"Vous goûterez bien un peu de vin rouge ?", "Une goutte de rosé ?", "Et ma liqueur alors ?" Difficile de dire non lorsqu’il est possible de goûter à de délicieux vins issus de vignobles à l’histoire millénaire. Vendredi 24 mars et samedi 25 mars se tient au Palais Épiscopal de Saint-Germain-des-Prés (6ème arrondissement de Paris) la 15ème édition du salon des Vins d'abbayes. Les exposants sont venus de toute la France, terre qui ne compte plus les domaines viticoles dont la renommée est internationale. Les abbayes n’y sont pas pour rien : depuis le Moyen Âge, elles préservent de siècle en siècle un savoir-faire viticole précieux.
Sur les douze exposants présents, deux sont encore des abbayes dites "vivantes", c’est-à-dire habitées par des moines qui exploitent leurs vignes et produisent eux-mêmes leur vin. Les abbayes du Barroux sont sur place pour valoriser leur domaine "Via Caritatis" (La voie de la charité, ndlr). Depuis 2015, les moines ont lancé l’initiative "Via Caritatis", visant à soutenir les producteurs de vin qui entourent le domaine des moines et des moniales, dont l’appellation "Ventoux", était alors peu connue. L’objectif : mettre en commun le travail des abbayes avec celui des vignerons "du coin", afin de renouer avec une tradition du Moyen Âge : faire vivre des communautés entières de laïcs autour des abbayes.
"Les vins Via caritatis incarnent l’héritage d’une grande tradition monastique viticole millénaire", explique à Aleteia Gabriel Teissier, Directeur Général de Via Caritatis. "Nous proposons des vins extrêmement qualitatifs, typiques de la vallée du Rhône sud avec une fraîcheur caractéristique des terroirs d’altitude." Les vignes du Barroux sont situées entre 400 et 700 mètres d’altitude, ce qui donne en effet cette fraîcheur incomparable aux vins. Dans cette vallée, les vendanges sont tardives : "Nous avons entre trois semaines et un mois de retard par rapport aux vignes situées à quelques kilomètres des abbayes, et nous vendangeons tôt le matin, ce qui favorise une température idéale et une maturité optimale du raisin. Cette qualité est garante du succès des vins vendus par les abbayes et les vignerons Via Caritatis", poursuit-il. En prime, le millésime 2022 a été "exceptionnellement bon", souligne Gabriel Tessier, et ce tant d'un point de vue qualitatif que quantitatif. "Acheter un vin d’abbaye, c’est faire vivre une tradition multiséculaire de notre pays, et c'est aussi faire vivre une histoire vivante, qui se perpétue aujourd'hui", conclut-il.
Fruit de la terre et du travail des hommes
Plus loin, l'abbaye de Lérins propose ses vins ainsi que ses liqueurs, sa spécialité. Liqueur de limoncello avec des citrons biologiques de Menton, liqueur de mandarine de Corse et du Vaucluse, et liqueur de verveine, toutes produites par un seul frère liquoriste. Un savoir-faire particulier puisque l'abbaye possède son propre alambic, qui demande "une maîtrise et une connaissance de la distillation ainsi que de la macération des différentes plantes", explique à Aleteia Samuel Bouton, exposant pour l'abbaye. Cette dernière, située sur une île à proximité de Cannes, présente une particularité de terroir : "Il y a une influence marine très forte, ce qui va jouer à la fois sur la maturité du raisin mais également sur la vinification. La mer et le sel attaquent la vigne qu'il faut donc protéger pour permettre une bonne maturation du raisin", déclare Samuel. Ici, entre 60 et 80% du travail est fait par les moines, aidés par quelques salariés, car "lorsque les cloches sonnent, on ne peut pas faire attendre le bon Dieu !", rappelle Samuel.
Laure de Chevron Villette représente quant à elle l'abbaye de Fontfroide, en Occitanie. Une affaire de famille depuis 1908, date à laquelle ses arrières grands-parents ont acheté le domaine une fois les moines partis. Cinquante hectares qui ont plus de 1.000 ans d'histoire, avec en son centre une abbaye cistercienne à la splendeur architecturale époustouflante. "Les moines s'implantaient dans des lieux qu'ils ne choisissaient pas par hasard", affirme Laure de Chevron Villette. "Le vin et la vigne sont indissociables de l'histoire monastique, et nous avons la chance de bénéficier de ces très beaux terroirs. Autant en profiter !"