Le Te Deum, célèbre hymne du IVe siècle, s’ouvre avec ses paroles : "À toi Dieu, notre louange !" Le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne que la louange est la forme de prière qui reconnaît "que Dieu est Dieu ! Elle le chante pour Lui-même, elle lui rend gloire, au-delà de ce qu'Il fait, parce qu’Il est" (n° 2639).
Les saints nous rappellent que la raison même de notre existence est de louer le Seigneur. Le théologien et mystique dominicain allemand du XIVe siècle, Jean Tauler, racontait une histoire sur la rencontre d'un homme avec un mendiant qui, malgré son dénuement total, restait infatigable dans sa louange au Seigneur. Le mendiant dit un jour à l'homme : "Quand j'ai faim, je loue Dieu. Quand j'ai froid, qu'il grêle, qu'il neige ou qu'il pleut, je loue Dieu. Si je suis apprécié par les hommes ou méprisé, je loue Dieu de la même manière. C’est pour cela que je n'ai jamais connu de mauvaises journées car j'ai appris à vivre avec Dieu, et je suis certain que tout ce qu'Il fait ne peut être que bon". Grâce à la louange, il est possible de vivre avec la certitude de la bonté de Dieu, qui mène à la reconnaissance.
Comme l'explique le cardinal Joseph Ratzinger dans son livre Théologie de la liturgie : "Saint Thomas d'Aquin dit qu'à travers la louange, l’homme s’élève vers Dieu. La louange elle-même est un mouvement, un chemin. C’est plus que comprendre, savoir et faire – c'est une “ascension”, une manière d'atteindre Celui qui demeure au milieu des louanges des anges. Saint Thomas mentionne un autre bienfait : cette ascension éloigne l'homme de ce qui s'oppose à Dieu."
En effet, comme l’affirme le père jésuite allemand Alfred Delp (1907-1945), grâce à la louange, "l'homme se libère de toutes ses rigidités et devient vraiment honnête et clairvoyant".
Refuser de louer Dieu constitue une forme fondamentale de péché. "Le péché fondamental, commente le cardinal italien Raniero Cantalamessa, c'est l'asebeia, l’impiété : le refus de glorifier et de remercier Dieu. Le refus de reconnaître Dieu comme Dieu et de ne pas lui accorder la considération qui lui est due. Il consiste à “ignorer” Dieu, au sens de "faire comme s'il n'existait pas". Le péché est fondamentalement le refus de cette reconnaissance". (Homélie du 29 mars 2019)
Comme le mendiant, si nous vivons simplement dans le souvenir actif des innombrables bénédictions que Dieu nous accorde constamment, nous ne pouvons que le louer. C'est pourquoi lors de la Cène, Jésus nous ordonne : "Faites cela en mémoire de moi" (Lc 22,19), car l'Eucharistie est "le sacrifice de louange" par excellence (CEC n° 2643).