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[HOMÉLIE] Le chemin des justes ? Prier, jeûner, servir

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Mickaël Le Nezet - publié le 21/02/23
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Curé de la paroisse de Rochefort, le père Mickaël Le Nezet commente les lectures de la solennité du mercredi des Cendres. Appelés à devenir des justes, nous pouvons vivre le Carême en nous configurant au Christ par la prière, le jeûne et la charité.

Alors que nous entrons par cette célébration des Cendres dans ce temps du Carême qui nous prépare aux fêtes pascales, saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens exprime le sens pour nous de cette marche de quarante jours. "Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions des justes de la justice même de Dieu" (2Co 5, 21). Il s’agit bien durant cette marche vers Pâques d’apprendre à devenir des justes de la justice même de Dieu. 

Plusieurs textes bibliques nous aident à mieux comprendre ce qu’est pour Dieu, un juste. "Le juste a pitié : il donne" (Ps 36). "La bouche du juste est une source de vie" (Pr 10, 11). "Le juste déteste le mensonge" (Pr 13, 5). "Il connaît la cause des pauvres" (Pr 29, 7). "Celui qui est juste par la foi, vivra" (Rm 1, 17). "Les justes n’ont qu’un désir : le bien !" (Pr 11, 23). Ainsi, appelés à devenir des justes, nous percevons mieux concrètement ce qu’il nous faut vivre, la manière d’être vis-à-vis de Dieu comme vis-à-vis des hommes : mettre sa confiance en Dieu en toute circonstance et bien agir tant par nos actes que par nos paroles en disant et en faisant le bien. Tel est le chemin des justes.

Ce n’est qu’en lui, en Jésus, que nous devenons des justes. C’est lui qui rend possible l’impossible.

Mais nous savons par expérience qu’il nous est bien difficile de devenir ces justes de la justice même de Dieu. Par nous-mêmes, cela semble impossible puisque nous sommes tous pécheurs et faisons l’expérience de nos limites, de nos infidélités, de nos pauvretés, de nos médiocrités. "Oui je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi", chante le psalmiste (Ps 50, 5). Voilà pourquoi saint Paul nous dit bien que ce n’est qu’en lui, en Jésus, que nous devenons des justes. C’est lui qui rend possible l’impossible. C’est lui qui est le chemin, la vérité et la vie. 

Prier, sous le regard de Dieu

Ainsi, nous pouvons entendre l’appel à vivre ce Carême en étant de plus en plus configurés au Christ, en lui ressemblant de plus en plus et en nous laissant conduire par l’Esprit saint. Pour cela durant ces quarante jours, regardons, écoutons, contemplons le Christ, essayons tout au long de ce Carême d’entrer dans les sentiments-mêmes du Christ pour nous laisser alors transformer par lui et devenir comme lui. Saint Marc écrit : "Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait" (Mc 1, 39). Souvent dans l’évangile nous voyons le Christ se mettre à l’écart, sur une montagne, dans un endroit désert, retiré de la foule pour entrer dans un cœur à cœur avec son Père. C’est de cette relation d’amour filial que Jésus reçoit force et courage. Il sait qu’il n’est pas seul et que son Père est avec lui (Jn 8, 29). La prière, encouragée particulièrement durant ce temps de Carême, est une invitation pour nous aussi au cœur de nos journées à nous poser sous le regard de Dieu notre Père, dans l’amour (Eph 1, 4). Se tenir en silence près de Celui qui est présence d’amour et se laisser aimer. Goûter en Lui le repos et la paix, et recevoir par son Esprit saint, la confiance et les forces nécessaires pour avancer dans le quotidien de nos vies, voilà ce à quoi nous sommes appelés durant ce Carême. 

Jeûner, à l’écoute de Dieu

Jésus nous dit : "Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre" (Jn 4, 34). Et nous savons que Jésus trouve là sa joie. Le Christ n’est pas centré sur lui-même, préoccupé de lui-même. Il n’a qu’un seul désir, faire la volonté de son Père par une écoute obéissante. Le jeûne prescrit durant le Carême n’a de sens que si justement, décentrés de nous-mêmes, de nos besoins personnels, de nos petits désirs nous savons prendre du temps pour nous mettre à l’écoute de Dieu notre Père, pour nous nourrir de sa Parole. Nous l’entendrons en effet le premier dimanche du Carême : "L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mt 4, 4). Demander à l’Esprit de Dieu de nous rendre disponible pour recevoir ce que Dieu veut nous dire, ce à quoi il veut nous appeler. Prendre du temps pour lire et accueillir sa Parole dans ce quotidien qui est le nôtre et prendre au sérieux ses appels, voilà encore une manière de nous conformer au Christ durant ce Carême.

Servir, par amour des plus petits

Enfin, Jésus nous dit encore : "Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir" (Mt 20, 28). Tout au long de ce Carême et d’une manière éminente durant la Semaine sainte, le Christ se laissera reconnaître dans la figure du serviteur, du Serviteur Souffrant, s’oubliant, renonçant à lui-même par amour des siens. L’aumône encouragée durant ce temps de Carême, est un appel à la générosité dans l’humilité, au service des plus petits et des pauvres, à l’accueil des blessés de la vie. Visiter une personne seule ou malade, soutenir un projet de solidarité ici ou là-bas, prendre soin de ses proches, en famille, en communauté paroissiale, voilà encore une manière de suivre le Christ durant ce Carême.

Au fond, cette parole de saint Charles de Foucauld explicite bien comment nous pouvons peu à peu durant ce Carême être configurés au Christ pour devenir, par lui, ces justes de la justice même de Dieu : "En toute circonstance se demander ce que ferait Jésus et alors le faire." Bon Carême !

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