En Inde, les chrétiens peinent désormais à enterrer leurs morts dans la paix. Le 21 mars 2023, une famille du village de Bhejpadar, dans l'État du Chattisgarh (situé au centre de l'Inde), a été empêchée pendant plusieurs jours d'enterrer une défunte par des villageois et des militants du Bajrang Dal, une organisation nationaliste hindoue. Il s'agissait des funérailles d'une femme adivasi âgée, Mate Bekko, décédée le 19 mars et convertie au christianisme.
Lorsque sa famille a engagé le cortège funèbre, elle a été arrêtée par les protestations des villageois hindous, menés par les militants du Bajrang Dal, exigeant que les funérailles aient lieu selon le rite hindou. Le lendemain, la famille a de nouveau tenté d'enterrer leur défunte, mais a fait face à des manifestants d'une telle violence qu'elle a été forcée de laisser le corps sur la route. Alors qu'ils s'étaient résolus à enterrer Mate Bekko dans leur jardin privé, les villageois se sont rendus devant la maison familiale, jetant des pierres sur la famille et brandissant des pancartes aux slogans anti-conversion. Cette dernière a finalement pu enterrer la défunte sous protection policière, pendant que les villageois s'affrontaient avec les forces de police déployées sur place pour tenter de calmer les manifestations.
Les chrétiens du Chhattisgarh cibles de violences régulières
Plusieurs attaques brutales ont été recensées contre les chrétiens de cet État. Boycotts, agressions, manifestations, spoliations… la violence dirigée contre eux par les nationalistes hindous prend de multiples formes. Ces persécutions quotidiennes ont poussé les chrétiens à exhorter les dirigeants de leur État à prendre "des mesures immédiates pour mettre fin à la violence", lors d'une rencontre organisée le 23 février entre le ministre Bhupesh Baghel et une délégation du Forum œcuménique Ecclesia United (EUF). En janvier 2023, plusieurs églises avaient été attaquées et vandalisées avec une brutalité extrême dans le district de Narayanpur.
En Inde, les chrétiens représentent 2,3% de la population indienne, dont 80% est hindoue. Dans l’État du Chhattisgarh, ils représentent moins de 2% des 30 millions d’habitants. Dans tout le pays, les violences antichrétiennes ont augmenté de plus de 220% depuis 2014, date à laquelle Narendra Modi, suprémaciste hindou, est arrivé au pouvoir. Depuis janvier 2022, ce sont plus de 500 actes antichrétiens qui ont été recensés.