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Ces pays où les chrétiens pourraient totalement disparaître

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Messe de Noël à Téhéran (Iran).

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Agnès Pinard Legry - publié le 23/11/22
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Les persécutions envers les chrétiens ont progressé dans 75% des 24 pays étudiés par l’Aide à l’Église en détresse (AED) dans son dernier rapport publié fin novembre. Parmi eux, la situation dans cinq pays apparait particulièrement inquiétante et menaçante pour la survie des chrétiens.

C’est l’histoire de Farah, fillette pakistanaise violée, convertie et mariée de force dans le Pendjab. C’est la fin tragique de Samaru, un indien de 14 ans sauvagement assassiné dans l’État d’Odisha. C’est aussi l’attaque meurtrière d’une église d’Owo, au Nigeria, lors de la messe de Pentecôte et qui a coûté la vie à une quarantaine de personnes dont de nombreux enfants. Des faits glaçants, certains ayant retenu l’attention de l'opinion publique quelques minutes, d’autres étant retombés dans l’oubli le plus total. Pourtant ces attaques, atrocités, persécutions et brimades sont subies par des centaines de milliers de chrétiens à travers le monde en raison de leur foi. Et elles ont progressé dans 75% des 24 pays étudiés par l’Aide à l’Église en détresse (AED) dans son dernier rapport publié fin novembre. Parmi eux, cinq pays pourraient bien voir les chrétiens disparaître de leur population.

NigeriaUn lent génocide

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Plus de 7.600 chrétiens auraient été tués et 5.200 autres enlevés entre janvier 2021 et juin 2022, rapporte l’AED. L’année 2021 a également été marquée par des attaques contre plus de 400 églises ou institutions chrétiennes. Boko Haram, qui a fait allégeance à l’État islamique en 2015, a attaqué des villages, enlevant de nombreuses personnes, principalement des filles et des jeunes femmes, les forçant souvent à épouser leurs ravisseurs. Jusqu’à 95% des femmes enlevées et forcées de se marier sont chrétiennes. "Les persécutions perpétrées au Nigeria sont d’ordre systémique et endémique", détaille Mgr Matthew Man-Oso Ndagoso, évêque de Kaduna. "Elles sont systémiques car basées sur des lois non-écrites et endémiques car les personnes subissant ce type de persécution sont facilement oubliées jusqu’à ce qu’un événement “spectaculaire” se produise".

AfghanistanUne éradication systématique

AFGANISTAN

Avec l’effondrement du gouvernement en Afghanistan, le retrait des troupes américaines et de l’Otan et l’arrivée au pouvoir des talibans en août 2021, "la situation des chrétiens en Afghanistan est devenue encore pire qu’elle ne l’était", explique l’AED. En raison de la prise de contrôle par les talibans, une grande partie de la petite population chrétienne, estimée à quelques milliers, a dû fuir. Ceux qui sont restés vivent dans la peur d’être arrêtés, torturés et exécutés. En mars 2022, les talibans ont interdit aux Afghans de quitter le pays alors qu’ils poursuivaient leur "opération de nettoyage" de porte-à-porte, à la recherche de personnes suspectées d’entretenir des relations avec les États-Unis et de celles, comme les chrétiens, accusées de ne pas respecter les obligations islamistes du régime taliban. Les talibans ont récemment catégoriquement nié la présence de chrétiens en Afghanistan, le porte-parole du gouvernement taliban Inamullah Samangani, déclarant : "Il n’y a pas de chrétiens en Afghanistan. On n’a jamais eu connaissance ni enregistré de minorité chrétienne ici."

ChineLa sinisation pour religion

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Messe dominicale dans l'église Notre Dame de Chine, Paris.

Sur les quelque 1,4 milliard d’habitants en Chine, seuls 104 millions sont chrétiens. Ces derniers doivent être membres soit du Mouvement des trois autonomies, pour les protestants, soit de l’Association patriotique catholique chinoise pour faire partie de l’Église dite "officielle". Ils se retrouvent sinon dans l’Église dite "souterraine" et menacés d’arrestation. Le gouvernement a par ailleurs interdit aux mineurs de recevoir une éducation religieuse ou de participer à des activités religieuses, en application de la loi nationale qui empêche les organisations ou les individus d’interférer avec le système éducatif public. Ces dernières années, le gouvernement chinois a multiplié les textes réglementaires restreignant la liberté de culte et la pratique religieuse, mesures s’appliquant directement aux chrétiens. Depuis 2019, le PCC a lancé un Plan quinquennal de sinisation qui s’applique au christianisme. Ce dernier oblige à "incorporer des éléments chinois dans les offices religieux, les hymnes et les chants, les vêtements cléricaux ainsi que le style architectural des bâtiments de l’Église", tout en proposant de "retraduire la Bible ou de réécrire les commentaires bibliques".

Iran La traque des convertis

Téhéran (Iran).

D’après la Constitution iranienne, les chrétiens sont l’une des rares minorités religieuses autorisées "à pratiquer leur culte et à former des sociétés religieuses “dans les limites de la loi”", souligne l’AED dans son rapport. Mais cela n’inclut pas les convertis de l’islam. Le gouvernement considère que tout citoyen qui ne peut pas prouver que lui-même ou sa famille étaient chrétiens avant 1979 est musulman. Les convertis au christianisme ne sont pas autorisés à s’enregistrer légalement en tant que chrétiens et n’ont pas les mêmes droits que les membres reconnus des communautés chrétiennes. L’AED estime qu’il y a quelque 800.000 chrétiens en Iran (sur 83,6 millions d’habitants, les musulmans représentants 98,5% de la population). "Les convertis au christianisme sont considérés avec une profonde suspicion car leur démarche est considérée comme une tentative des pays occidentaux d’affaiblir l’islam et le régime islamique d’Iran", détaille encore l’association.

MaldivesLa foi dans la clandestinité

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Malé, capitale des Maldives.

La population chrétienne des Maldives est inconnue pour la simple et bonne raison que le pays autorise uniquement l’islam comme religion. Les chrétiens sont donc contraints de vivre leur foi clandestinement sous peine d’être persécutés. "La rare actualité de ce pays en font des victimes totalement oubliées", dénonce l’AED. La loi de 1994 sur la protection de l’unité religieuse interdit "l’affichage de symboles publics ou de slogans appartenant à une religion autre que l’islam". De même, il est interdit de promouvoir des religions autres que l’islam dans les livres et autres textes. "Aucune loi contraire à un principe de l’islam ne peut être promulguée aux Maldives", peut-on également lire dans la Constitution. La peine pour avoir enfreint ces lois est comprise entre deux et cinq ans de prison pour les Maldiviens. Les peines, inspirées par la charia qui se trouvent dans le Code pénal, comprennent "la flagellation, la lapidation et l’amputation des mains". Les peines encourues pour un musulman se convertissant au christianisme vont de la perte de la citoyenneté…à la peine de mort.

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