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Carême 2023 : convertir le dégoût en bienveillance

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Michel Martin-Prével, cb - publié le 26/03/23
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La conversion du cœur passe aussi par la conversion de ses émotions. Durant le carême, le père Michel Martin-Prével invite à "évangéliser" ses émotions en les identifiant, puis en les transformant en vertu. Aujourd’hui, Aleteia donne des pistes pour passer du dégoût à la bienveillance.

L'émotion du dégoût est là pour rejeter ou nous éloigner de quelque chose ou de quelqu'un qui menacerait l'existence ou du moins la santé de notre corps. Ainsi le dégoût primaire agit comme un mécanisme de défense qui garantit et nous permet de préserver notre identité physique. Au plan moral, ce dégoût peut agir pour nous éloigner de tout mal mais aussi pour faire obstacle à quelqu’un qui nous déplait. Saint François a eu à vaincre sa peur physique de bourgeois bien élevé avant de baiser un lépreux et ne lui vouloir que de la charité bienfaisante.

Bien utile dans le combat spirituel autour des images - et la pornographie devrait nous inspirer du dégoût et non de l’attrait – ce dégoût aurait pu inspirer Eve à la vue de la pomme ! On lutte sur le dégoût du mal par l’attrait du bien, du bon, du vrai. Dans le discernement, remplaçons la fuite du mal (le dégoût) par l’attrait du bien, en voyant un bien là où apparaît un mal (la bienveillance).

La bienveillance favorise la rencontre avec ce qui nous rebute ou nous déplaît. Elle procède de la confiance. C’est une disposition favorable que l’on entretient, justement parce que notre humanité ne s’y trouve pas naturellement portée. La bienveillance procède aussi de la charité, qui est désintéressée. « Aimer, c’est vouloir le bien de l’autre » (Aristote), et non pour ce que cela nous apporte. La charité va même jusqu’à aimer son ennemi et ce en quoi il nous déplait. Faire du bien à ceux qui nous en font, quoi de plus naturel dit Jésus, il ne s’agit que d’un remerciement. Il y aura toujours un « lépreux » autour de nous qui nous attend, et alors notre bienveillance deviendra même bienfaisance.

Quant à approcher le pécheur, cela ne nous dispense pas d’être dégoûté par le péché. Les mains salies mais le cœur resté pur. Si nous sommes faits pour la pureté, écologique et morale, il y a des dégoûts mal placés, car nous sommes tous aussi des pécheurs et des malades qui attendent que l’amour les rejoignent. C’est le rôle de la bienveillance pour tous.

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