Turin, 1853. Hormis les bruits des pas de Jean Bosco, seul le bruit du vent hante les ruelles de la ville. Le soleil est couché depuis plusieurs heures et ce quartier de la ville n’est pas le plus rassurant. Maintenant que le dernier élève a été ramené chez lui, Jean se hâte.
Aux sons des feuilles qui craquent et des rats qui grouillent, son imagination s’emballe. Il presse le pas, ne voulant pas faire de mauvaises rencontres. Cette peur n’est pas infondée. Certains habitants aux élans anticléricaux n’apprécient pas ses activités.
Un drôle d’animal
C’est alors que Jean se fige. À quelques pas de lui se trouve un chien gris qui fixe le prêtre sans cligner. Un frisson parcourt Jean. Courir ne servirait à rien d’autre que de provoquer l’animal. La taille impressionnante de la bête lui fait se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’un loup.
Mais l’animal s’approche lentement, secouant amicalement la queue. Il se laisse caresser et lèche la main de Jean. Rassuré, ce dernier reprend son chemin et à sa surprise, l’animal marche à ses côtés comme s’il connaissait la destination. De retour à l’Oratoire, Jean se retourne pour offrir une dernière caresse à son compagnon mais celui-ci a disparu.
À partir de ce moment, lorsque Jean rentre tard le soir, le chien apparaît pour l’accompagner. Si bien que le prêtre le surnomme il Grigio (le gris). Mais le chien disparaît toujours avant que Jean ne puisse lui proposer une récompense. Drôle de comportement pour un chien errant.
Le lendemain, Jean questionne les gens du quartier. Personne ne semble connaître le gros chien gris.
Un protecteur dévoué
Un soir d’automne, Jean rentre seul à nouveau. Puis deux scélérats surgissent d’une ruelle voisine. Le premier lui jette un manteau par-dessus la tête, tandis que l’autre brandit une lame. Alors que Jean s’attend à recevoir un coup fatal, un aboiement furieux retentit.
Le temps de se débarrasser du manteau, l’un des gaillards s’est déjà enfui. Le deuxième est à terre, tenu en respect par les crocs de Grigio serrés autour de sa gorge. Le lascar supplie le prêtre de rappeler son chien.
— Tout doux, le gris, appelle Jean. Laisse-le.
Le chien obéit immédiatement et l’homme s’enfuit à toute jambe. Et comme à son habitude, Grigio accompagne Jean chez lui avant de disparaître sans demander son reste.
Grigio vient au secours de Jean Bosco plusieurs fois, déjouant plusieurs tentatives d'assassinat et d’agression. Parfois, il empêche même le prêtre de sortir de chez lui comme s’il sait que le danger rôde. Il se montre aussi lorsque Jean est perdu pour le guider.
— Dire que c’était un ange ferait rire, dira Don Bosco à son sujet. Mais on ne peut pas dire non plus que c’était un chien ordinaire.
Le chien gris apparaît de 1853 à 1883 lorsque Jean à besoin d’être tiré d’un mauvais pas. Certains émettent l’hypothèse que c’est un chien errant qui s’est attaché à Don Bosco. Pour d'autres, c’est un être extraordinaire envoyé par Dieu pour le protéger.
Quoi qu’il en soit, Grigio est resté le gardien fidèle de Don Bosco le temps de sa mission sur terre.