"Je veux le camion rouge que j’avais commandé !" Quel parent n'a pas été un jour confronté à la déception d'un enfant devant le sapin de Noël ? La déception de l’enfant renvoie en premier lieu à l’émotion de l’adulte qui se retrouve dans une situation bien inconfortable. Il avait passé du temps à choisir un cadeau à l’enfant et son cadeau apparemment ne lui plait pas. Cette situation est douloureuse. Il faut une grande mesure d’humilité à l’adulte pour accepter que, malgré son désir de faire plaisir, l’enfant n’est pas satisfait.
Aujourd’hui, les psychologues fournissent un éclairage en rappelant que les enfants de moins de six/huit ans expriment tout haut ce qu’ils pensent. En exprimant leur déception, ils ne souhaitent pas blesser l’adulte, ils partagent simplement leur émotion. Leurs parents ont donc à leur apprendre, progressivement, à voir au-delà de l’objet la chance de recevoir quelque chose, le temps qu’a passé la personne, l’affection qui se reçoit dans le geste et l’intention.
Apprendre la gratitude
A la messe, le prêtre dit dans la deuxième prière eucharistique : "Vraiment, Père très Saint, il est juste et bon de te rendre grâce, toujours et en tout lieu". Une attitude spirituelle qui commence dans notre vie incarnée. Apprendre la gratitude et la sincère reconnaissance, même devant un objet ou une situation qui ne correspond pas à ce que nous avions personnellement prévu, est source de beaux fruits. Ceci est d’autant plus vrai si la déception de l’enfant est teintée de l’envie envers le jouet de son cousin ou de son frère. Remercier pour le don reçu et se réjouir de ce que reçoivent les autres est un long apprentissage.
Il peut arriver que le jeu reçu par l’enfant soit source de déception parce qu’il ne le connaît pas. Si l’adulte propose une partie avec l’enfant, le bon moment passé ensemble, les liens qui se tissent, les souvenirs qui se créent, donnent de la valeur au cadeau et la déception initiale s’atténue fortement. "Tu as reçu ce jeu de plateau ? Je l’aimais beaucoup quand j’avais ton âge, et si nous jouions tous ensemble pendant le temps du café tout à l’heure ?" C’est cet instant de communion qu’il sera préférable de garder en tête, plutôt que l’émotion malheureuse à l’ouverture du paquet.
Expliquer sans reproche à l’enfant que tel jeu l’amusera plus longtemps qu’un autre objet à la mode aide aussi à ce que la déception ne cache pas un penchant au consumérisme. Pour cela, cultiver une part de mystère pendant l’Avent peut aider : l’enfant, ne sachant pas ce qu’il va recevoir, peut espérer l’une des choses de sa liste au Père Noël, tout en sachant qu’il va aussi recevoir des cadeaux auxquels il n’a pas pensé lui-même. Il aura plaisir à découvrir quelles surprises ont pu être préparées pour lui.
Proposer à l’enfant de préparer également des cadeaux pour les autres peut l’aider à voir la valeur d’un cadeau au-delà de l’objet. Le temps qu’il aura passé à préparer une carte pour sa grand-mère ou la pièce qu’il aura pris dans son argent de poche pour offrir un joli crayon à sa petite sœur, ces cadeaux très simples lui ouvriront un chemin pour se réjouir lui-même. En espérant de son côté que son cadeau sera reçu avec joie, il apprend aussi comment recevoir un cadeau. C’est pourquoi mettre des mots sur la joie dont l’adulte est témoin aide l’enfant à apprendre la gratitude : "Regarde comme Grand-Père est content d’avoir reçu ce livre, il est déjà plongé dedans !" ou "Est-ce que tu as envie de cuisiner avec tes cousins ? Regarde les jolis emporte-pièces que Manon a reçu pour faire des sablés !"
Finalement, dans les grandes fêtes de l’année, il y a parfois une lutte contre les mauvais esprits, mais cette lutte n’est pas vaine : elle est un pas de plus pour vivre la joie de Noël et rendre grâce pour les cadeaux reçus.