Deux ans jour pour jour après la visite du pape François en Irak, les chrétiens irakiens ont reçu la visite début mars d'une délégation d'évêques français. Composée de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen et du père Hugues de Woillemont, secrétaire général et porte-parole de la CEF, la délégation a visité Bagdad, Mossoul, Qaraqosh et Erbil. Mgr Pascal Gollnisch, vicaire général de l’Ordinariat pour les catholiques orientaux de France et directeur général de L’Œuvre d’Orient, accompagnait également cette délégation.
Ce voyage s'inscrit dans la volonté de l'Église en France d'assurer les chrétiens d'Orient de son soutien et de sa présence, alors que l'Irak est désormais libérée de l'emprise de Daesh. "Pourquoi ce voyage ?", interroge Mgr de Moulins-Beaufort lors d'une conférence de presse en direct d'Erbil ce 8 mars. "Et bien parce qu'il est bon, lorsqu’un frère a traversé une épreuve, de lui rendre visite. C’est ce que nous avons décidé de faire modestement cette année, qui correspond au deuxième anniversaire du voyage du Pape", rappelle-t-il. "Pour nous, catholiques de France, il est important de recevoir ce témoignage de foi et d’espérance de ceux qui ont fait le choix courageux de rester ici ou d'y revenir", affirme ainsi l'archevêque de Reims.
Les chrétiens d'Irak, symbole d'espérance
Les communautés chrétiennes se relèvent lentement, elles qui ont été martyrisées sous le règne totalitaire de Daesh. "J’ai été heureux de voir comment les chrétiens cherchent à se reconstruire après Daesh", déclare notamment Mgr Ulrich. Le 8 mars, la délégation a rencontré les Petites Sœurs de Jésus à Mossoul. Après un exode forcé et particulièrement long, la communauté a décidé de revenir à Mossoul pour y vivre de nouveau leur mission, de même que le père Emmanuel, revenu d'un camp de réfugiés pour rebâtir son église. Des quartiers entiers sortent de terre. "La vie reprend, avec ses difficultés certes, mais elle reprend", affirme Mgr Lebrun, pour qui il était vital de "revenir communier ici avec ces communautés qui ne se sont pas laissées happer par la violence et par la mort."
Si des chrétiens continuent de quitter l'Irak, "il semble qu'il y ait un ralentissement" de cette tendance. Un mouvement de retour a été observé, notamment dans la plaine de Ninive. Pour autant, "il ne faut pas s'imaginer que nous reviendrons à la situation antérieure [avant Daesh, ndlr], et il en va de même pour les yézidis", estime Mgr Gollnisch. Et de conclure : "L'avenir des chrétiens dépend, comme tous les Irakiens, de la situation de l'Irak en tant que pays. Si l'Irak progresse dans son développement économique et sécuritaire, la situation des chrétiens progressera avec."