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Des évêques à durée déterminée ?

6 novembre 2019 : Evêques durant la célébration de la messe en la basilique Notre-Dame-du-Rosaire, lors de l'assemblée plénière des évêques de France, à Lourdes.

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Valdemar de Vaux - publié le 10/04/23
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En 2023, cent évêques siègent en France. Parmi eux, peu sont à leur poste depuis plus de dix ans, beaucoup ont changé de diocèse. Peut-on être l’époux d’une église particulière si l’on y passe finalement peu de temps ? Décryptage.

Curé de paroisse, l’abbé François Dedieu, du diocèse de Nanterre, s’est intéressé comme naturellement à ce qu’il vivait. Pour se demander, dans son livre Curé à durée indéterminée, si l’on ne pouvait pas revenir au droit plutôt qu’à la coutume en nommant les curés sans échéance. Non pas pour prendre possession d’une charge et y rester accroché, mais pour annoncer l’Évangile de manière plus intense et plus authentique.

Comme le prêtre est d’abord le "collaborateur" de l’évêque qui lui délègue une part de son ministère, cette question de la durée de nomination se pose aussi, et surtout, pour les successeurs des apôtres. Aujourd’hui, sur les cent évêques français, seuls vingt-deux dont deux auxiliaires sont en poste depuis plus de dix ans au même endroit. Parmi lesquels trois qui ont passé plus de vingt ans au même endroit. 

Vingt ans au même endroit ?

Pourtant, nommés en moyenne à 52 ans et obligés de démissionner à 75 ans, ils pourraient en théorie chacun passer plus de vingt ans au même endroit. Le Saint-Siège semble préférer à cette stabilité une plus grande mobilité En nommant d’abord des prêtres évêques auxiliaires comme une forme de préparation au ministère épiscopal : un tiers le sont ou l’ont été. En choisissant pour métropolitains des évêques expérimentés : sur seize trois sont dans le même diocèse depuis le début quand cinq en sont à leur troisième nomination. Un chiffre résume cela : moins de la moitié des évêques (46%) est aujourd’hui sur le siège pour lequel il a été élevé à l’épiscopat.

Le concile Vatican II, après Vatican I qui s’était concentré sur le ministère pétrinien, n’a-t-il pas été celui du ministère apostolique ? De Lumen gentium, la Constitution dogmatique sur l’Église, à Christus Dominus le décret sur les évêques justement, la place du collège des successeurs des apôtres est déterminante. 

Le concile rappelle en particulier que l’évêque tient la place du Christ en son Église particulière, au sens où il se donne totalement à elle : "Par l’imposition des mains et les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et patente, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en sa personne" (Lumen gentium §21). Une idée visible dans les insignes de sa charge : "L’évêque portera toujours l’anneau, signe de fidélité et d’union à l’Église, son épouse." (Cérémonial des évêques §58).

Après l’exposé théologique, l’idée a été traduite dans le Code de droit canonique de 1983 qui ancre dans la réalité les trois charges d’enseignement, de sanctification et de gouvernement (cf. Christus Dominus §21) du peuple de Dieu confié à l’évêque dans son diocèse. Par exemple par la régularité de la fréquence des paroisses : "L’Évêque est tenu par l’obligation de visiter chaque année son diocèse en tout ou en partie, de telle sorte qu’il le visitera en entier au moins tous les cinq ans" (CIC §396). 

Une incongruité théologique

Le mouvement des évêques apparaît ainsi comme une incongruité théologique, mais surtout pratique. Il est évidemment impossible à un pasteur d’assumer correctement sa charge apostolique quand il reste moins de dix ans dans un diocèse qui peut compter jusqu’à deux millions d’habitants et plus de cent paroisses. Et même dans un diocèse moins peuplé mais étendu. Les nominations d’archevêques pour moins de huit ans, ces dernières années, à Paris, Bordeaux, Montpellier et Toulouse peuvent étonner. Si l’évêque n’est certes pas seul, il demeure le premier missionnaire d’un territoire donné, dans lequel annoncer le Christ nécessite la connaissance des spécificités humaines, sociales, culturelles… 

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