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L’effroyable calvaire de Maryamu et Janada, victimes de Boko Haram

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Janada et Maryamu, victimes de Boko Haram.

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La rédaction d'Aleteia - publié le 08/03/23
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Le pape François a rencontré ce mercredi 8 mars, journée internationale du droit des femmes, Maryamu et Janada, deux jeunes victimes de la barbarie de Boko Haram au Nigeria. Des témoignages glaçants et poignants recueillis par l’AED.

Elles s’appellent Maryamu et Janada et sont respectivement âgées de 16 et 22 ans. L’âge des rêves et des possibles dit-on. Mais pour elles, le rêve s’est transformé en cauchemar et les possibles en inconcevables. Reçues au Vatican par le pape François ce mercredi 8 mars, journée internationale du droit des femmes, elles font partie de celles qu'on qualifie de survivantes face à la barbarie du groupe terroriste Boko Haram. Elles ont courageusement accepté de témoigner auprès de l’Aide à l’Église en détresse (AED). Il y a deux mois, Maryamu Joseph a réussi à s’échapper des griffes de Boko Haram après avoir été détenue pendant neuf ans.

"Neuf ans de vie en esclavage ! Neuf ans de torture ! Neuf ans d’agonie !", confie-t-elle à l’AED. "Nous avons tant souffert aux mains de ces gens sans cœur et sans pitié. Pendant neuf ans, nous avons vu couler le sang innocent de mes frères chrétiens, tués par des gens qui n’accordent aucune valeur à la vie. Ils ont assassiné sans remords, comme si c’était une chose normale à faire. Ces neuf années gâchées dans la forêt de Sambisa ne peuvent être oubliées en un clin d’œil. Les mots ne peuvent rendre justice à ce que j’ai vécu."

Pour me punir, ils m’ont enfermée dans une cage pendant une année entière.

Avec 21 autres personnes, elle a été enlevée en 2014 à l’âge de sept ans lorsque le groupe terroriste a attaqué sa communauté de Bazza et l’a emmenée dans un camp. Deux de ses frères et sœurs ont ensuite été emmenés dans le même camp. L’un a été tué sous ses yeux et avec une extrême barbarie et l’autre est toujours retenu en captivité. "Ils ont mis les chrétiens dans des cages, comme des animaux. La première chose qu’ils ont faite a été de nous convertir de force à l’islam", se remémore-t-elle avec douleur.

"Ils ont changé mon nom en Aisha, un nom musulman, et nous ont avertis de ne pas prier en tant que chrétiens, sinon nous serions tués. Quand j’ai eu 10 ans, ils ont voulu me marier à l’un de leurs patrons, mais j’ai refusé. Pour me punir, ils m’ont enfermée dans une cage pendant une année entière. Ils apportaient de la nourriture une fois par jour et la glissaient sous la porte sans jamais ouvrir la cage."

J’ai subi beaucoup d’expériences terribles – au-delà de toute explication – qui ont fait que ces six jours ressemblent à six ans.

Le calvaire de Janada Marcus remonte quant à lui à octobre 2018. Elle et sa famille étaient déjà sortis indemnes de deux attaques de Boko Haram, abandonnant une première fois leur maison dans la zone de gouvernement local de Baga, dans la région du lac Tchad au Nigeria, et une deuxième fois, fuyant leur nouveau foyer à Askira Uba, dans le sud de l’État de Borno, où leur maison a été incendiée et plusieurs membres de leur famille tués par les islamistes. Mais le pire restait à venir.

Le 20 octobre 2018, sa maison se retrouve encerclée par des membres de Boko Haram. "Ils ont pointé une machette sur mon père et lui ont dit qu’ils nous libéreraient s’il faisait l’amour avec moi. Je n’ai pas pu retenir mes larmes ! Je tremblais, mais je ne pouvais rien faire !", raconte-t-elle. "Mon père a refusé et a baissé la tête pour se soumettre à la mort." En entendant cela, un des hommes a sorti une machette et a coupé la tête de son père. Deux ans plus tard, le 9 novembre 2020, elle est cette fois-ci capturée par des membres de Boko Haram "Ils m’ont emmenée dans la brousse et m’ont gravement torturée, émotionnellement, physiquement et mentalement pendant six jours", résume-t-elle. "J’ai subi beaucoup d’expériences terribles – au-delà de toute explication – qui ont fait que ces six jours ressemblent à six ans."

Aujourd’hui, elles se reconstruisent lentement. "Mon esprit est encore lourd, plein de colère, d’amertume et d’angoisse", souligne Maryamu. "La douleur va et vient. Une minute, je suis heureuse, la minute suivante, le chagrin revient." Pardonner à ses bourreaux ? Elle n’en est pour le moment pas capable. "Je ne pense pas être capable de leur pardonner. J’ai besoin de temps pour digérer tout ce qui m’est arrivé, alors peut-être, juste peut-être, nous pourrons alors parler de pardon. Mais aujourd’hui, non, je ne peux pas leur pardonner." "Il est difficile de pardonner et d’oublier", assure pour sa part Janada. "Avec tout ce que j’ai vécu aux mains de Boko Haram, je n’arrive même pas à croire que je suis celle qui dit cela, mais je leur ai pardonné dans mon cœur, et je prie pour la rédemption de leurs âmes."

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