Au tout début, les Équipes Notre-Dame, ce sont quatre jeunes couples désireux de vivre leur mariage à la lumière de la foi chrétienne. Bien inspirés, ils se tournent en 1938 vers l’abbé Henri Caffarel qui propose de les accompagner. Durant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement prend de l’ampleur et les couples s’organisent en équipes pour se réunir. A l’instar des ordres religieux qui se définissent selon une règle, le père Caffarel, dont la cause de canonisation est en cours, rédige la Charte des Équipes Notre-Dame en 1947 pour unifier et structurer le mouvement. Elle est publiée le 8 décembre, en la fête de l’Immaculée Conception. Une date qui n’est pas anodine : les Équipes sont en effet placées sous le patronage de la Vierge Marie car, pour le père Caffarel, "il n’est pas de meilleur guide, pour aller à Dieu, que la Mère de Dieu".
Prenant appui sur la Charte, les Équipes Notre-Dame se développent rapidement en France, en Belgique et en Suisse, puis en Europe, Amérique du Sud et Amérique du Nord. En 1992, le Conseil Pontifical pour les Laïcs reconnaît les Équipes Notre-Dame comme Association internationale de fidèles de droit privé. En 1997, à l’occasion du cinquantenaire de la charte, le pape Jean Paul II présente les Équipes Notre-Dame comme un "ferment de renouveau dans l’Église". Aujourd’hui, les Équipes Notre-Dame rassemblent près de 9.000 couples dans plus de 2.000 équipes en France, Luxembourg et Suisse. Dans le monde, elles soutiennent près de 75.000 couples répartis dans 70 pays.
Un développement qui ne faiblit pas. "Tous les ans, et dans toutes les régions, il y a des arrivées de jeunes couples, qui viennent renouveler les équipes", affirment Catherine et Christophe Bernard, responsables des Équipes Notre-Dame pour la région France-Luxembourg-Suisse depuis quatre ans. "Si le nombre d’équipiers est relativement stable en France, le mouvement se développe fortement en Pologne, en Ukraine et dans les pays baltes", précisent-ils.
Une réponse à un besoin : soutenir les couples
Pourquoi les Équipes Notre-Dame, vieilles de 75 ans, n’ont-elles pas pris une ride, et continuent à attirer de nouveaux couples ? Sans doute parce qu’elles répondent à un besoin, et que ce besoin est le même depuis 75 ans.
Déjà en 1947, le père Caffarel introduisait la charte en ces termes : "Nous vivons à une époque de contrastes. D’un côté divorce, adultère, union libre, néo-malthusianisme triomphent; d’un autre les foyers se multiplient, qui aspirent à une vie intégralement chrétienne." Or mener une vie chrétienne dans une société où le mariage est dévalorisé n’est pas évident. C’est pourquoi, à entendre les équipiers, se faire accompagner, se former, prier ensemble, s’entraider entre membres d’une même équipe, est un besoin vital pour entretenir une spiritualité conjugale.
"Le père Caffarel connaissait bien l’âme humaine. Si le contexte historique a changé, les hommes sont les mêmes, et leurs faiblesses aussi", confient Marie et Marc des Robert, mariés depuis 12 ans et membres d’une équipe Notre-Dame depuis 8 ans à Verdun. "Les Équipes nous donnent des points d’ancrage, certes exigeants, mais si on ne s’y tient pas, on se laisse vite aller à une forme de médiocrité spirituelle", reconnaissent-ils.
"Sans accompagnement, sans repères, sans entraide fraternelle, le couple, dans la société actuelle, sent qu’il est en danger", estiment Catherine et Christophe Bernard, mariés depuis 38 ans et membres de la même équipe Notre-Dame à Nancy depuis 33 ans. "La motivation première des couples qui entrent aux Équipes Notre-Dame, c’est de faire durer leur mariage, et de faire de leur conjoint leur premier prochain." Un sentiment partagé par Odile et Sylvain Delye, 23 ans de mariage et équipiers depuis 14 ans du côté d’Alençon : "Nous sommes convaincus que nous avons besoin de ces balises élaborées par le père Henri Caffarel. La longévité de notre relation conjugale en dépend. Les rencontres mensuelles donnent une régularité, un dynamisme, elles nous font avancer dans la foi et grandir en couple. Et elles se prolongent dans notre vie quotidienne, à travers le devoir de s’asseoir et les points concrets d’effort."
Les Équipes Notre-Dame ont pour but essentiel d’aider les couples à tendre à la sainteté. Ni plus, ni moins.
Aider, accompagner, soutenir les couples : un besoin plus que jamais d’actualité dans une société où l’institution du mariage est en crise. En ce sens, les Équipes Notre-Dame s’inscrivent pleinement dans l’appel du pape François à prendre soin des couples : "Il faut souligner l’importance de la spiritualité familiale, de la prière et de la participation à l’Eucharistie dominicale, en encourageant les couples à se réunir régulièrement pour favoriser la croissance de la vie spirituelle et la solidarité au niveau des exigences concrètes de la vie" (Amoris laetitia).
La sainteté en couple : un objectif immuable et universel
Grandir dans sa vie spirituelle, se nourrir de l’enseignement de l’Eglise, écouter la Parole de Dieu, prendre soin de l’autre et de la relation de couple, tendre vers une spiritualité conjugale… Autant d’aspects qui convergent vers un seul et même but : la sainteté dans et par le mariage. Le père Caffarel résumait ainsi l’ambition du mouvement : "Les Équipes Notre-Dame ont pour but essentiel d’aider les couples à tendre à la sainteté. Ni plus, ni moins".
"Il faut toute une vie d’équipe pour y arriver !", s’exclament Catherine et Christophe Bernard. Mais les intuitions du père Caffarel permettent une vraie progression. Avancer pas à pas, s’entraider mutuellement, choisir des points concrets d’effort, se fixer une règle de vie accessible, confier tout cela au Seigneur dans la prière, sont autant de balises qui montrent le chemin.
La sainteté. C’est ce même objectif qui anime les couples des Équipes Notre-Dame depuis plus de 75 ans et qui s’adresse encore à tous aujourd’hui. Un objectif immuable et universel, qui explique sans doute l’attrait et l’actualité des Équipes Notre-Dame. Une ambition que chaque couple est appelé à faire sienne pour, à la suite des époux Martin, Beltrame Quattrocchi, Leseur, Ozanam, Rugamba… goûter à la joie de l’amour et rayonner, ou, dans le langage du pape François, devenir des couples missionnaires.
L’esprit d’entraide
Un objectif qu’il est difficile d’atteindre seul. D’où la structure en équipe, constituée de 4 à 7 couples, et l’esprit de cordée. "Les équipiers ont en commun ce désir de grandir, d’être tiré vers le haut, d’aller dans la même direction, sur ce chemin de sainteté", confient Marie et Marc des Robert. Mais l’esprit de cordée, c’est aussi s’appuyer sur les autres, s’entraider, s’encourager. "Partager avec les autres équipiers, cela permet de ne pas se décourager", témoignent Marie et Marc. Pour Odile et Sylvain Delye, le temps de mise en commun qui ouvre chaque rencontre invite à se mettre sous le regard des autres et permet de demander de l’aide, de bénéficier de leur expérience, de leur prière.
"N’est-ce pas illusoire de prétendre aider ses amis à mener une vie spirituelle si on ne les aide pas d’abord à surmonter leurs soucis et difficultés ?", interroge le père Caffarel dans la Charte. "C’est pourquoi les foyers des Équipes Notre-Dame pratiquent largement l’entraide, tant sur le plan matériel que sur le plan moral, obéissant à la grande consigne de saint Paul : “Portez les fardeaux les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi du Christ” (Ga 6, 2)".
Une fécondité très riche
Certes le chemin est exigeant, aride même, parfois, mais de manière unanime, nos équipiers témoignent d’une fécondité exceptionnelle. "Les Équipes Notre-Dame ont orienté toute notre vie", confient Catherine et Christophe Bernard. "Avant, on ne priait pas beaucoup ! Et la prière en couple était vraiment occasionnelle. Maintenant, on fait oraison et on prie ensemble tous les jours ! Faire partie d’une équipe nous a aussi aidé à comprendre ce que signifie aimer, à dépasser des crises, et à progresser de manière prodigieuse sur notre chemin de foi."
Marie et Marc des Robert habitent Bar-le-Duc mais leur équipe se réunit à Verdun. Chaque mois, ils font près de deux heures de trajet dans la soirée. "Ce n’est pas toujours facile mais jamais nous ne regrettons le déplacement ! Les fruits se font sentir bien au-delà la réunion d’équipe : dans la vie de tous les jours avec la prière quotidienne, à travers le devoir de s’asseoir, et par la prière de l’équipe qui nous soutient mutuellement".
Quant à Odile et Sylvain Delye, ils soulignent combien les points concrets d’effort sont des moteurs pour avancer dans leur vie spirituelle et conjugale. "C’est difficile, c’est exigeant, personnellement j’avais un peu de mal avec la prière personnelle", confie Sylvain, "mais le fait d’en parler à plusieurs, c’est motivant !". Pour Odile, les Équipes Notre-Dame permettent d’enraciner sa foi. "Il arrive d’avoir des mouvements vers le Seigneur, mais cela peut rester ponctuel, temporaire. S’ils ne sont pas ordonnés, encadrés, la vie spirituelle se meurt. Les Équipes Notre-Dame me donnent d’approfondir ma foi et ma relation au Christ."
Autre fruit, les amitiés qui se tissent entre les équipiers. C’est cette amitié, fidèle et dynamique, entre membres d’une même équipe assise à une table de mariage, qui avait donné envie à Odile et Sylvain d’intégrer les Équipes Notre-Dame. Une forme de témoignage inconscient mais bien réel.