En visite à Rome du 12 au 14 décembre pour rendre compte de la dernière assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF et les vice-présidents Mgr Vincent Jordy et Mgr Dominique Blanchet, ont accordé une conférence de presse durant laquelle a été évoqué le cas du cardinal Ricard.
Pour rappel, l’archevêque émérite de Bordeaux a révélé par un communiqué rendu public le 7 novembre avoir eu il y a 35 ans un comportement "répréhensible" vis-à-vis d’une jeune fille de 14 ans. Quatre jours plus tard, le 11 novembre, le Vatican annonçait l’ouverture d’une enquête préliminaire à son encontre.
Interrogé sur la chronologie de ces révélations, Mgr de Moulins-Beaufort a rappelé qu’en février 2022, la victime avait pris contact avec sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieuses et religieux de France. La religieuse de 65 ans l’avait aussitôt informé de l’affaire et l’archevêque avait ensuite pris contact directement avec la victime pour parler.
"À ma connaissance, c’est à ce moment-là que le cardinal Ricard en parle au Pape", a confié l’archevêque de Reims lors du point presse, estimant qu’au moment du consistoire d’août dernier, "le Pape savait cette affaire".
Pas avant 2022
Lors de ce consistoire, le cardinal Jean-Pierre Ricard a assisté le 27 août à la remise de la barrette cardinalice de Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Les 29 et 30 août, il a participé aux réunions des cardinaux convoquées par le pape François et a été choisi comme rapporteur d’un groupe linguistique.
Mgr Éric de Moulins-Beaufort a expliqué que, selon ses informations, le Vatican n’avait pas eu connaissance d’une affaire concernant l’archevêque émérite de Bordeaux avant 2022. Dans un entretien à La Croix, Véronique Margron avait évoqué une lettre de la victime envoyée en 2017 au Vatican. "Le cardinal Ouellet ne le sait pas auparavant", a expliqué Mgr de Moulins-Beaufort, qui l’a rencontré ce matin.
Le président de la CEF a par ailleurs donné des précisions sur les évêques français qui ont été informés de l’affaire Ricard après le mois de février. "Parmi les évêques français, l’archevêque de Marseille [Mgr Aveline] savait et l’archevêque de Digne [alors Mgr Nault] le savait puisqu’au mois de mars 2022, il avait reçu la copie d’une lettre que les parents de la dame concernée avait adressée au cardinal Ricard", a-t-il détaillé.
Il a expliqué que Mgr Nault avait écrit aux parents de la victime en proposant de les rencontrer mais qu’il n’avait pas obtenu de réponse. "À ce moment-là, il en a parlé avec Mgr Aveline et le cardinal Ricard lui-même en a parlé avec Mgr Aveline", a encore rapporté l’archevêque de Reims, précisant que ce n’est qu’en octobre que Mgr Nault a appris que la victime était mineure au moment des faits. "C’est à ce moment-là qu’il fait un signalement", a ajouté Mgr de Moulins-Beaufort.
Dans l’entretien de Véronique Margron à La Croix, la religieuse expliquait que la victime avait pris contact en février avec elle, lui racontant avoir été agressée à l’âge de 13 ans.
"Le Pape ne nous a rien dit de spécial"
Lundi matin, lors de leur rencontre avec le pape François, le sujet du cardinal Ricard n’a pas été abordé en profondeur, selon les évêques. "Le pape ne nous a rien dit de spécial", a assuré Mgr de Moulins-Beaufort au sujet des affaires Ricard et Santier. L’archevêque de Reims a confié que le pontife de bientôt 86 ans ne leur avait pas donné la nature des décisions qu’il prendrait concernant l’ancien archevêque de Bordeaux.
"Je rappelle que, pour le moment, une procédure est ouverte en France, avec une enquête de la part du procureur. Donc je suppose que, comme d’habitude, le Saint-Siège va attendre de savoir ce qui en sort", a-t-il ajouté.
Le 11 novembre dernier, Rome a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire concernant celui qui est membre du dicastère pour la Doctrine de la foi. Le Vatican est "en train d’évaluer la personne la plus apte à la mener [l’enquête, NDLR], avec l’autonomie, l’impartialité et l’expérience nécessaires, compte tenu également du fait que les autorités judiciaires françaises ont ouvert un dossier sur cette affaire", précisait alors le directeur du Bureau de presse, Matteo Bruni.