A peine mon avion était-il arrivé, mon réseau retrouvé et mon voisin relevé qu’une notification Google actualité était venue captiver mon attention: "Fin de vie : la convention citoyenne se prononce pour une "aide active à mourir" sous "conditions"." Mon cœur initialement tout enthousiaste d'atterrir en terrain connu s’est retrouvé soudainement plongé dans une certaine désolation. Voici donc où en est la France, voici donc le fruit de sa réflexion, voici donc ses grands choix d’orientations.
Que s’était-il donc passé depuis mon départ vers un pays étranger il y a seulement quelques mois pour que nous fassions désormais face à une telle accélération ? En attendant d’avoir la réponse, j’étais résolument décidée à trouver des solutions tant que mes pieds fouleront de nouveau le sol français. Mais comment défendre la beauté de cette vie à laquelle nous sommes si attachés, dont nous avons tant témoigné et que nous souhaitons tant continuer d’accompagner face à cette inéluctable actualité ? Je dirais désormais : Prier. Servir. Témoigner.
Prier, servir, témoigner
Prier. Comme Jésus qui, avant tout miracle, se dirigeait vers la montagne, isolé, à l’écart, en retrait. Et comme si tout dépendait de Lui, invoquer, jeûner, supplier.
Puis tout dépend de nous. Nous qu’il a appelés. Nous qu’Il veut envoyer. Comme les disciples après la Transfiguration, il nous faut redescendre de notre montagne, atterrir de nos hautes sphères, achever notre traversée du désert et saisir à bras le corps notre croix et notre mission. Et servir nos frères en humanité, nos frères en fragilité, nos frères en vulnérabilité, avec toutes nos connaissances, nos compétences et notre bienveillance.
Et témoigner de nos convictions. Sans options ni compromission. Sans arrangements avec la vérité. Sans arrogance ni fausse humilité. Être vrai dans ce que l’on peut raconter : évoquer nos joies, nos doutes, nos difficultés. Ne pas sous-estimer nos propres forces et fragilités. Mais toujours rappeler, assumer, affirmer que la fin de vie est davantage beauté que gravité, douceur que douleur, ardeur que froideur. Elle est davantage ce rire qui a précédé ce dernier soupir. Elle est davantage cette prière qui a apaisé cette colère. Elle est davantage cette main posée sur le cœur que ce regard plongé dans la frayeur. A condition de respecter cette vie et ce qu’elle porte de sacré.
Cette année, le carême arrive à l’heure. L’heure de rappeler (et de se rappeler) qu’au péril d’une lutte contre une logique mortifère, la Vie est déjà victorieuse.