"Victimes de l’Église : l’impossible réparation". Le dernier reportage de l’émission "Complément d’enquête", diffusé le 19 janvier sur France 2 se montre extrêmement critique à l'égard des personnes engagées dans les instances de reconnaissance et de réparation mises en place par l’Église. Mais aussi sur la réelle détermination de l’institution à œuvrer à cette réparation, en particulier dans sa dimension financière. Un format suivi par quelque 760.000 personnes dans la soirée (8,2% de la part d’audience) qui n’a pas manqué de faire réagir des acteurs engagés dans cette lutte contre les abus commis dans l’Église et la nécessaire réparation à apporter aux victimes.
"Le reportage de “Complément d’enquête’’ n’est ni juste ni équitable", dénonce dans La Croix Jean-Marc Sauvé, le président de la Ciase. "L’émission dresse un procès en incompétence, en amateurisme et, pire encore, en cynisme de ces commissions. Car toutes les lacunes dénoncées seraient plus ou moins délibérées et destinées à protéger le patrimoine financier de l’Église." S’il reconnaît que "tout n’a pas été parfait dans le fonctionnement de ces deux instances, "les erreurs et fautes ont été largement corrigées". Et de conclure : "Il est faux et choquant d’insinuer qu’elles poursuivraient à titre principal l’objectif de protéger les finances de l’Église, dont elles ne dépendent en aucune manière."
Une juste restauratrice des victimes
Présidente de la Conférence des Religieux et Religieuses de France depuis 2016 et actrice de la lutte contre les violences sexuelles dans l’Église, Véronique Margron a également partagé son incompréhension quant à l’émission "Complément d’enquête". Rappelant le rôle des deux commissions, la CRR et l’Inirr, créées à la suite du rapport de la Ciase et qui œuvrent pour une justice restauratrice des victimes, elle déplore au micro de RCF que "le long processus de reconnaissance et de réparation semble ne pas avoir été compris dans ce reportage". "Que des erreurs aient été commises, qui pourrait dire le contraire ? Qu’il faille du temps et donc des tâtonnements pour inventer ce qui n’existait pas en France, une justice autre quand la justice ordinaire ne peut plus opérer, c’est certain. Que les critiques soient légitimes et nécessaires oui. Mais cela n’autorise pas un procès d’intention."