoivent chaque mois de nouveaux faire-part de mariage. "On estime à plus d’une centaine les mariages Heavn", décrypte le cofondateur, avant d’insister : "Heavn a été conçu comme un simple canal qui favorise la rencontre, pour très vite passer du virtuel au réel afin d’éviter l’illusion stérile." Quant au financement, la source principale des revenus de ce qui est devenue une véritable entreprise de sept salariés demeure les dons des utilisateurs, qui permettent de recueillir environ 10.000 euros par mois : pas encore assez pour envisager de s’agrandir. C’est pourquoi une levée de fonds sera bientôt organisée. Objectif : un million d’euros, "que ce soit auprès d’investisseurs qui partagent nos valeurs ou de particuliers, membres, amis et famille à partir de 1.000 euros dans le but de s’entendre dans tous les pays anglophones, puis hispanophones et lusophones, et multiplier par cent le nombre de mariages Heavn".
* Dont le prénom a été modifié