De mémoire de Lyonnais, personne ne se souvient vraiment quand a été lancé ce chemin de croix dédié aux élèves de CM2, "depuis 10 ans, 15 ans ?". Une chose est certaine, l’organisation par la Direction de l’Enseignement Catholique de Lyon est bien rodée, et impressionnante. Car pour ce vendredi saint 2023, ce sont pas moins de 18 écoles primaires catholiques, soit tout de même près de 900 élèves de CM2, qui se sont retrouvés à 9 heures pile dans la cathédrale Saint Jean où les attendait l’évêque des lieux, Mgr de Germay. Chaque année, hors Covid bien sûr, ce sont donc des élèves de 10-11 ans, de Lyon et des alentours, qui sont invités à vivre ensemble le chemin de croix, ici symbolisé par cette montée à Fourvière, à travers les jardins du rosaire, où les enfants s’arrêtent pour prier au rythme des stations.
Et pour les guider, l’évêque prend la tête de l'impressionnante procession, micro à la main, pour égrener les "Je vous salue Marie". Il est suivi de la Croix, portée d'une station à l'autre, par un élève de chacune des écoles présentes, tout comme les panneaux indiquant le nom de chaque station. À chaque arrêt, l’évêque lit un passage de la Bible, puis de nouveau, deux élèves viennent lire une prière et une intention. Une belle manière de faire participer les enfants et chacune des écoles présentes, elles qui se sont inscrites quelques mois auparavant. Les places sont en effet limitées !
Suivre la croix de Jésus
Après les premières stations, Mgr de Germay, très pédagogue, se met à expliquer aux enfants comment bien réciter les "Je vous salue Marie". "Je le commence, vous le finissez". Il leur apprend ensuite quelques prières, "Cœur sacré de Jésus, j'ai confiance en toi". Au milieu du jardin du rosaire, derrière une grande statue du Christ, on aperçoit entre les arbres la maison de Lorette, où vécu Pauline Jaricot. "Connaissez-vous la bienheureuse Pauline Jaricot ?", demande alors l’évêque. "Oui", crient en chœur une bonne partie des petits Lyonnais, qui ont bien entendu parler de la béatification de cette personnalité locale, qui a eu lieu à Lyon, en mai 2022.
Les élèves continuent à monter, plus ou moins attentifs, mais tous très obéissants dès qu'il s'agit de suivre leur maîtresse, afin de ne pas trop se mélanger. "Je ne pensais pas qu'on serait aussi nombreux", s'étonne ainsi Arthur. "Je n'avais jamais fait cela", ajoute Jeanne qui comprend qu'elle "fait un chemin pour suivre la croix de Jésus".
Nouvelle station, nouvel enseignement de Mgr de Germay. "Qui veut être saint parmi vous ?" Quelques doigts timides se lèvent. "C'est tout ?", reprend l’évêque amusé. Cette fois, une pluie de doigts se lèvent ! "Bravo et n'oubliez pas, le premier commandement, c'est qu' il faut aimer Dieu de tout son cœur et de tout son être, il faut donc bien prier."
Dernier tournant, dernière montée et la belle silhouette de Fourvière apparaît, elle qui surplombe la ville du haut de sa colline. "Regardez la ville et prions pour tous les Lyonnais qui n'ont pas la chance de connaitre le Christ", confie l’évêque qui attaque les dernières marches avant d'entrer dans la basilique.
Une fois la basilique intégralement remplie des 900 enfants, c'est le temps des deux dernières stations dont la mort de Jésus, et là, à la demande de l’évêque, un complet silence se fait "pour penser au Christ, mort pour nos péchés". Que retiendront-ils tous ces enfants de ce moment de prière en communion, dans cette belle basilique ? "Ce qu'ils vivent ce matin, finalement c'est presque une sorte de mini JMJ de leur âge", se réjouit le père Mathieu Thouvenot, vicaire général. Avant de se quitter, l’évêque a un dernier mot pour la route : "Nous venons de méditer la mort de Jésus, mais samedi soir, ou dimanche matin , nous pourrons nous réjouir et fêter la Résurrection, alors n'oubliez pas, dites bien à vos parents d'aller à la messe parce que Jésus nous y attend !"
Il est déjà 11h30, les lycéens vont bientôt arriver à leur tour à la basilique pour suivre leur chemin de croix. L’évêque va redescendre quant à lui, pour guider le chemin de croix à midi dans les rues de la ville et les élèves vont retourner à l'école. Pour certains, ils vont poursuivre leur Vendredi saint avec un bol de riz, comme c'est le cas de l'école Notre-Dame Saint-Joseph, située dans le 7e arrondissement, où les CM2 vont pouvoir raconter dans la cour de récré, bol de riz et pomme à la main, leur matinée de prières et le nombre impressionnant d’élèves de leur âge "qui existent à Lyon !", s'amuse un groupe de fillettes, ravies d'avoir pu vivre ce moment et impressionnées d'avoir porté la croix "devant tout le monde".